L'exposition chronique aux néonicotinoïdes réduit la santé des abeilles à proximité des cultures de maïs
Des études en laboratoires suggèrent que les NNI (insecticides néonicotinoïdes) sont impliqués dans le déclin des pollinisateurs. Mais la critique persistante est que les conditions d'expérimentation ne reflètent pas la réalité du terrain. Les abeilles Apis mellifera ont présenté des taux de mortalité élevés dans des régions productrices de maïs dans l'Indiana et l'Ontario du Quebec depuis les années 2010. Des études ont montré que des abeilles étaient mortes durant le printemps, suite à l'exposition aux NNI. Cependant, le manque de données sur toute la saison ne permet pas d'exclure que les abeilles sont chroniquement exposées à des doses subléthales de ces produits chimiques. Cette étude a été réalisée sur une durée de deux ans et a permis de quantifier la durée et l'ampleur de l'exposition aux NNI dans des régions productrices de maïs au Canada. Les auteurs ont donc évalué expérimentalement l'influence de l'exposition à des concentrations NNI réalistes appliquée sur le terrain.
Les auteurs ont dans un premier temps quantifié les produits agrochimiques dans 55 colonies d'abeilles réparties au hasard dans 5 ruchers proches des cultures de maïs (distance3km) en 2014. Suite à quoi, ils ont traité de manière chronique les colonies avec un supplément artificiel de pollen contenant de la chlothianide, néonicotinoïde fréquemment utilisé. Cette application a ensuite permis d'étudier le comportement hygiénique des abeilles : il s'agit d'un mécanisme d'immunité sociale pour éviter la transmission de parasites , ainsi que la présence de reine pondeuse dans les colonies traitées et ce pendant 12 semaines.
Les auteurs ont également étudié l'interaction entre les NNI et certains produits agrochimiques identifiés afin de déterminer l'impact de ces derniers sur la toxicité des NNI pour les abeilles.
Les résultats ont montré la présence de 26 produits chimiques qui comprenaient des acaricides, des fongicides, des herbicides ainsi que des NNI dont:clothianidine, le thiaméthoxame, l'imidaclopride et l'acétamipride. Les auteurs ont détecté plus de produits dans les sites à proximité des cultures par rapport aux sites non exposés ce qui confirme que les abeilles sont chroniquement exposées à des NNI. Le comportement hygiénique a diminué dans les colonies traitées à la clothianidine contrairement aux témoins négatifs ; et une tendance similaire a été observée sur le terrain en 2014. La présence de reine pondeuse a également diminué avec le temps dans les groupe traités au NNI. Il est important de noter que bien que ce phénomène soit naturellement observable pendant la saison d'essaimage la perte de reines experiementale a atteint un sommet bien après la période d'essaimage. Par ailleurs,les colonies traitées étaient incapable d'élever des reines de remplacement ce qui conduit à leur mort.
Cette étude démontre que les abeilles mellifères des régions productrices de maïs du Canada sont exposées à des niveaux toxicologiquement significatifs de NNI pendant la majeure partie de la saison active.Les expériences menées se rapprochaient de l'exposition réaliste sur le terrain et des effets biologiquement significatifs de l'exposition à la clothianidine ont été observés sur le comportement hygiénique et les capacités des colonies à soutenir une reine pondeuse au fil du temps. Ces résultats indiquent que l'exposition chronique aux NNI réduit la santé des colonies d'abeilles mellifères à proximité des cultures de maïs.
Cette étude apporte également une information intéressante quant à l'interaction entre les différents produits agrochimiques utilisés sur le terrain et les NNI. En effet, les différentes doses des fongicides et herbicides utilisés influencent la toxicité des NNI pour les abeilles, pouvant être jusqu'à deux fois plus toxiques.
Experiments linking neonicotinoids and declining bee health have been criticized for not simulating realistic exposure. Here we quantified the duration and magnitude of neonicotinoid exposure in Canada’s corn-growing regions and used these data to design realistic experiments to investigate the effect of such insecticides on honey bees. Colonies near corn were naturally exposed to neonicotinoids for up to 4 months—the majority of the honey bee’s active season. Realistic experiments showed that neonicotinoids increased worker mortality and were associated with declines in social immunity and increased queenlessness over time. We also discovered that the acute toxicity of neonicotinoids to honey bees doubles in the presence of a commonly encountered fungicide. Our work demonstrates that
field-realistic exposure to neonicotinoids can reduce honey bee health in corn-growing regions.