Les fourmis utilisées en tant qu'outils pour l'agriculture durable
Cette review concerne principalement la fourmi du genre Oecophylla sp. (fourmi tisserande) en tant qu'agent d'IPM (Integrated Pest Management) dans la lutte contre de nombreuses espèces d'insectes nuisibles en agriculture et en foresterie. Le potentiel d'autres espèces de fourmis en tant que bio-agent est également abordé. Cette review semble donc complète à tous niveaux : variabilité agents - cibles - environnement.
Elle a été réalisée sur la base de 17 études récentes (2004-2015), avec une analyse de neufs cultures (manguier, citronnier, ...), dans huit pays (Tanzanie, Ghana, Inde, Bénin, Australie,...) à différents niveaux : réduction des nuisibles, réduction des dégâts qu'ils occasionnent, augmentation de la production de la culture, comparaison entre outils de lutte biologique (fourmis) avec leurs alternatives (autres agents, insecticides) et enfin, analyses des coûts et bénéfices des différentes méthodes.
Elle a regroupé les différents avantages à utiliser des fourmis, notamment sur leurs caractéristiques comportementales, biologiques et chimiques (phéromones). Mais elle a également montré que l'utilisation de ces insectes en tant qu'agents de lutte nécessitait leur gestion afin d 'augmenter leur densité et indirectement leur efficacité : cette gestion est à priori le seul coût. Cette méthode est donc moins coûteuse, plus accessible aux fermiers pauvres, et moins dangereuse pour la santé que l'utilisation de certains pesticides.
Quelques désavantages tout de même: les espèces de fourmis utilisées (surtout la tisserande) peuvent attaquer les humains lors des récoltes, engendrer du stress à la plante lors de la construction de leur nid et nécessite une attention particulière aux autres espèces présentes qui pourraient éliminer les colonies des agents et ainsi rendre la méthode inefficace.
Parmi les 17 études analysées : 16 ont fait état d'une réduction de nuisibles et de leurs dégâts, douze d'une augmentation de la production, sept (parmi les neufs où le bio-contrôle avait été comparé à d'autres méthodes de contrôle) ont révélé une efficacité supérieure de l'utilisation des fourmis dont quatre en termes de coût/bénéfices de la méthode.
Cette review montre donc finalement que la lutte biologique par les fourmis peut avoir une efficacité comparable ou supérieure (aux différents niveaux évoqués ci-dessus) à l'utilisation de pesticides/insecticides, et ce à moindre coût. On la qualifie de "Low technology - Low cost" ("peu de technologie, peu de coût").
La méthode de détermination "effets désirés, effets non désirés, effets neutres" (en faveur des fourmis) peut ne pas être parfaitement claire/évidente.
Dans cette review, nous n'avons pas d'informations sur l'efficacité sur le long terme (durabilité de la méthode). Nous n'avons pas non plus de renseignements, via des suivis par exemple, sur l'impact que peut avoir l'introduction d'espèces de fourmis, parfois non natives, sur la communauté (l'impact sur les pollinisateur est tout de même évoqué et, bien que négatif sur ceux-ci, il se révèle être positif pour le succès reproducteur de la plante).
Elle montre que l'utilisation d'agents de lutte biologique est non seulement possible, mais également parfois plus efficace et moins coûteuse que les méthodes conventionnelles de type utilisation de pesticides.
Summary
Key-words: ants, conservation biocontrol, ecosystem service, food security, integrated pest management, Oecophylla