Les extinctions globales de la mégafaune du Quaternaire tardif sont liées aux humains, pas aux changements climatiques
Les principales hypothèses portant sur la disparition de la mégafaune au Quaternaire tardif sont l'impact des changements climatiques et l'impact de l'Homme. Néanmoins, la plupart des études se focalisent spécifiquement sur des régions et ne prennent pas en compte une échelle globale. Les améliorations des registres paléoclimatiques, des datations et de la taxonomie permettent désormais des analyses plus précises et globales. Les auteurs se focalisent ici sur les changements climatiques des périodes glaciaires et interglaciaires, en lien avec la disparition de la mégafaune. Si l'ampleur du changement climatique est corrélée à la proportion d'espèces éteintes, alors le climat est un moteur d'extinction. De plus, ils analysent aussi les mouvements migratoires de l'Homme moderne et l'effet potentiel sur la mégafaune. Ils émettent l'hypothèse que les extinctions sont plus sévères quand l'Homme moderne est le premier hominidé à arriver dans une région.
Les auteurs ont examiné dans la littérature déjà existante les taxons de grands mammifères (poids > 10kg) ainsi que de la mégafaune (poids > 44kg) qui se sont éteints à l'échelle globale ou continentale au cours de la transition Pléistocène-Holocène, et ont recueilli des informations pour chaque taxon identifié. Une carte de la distribution géographique des espèces éteintes au cours des 132 000 dernières années a été réalisée à partir des informations collectées pour chaque taxon. Le nombre total de mammifères éteints ainsi que leur biodiversité ont également été calculés pour chaque pays étudié. Des modèles ont ensuite été construits pour tester l'effet respectif des changements climatiques, de l'Homme et de leur effet mixte, sur le taux d'extinction des taxons de grands mammifères et de la mégafaune afin de déterminer le ou les facteurs ayant causé leurs extinctions.
Les résultats obtenus montrent que :
Cet article démontre qu'à l'échelle globale, hormis en Eurasie, l'Homme est la principale cause des extinctions de la mégafaune du Pléistocène, et que le climat n'a joué qu'un petit rôle dans ces mêmes extinctions. Il démontre également l'intérêt d'avoir une approche macroscopique pour comprendre les extinctions à l'échelle mondiale, en mettant en évidence les écarts de l'ampleur des changements climatiques et la gravité de l'extinction à l'échelle régionale.
<jats:p>The late Quaternary megafauna extinction was a severe global-scale event. Two factors, climate change and modern humans, have received broad support as the primary drivers, but their absolute and relative importance remains controversial. To date, focus has been on the extinction chronology of individual or small groups of species, specific geographical regions or macroscale studies at very coarse geographical and taxonomic resolution, limiting the possibility of adequately testing the proposed hypotheses. We present, to our knowledge, the first global analysis of this extinction based on comprehensive country-level data on the geographical distribution of all large mammal species (more than or equal to 10 kg) that have gone globally or continentally extinct between the beginning of the Last Interglacial at 132 000 years BP and the late Holocene 1000 years BP, testing the relative roles played by glacial–interglacial climate change and humans. We show that the severity of extinction is strongly tied to hominin palaeobiogeography, with at most a weak, Eurasia-specific link to climate change. This first species-level macroscale analysis at relatively high geographical resolution provides strong support for modern humans as the primary driver of the worldwide megafauna losses during the late Quaternary./jats:p