Trophic cascades in Yellowstone : the first 15 years after wolf reintroduction.
Cascades trophiques à Yellowstone les 15 premières années après la réintroduction des loups.
Le Parc National de Yellowstone est considéré comme un système tri-trophique : il fait intervenir prédateurs, proies, et plantes.
Les prédateurs influent directement sur les plantes en affectant le comportement et la densité des proies, ce qui a pour effet de diminuer l’herbivorie sur les plantes. Les loups gris (canis lupus) avaient disparus depuis les années 20, et ont été réintroduits pendant l’hiver 95-96. Pendant leur absence, les élans ont eu un impact important sur la faune (Cervus elaphus) et la flore (Populus spp par exempe) de cet environnement. En effet, l’augmentation de l’herbivorie des élans a mené au déclin à long terme des espèces à feuilles caduques.
Ainsi, la question se pose de savoir quels ont été les impacts de cette réintroduction sur le fonctionnement de cet écosystème, et cette étude constitue une opportunité unique pour étudier les cascades trophiques dans ce parc, 15 ans après la réapparition des loups.
Pour mesurer l’impact de la réintroduction du loup, l’étude s’est basée sur la végétation du parc qui avait déjà été estimée en 2006 : détermination de la croissance annuelle et du taux de broutage de végétaux (peupliers). Les tendances concernant les loups, les élans, et les bisons en termes de populations ont également été évaluées. La population des castors a été prise en compte, étant donné qu’une augmentation du taux des plantes ligneuses pouvait leur être bénéfique.
La population des loups est passée de 0 à 98 individus. La conséquence de cette réintroduction massive a été une diminution de la population des élans (>15000 à 6100 entre 1995 et 2010). En revanche, celle des bisons a doublé. Les colonies de castors sont passées de 1 à 12 (1996-2009).
Le broutage a nettement diminué dans les sites étudiés, mais à des rythmes différents. En conséquence, la croissance des peupliers a augmenté dans tous les sites (taille moyenne de 154 cm en 2006 à 265 cm en 2010). En général, une augmentation de la croissance, de la taille et de la densité des végétaux a été observée.
En bref, la réintroduction des loups a mené à un rétablissement classique des cascades trophiques, avec une augmentation de la biomasse végétale via la prédation exercée sur les élans, et un impact indirect sur la biodiversité a pu être observé. La réintroduction des loups a donc initié une restauration passive de l’écosystème du parc de Yellowstone.
Cet article est intéressant, puisqu’il fournit une vision évolutive d’un écosystème donnée en prenant en compte les différents paramètres : populations animales, prédations, croissance végétale, etc. Les méthodes utilisées pour l’évaluation de ces paramètres sont fiables, et permettent une bonne estimation.
Cet article nous permet de confirmer le fait que la réintroduction de prédateurs dans un écosystème donné (ici le parc de Yellowstone) a permis de rétablir une cascade tri-trophique (loups – élans – plantes ligneuses). Cette réintroduction a eu un impact positif direct et rapide sur l’écosystème. De plus, nous pouvons affirmer que c’est bien la réintroduction des loups qui est à la base de ces changements écosystémiques, étant donné que les différentes espèces étudiées (animales et végétales) ont toutes des caractéristiques écologiques différentes. Cette étude représente également un des rares essais prenant en compte les effets sur une période donnée après une réintroduction de prédateurs.
Il serait à présent intéressant de prendre en compte les effets sur d’autres espèces végétales et animales, comme par exemple sur les oiseaux, ainsi que sur les vertébrés et invertébrés aquatiques dont l’écologie est directement impactée par les castors qui ont vu leur population augmenter après la réintroduction des loups. D'autres études sur l'écologie des bisons serait également nécessaire. En effet, leur population a augmenté tandis que celle des élans a diminué : ceci suggère une compétition entre ces 2 espèces "proies".
Enfin, d'autres études prenant en compte les facteurs abiotiques (climat, température, précipitations) seraient utiles pour intégrer tous les paramètres possibles dans l'étude de l'écosystème après une réintroduction de prédateurs.