Conservation de la biodiversité et pastoralisme : Réduction de la taille du troupeau dans un système communautaire de production animale dans le Parc National du Richtersveld
Dans le parc national Richtersveld (Afrique), le pastoralisme était le système de production le plus répandu. Cependant, la prise de conscience quant à l'importance de la conservation de la biodiversité et de l'écotourisme ont créé des tensions entre les fervents défenseurs de la nature et les éleveurs. En effet, le parc souhaite réduire le nombre d'individus par troupeau afin d'éviter la dégradation des milieux et de leur diversité. Cependant, il est important de prendre en compte les performances démographiques des troupeaux car ils sont sources de revenus pour les pastoralistes.
Cet article cherche donc à estimer si une réduction des troupeaux est une pratique envisageable pour concilier économie locale (revenus des pastoralistes) et conservation de la biodiversité.
Cet article étudie la dynamique des troupeaux de chèvres au cours de la période 1995-2002. Un total de 20 troupeaux de taille différente ont été étudiés. Des entrevues avec les éleveurs leur ont permis d'avoir des estimations de la mortalité et des prélèvements (abattage et vente) fait sur les troupeaux. Plusieurs paramètres démographiques ont été calculés, à partir de recensement trimestriel, afin de mesurer les performance des troupeaux : le nombre de naissances, la mortalité, le prélèvement, la production (nombre d'animaux abattus ou vendus, moins la différence des animaux d'une année à l'autre). Une autre méthode utilisée consista à mesurer la persistance du troupeau : c'est la variabilité de la taille du troupeau, en particulier la diminution de la taille du troupeau due à la sécheresse et son taux de rétablissement ultérieur.
L'étude démontre que les naissances, les prélèvements d’animaux, la mortalité et la persistance des troupeaux n'ont pas d'incidence sur les performances d'un troupeau. En revanche, ils ont identifié d'autres facteurs qui viennent perturber ces performances, notamment les stratégies de gestion par les éleveurs. En effet, dans un plus petit troupeau, chaque individu aura plus d'attention de la part de l'éleveur, puisqu'il est plus facile à gérer. Au contraire, un grand troupeau consommera plus et sera plus difficilement géré mais produira plus, permettant à l'éleveur d'avoir plus de ressources.
Face à la sécheresse, les troupeaux ont réagi de différentes manières. Cependant, l'effondrement des population et le taux de récupération ne sont pas liés à la taille du troupeau : on a autant de perte (en pourcentage) dans un petit que dans un grand troupeau. Cela suggère que les petits troupeaux sont plus susceptibles d'être éliminés lors de sècheresse prolongée.
Cet article permet d'aborder le problème sous un autre angle de vu. En effet, il est important d'essayer de concilier conservation de la biodiversité et activités humaines. Bien qu'il y ait des constatations faites sur certaines pratiques, parfois néfastes pour l'environnement, leur arrêt n'est pas une obligation (surtout si aucune alternative n'est trouvée) mais leur réglementation serait déjà une mesure de conservation importante. Cependant, ces réglementations ne peuvent être prise que dans un intérêt de conservation et seraient mieux acceptées par les éleveurs si celles-ci étaient bénéfiques ou neutres pour eux.
Biodiversity is a critical component of the natural environment and the protection of it often meant the displacement of local communities in developing countries. The Richtersveld National Park (South Africa) is unusual in that it forms part of the Richtersveld communal rangeland and is currently managed for goat and sheep farming as well as biodiversity conservation under a contractual agreement. These two objectives are not regarded as mutually compatible and have created tension between conservation management officials and pastoralists. We set out to examine the consequences of reducing herd size in a communal livestock production system in support of biodiversity conservation in a protected area. Kidding, animal offtake (sales and slaughter), mortality and herd persistence showed no clear incentives for an individual pastoralist to reduce herd size. Reducing herd size is not considered a recommended intervention for the conservation of biodiversity or livelihood improvement of pastoralists in the park. The future of the natural resources of the national park is dependent on a delicate balance between the needs of the pastoralists and the conservation of those very same resources that the pastoralists use.