Risques associés aux espèces introduites pour la lutte biologique
Cette review se focalise sur les problèmes liés à l’introduction d’espèces auxiliaires dans lutte biologique aux État unis.
Beaucoup des premiers agents utilisés en lutte biologique étaient des prédateurs généralistes qui se sont attaqués à des espèces non cibles. Aussi efficace que soit l'agent de lutte biologique sur son organisme cible, il y avait quand même des dommages causés à des espèces natives non-cibles.
De nombreux exemples portant sur l’introduction d’insecte comme auxiliaire de lutte sont décrits. Dans chacun des cas ou l’on observe des dommages sur des espèces natives, la présence d'un hôte alternatif commun maintient un nombre élevé de phytophages introduits, de manière à ce que la densité-dépendance ne fonctionne pas entre l'insecte et l'hôte non-cible naturel.
La concurrence des ressources est encore plus difficile de démontrer que la prédation et le parasitisme, donc on ne peut pas écarter la possibilité que des agents introduits pour la lutte biologique soient en concurrence avec les espèces natives (car très peu de cas ont été documentés). Par ailleurs, il y a très peu d’étude sur la biologie et le comportement des espèces hôtes/proies quand celles-ci n’ont pas un intérêt économique ou un intérêt de conservation. Là encore de nombreux exemples d’agents de lutte pas assez spécifique à l’hôte/proie cible introduits ont finalement causé des dommages à des espèces natives.
Il est dit dans cette review que le concept des espèces clés de voute a été plus récemment élargi pour inclure toutes les espèces qui affectent, directement ou indirectement, de nombreuses espèces de la communauté. Ces effets étant souvent disproportionnés par rapport aux nombre ou à la biomasse des espèces clés elles mêmes. Et les impacts qui pourraient y avoir sur les espèces qui interagissent avec ces espèces « clés de voute » restent non négligeables.
Par ailleurs, les auteurs discutent du fait que la lutte biologique néoclassique ne peut pas s’appuyer sur les adaptations dues à la co-évolution entre le ravageurs et l’agent pour empêcher l’agent d’infliger des dommages sur des espèces non cibles et donc semble être plus a même d’entrainer des effets indésirables. La lutte biologique néoclassique repose donc sur une nouvelle association hypothèse de qui selon Hokkanen et Pimentel va probablement conduire à un contrôle plus efficace de l'organisme nuisible cible parce que l’agent n'a pas co-évolué avec ses cibles. Cependant cette hypothèse reste la aussi controversée notamment sur la notion d’efficacité.
Les avocats de la lutte biologique pensent que dans certains cas, les coûts causés par la lutte biologique sont moindres en comparaison de ceux qui il y aurait sans. On doit tenir aussi compte de la capacité de dispersion avant d’introduire une espèce et du fait que les organismes vivants évoluent, acquièrent de nouveaux hôtes, tolèrent une plus grande gamme de facteurs physiques (par exemple pesticides) et pour les agents pathogènes, deviennent plus ou moins virulents. Tout de ces changements pourraient transformer une espèce inoffensive en un nuisible.De plus les auteurs mettent en avant le fait que le manque d’étude ne permet pas d’élucider les causes d’extinctions de certaines espèces et les perturbations des écosystèmes liés à ces introductions.
Les auteurs finissent en disant que même si on ne peut pas assurer le devenir d’une espèce lorsqu’elle est introduite et même si de nombreuses introductions ont mal tournées, cela ne signifie pas qu’aucun contrôle biologique ne doit être pratiqué mais que nous devons considérer la lutte biologique comme risquée et que plus d’effort de compréhension (sur le devenir des espèces) devrait être fait. Il faut aussi de la part des partisans de la lutte biologique, une objectivité car sinon il y aura toujours des problèmes liés à cette pratique. Enfin il est nécessaire de mettre en place des protocoles de tests et de sécurité avant l’introduction de toute espèce dans l’environnement.
Bien qu'ancienne, cette review, à travers ces nombreux exemples permet de montrer que bien que la lutte biologique puisse être utile pour contrôler des espèces nuisibles, il ne faut pas négliger le fait qu'elle soit risquée et qu'il faille instaurer un cadrer de sécurité et de test avant toute introduction.
De plus les auteurs montrent que trop peu d'études sont faites sur le devenir des espèces introduites et les désagréments (liés aux introductions) qui qui nous sont données en exemple ne sont peut être que la partie haute de l'iceberg.
Cette review est focalisée principalement sur des exemples aux Etats unis et alentour mais reste un bon résumé pour comprendre les risques associés aux introductions d'agents de lutte.
Numerous biological control introductions have adversely affected non-target native species. Although many of
these problems occurred in the early days of biological control, some are recent. Because of how little monitoring
is done on species, communities, and ecosystems that might be affected by biological control agents, it is quite
possible that known problems are the tip of an iceberg. Regulations for officially sanctioned releases for biological control are insufficient, and there are also freelance unregulated releases undertaken by private citizens.
Cost-benefit analyses for conservation issues, including those associated with biological control, are exceedingly difficult because it is hard to assign values to the loss of species or ecosystem functions. Risk assessment for biological control is difficult because of how hard it is to predict community- and ecosystem-wide impacts of introduced species and because introduced species disperse and evolve. Nevertheless, cost-benefit analyses and risk assessments for biological control introductions would have the salubrious effect of forcing consideration of myriad factors that now often receive cursory attention and of broadening public understanding of the issues.