Naître Gay ? La psychobiologie de l'orientation sexuelle humaine
Cette revue a pour but de lister les connaissances actuelles (en 2002) en ce qui concerne la psychobiologie de l’orientation sexuelle humaine. Les auteurs proposent également des suggestions pour de futures enquêtes.
Distribution de l’orientation sexuelle et ses corrélats
La différenciation sexuelle neuro-hormonale du cerveau pourrait expliquer le développement d’un comportement hétérosexuel (développement typique) ou homosexuel (développement atypique).
D’après les études de Pattatucci & Hamer (1995), de Bailey, Dunne & Martin (2000), les auteurs en arrivent à la conclusion que la répartition de l’orientation sexuelle semble être bimodale chez les hommes, alors qu’elle est plus variable chez les femmes. Cette variabilité chez les femmes peut être expliquée par l’influence des facteurs culturels sur l’orientation sexuelle féminine.
Les auteurs exposent les deux corrélats de l’orientation sexuelle qui mettent en évidence une genèse précoce du développement. Le premier corrélat concerne la non-conformité de genre de l’enfance et l’orientation sexuelle chez l’adulte. En effet, il a été démontré que les hommes homosexuels étaient des garçons féminisés et que les femmes hétérosexuelles étaient des "garçons manqués". Cela pourrait être dû à l’exposition précoce aux androgènes et conforterait la théorie de la différenciation neuro-hormonale. Le deuxième corrélat exposé concerne l’effet des frères plus âgés : les hommes homosexuels semblent avoir plus de frères et sœurs que les hommes hétérosexuels. Ainsi, chaque frère aîné augmente les chances d’être homosexuel (33-48%). Cela pourrait être dû à une réponse immunitaire maternelle provoquée par le fœtus mâle qui engendre un neurodéveloppement atypique du fœtus mâle.
Héritabilité et génétique
L’homosexualité semble se maintenir dans les familles: un facteur héréditaire pourrait être à l’origine de ce maintien mais on ne doit pas exclure le rôle de l’environnement. Plusieurs études montrent que les hommes et les femmes homosexuels possèdent plus de frères et sœurs homosexuels que les hétérosexuels. Les études sur les jumeaux montrent un rôle génétique: les jumeaux monozygotes montrent une plus grande concordance pour l’homosexualité que les jumeaux dizygotes. De même, il a été montré que les hommes gays ont plus d’oncles et de cousins homosexuels du côté maternel que du côté paternel, ce qui suggère qu’un gène lié au chromosome X pourrait influencer l’orientation sexuelle masculine.
Considérations évolutives
Compte tenu de la composante génétique à l’homosexualité et de la réduction de la reproduction, les auteurs s’interrogent sur l’absence de contre-sélection des gènes pendant l’évolution. Les auteurs exposent donc les théories expliquant le maintien des gènes prédisposant à l’homosexualité (Tableau 1).
La revue s’appuie sur des études basées sur des échantillons faibles (exemple de l’étude des jumeaux). Afin de déterminer les contributions génétiques et environnementales à l’orientation sexuelle, il faudrait s’appuyer sur un plus large échantillonnage.
Cette revue apporte des informations relatives aux facteurs génétiques et environnementaux liés à l'homosexualité.
Sexual orientation is fundamental to evolution and shifts from the species-typical pattern of heterosexuality may represent biological variations. The growth of scientific knowledge concerning the biology of sexual orientation during the past decade has been considerable. Sexual orientation is characterised by a bipolar distribution and is related to fraternal birth order in males. In females, its distribution is more variable; females being less prone towards exclusive homosexuality. In both sexes homosexuality is strongly associated with childhood gender nonconformity. Genetic evidence suggests a heritable component and putative gene loci on the X chromosome. Homosexuality may have evolved to promote same sex affiliation through a conserved neurodevelopmental mechanism. Recent findings suggest this mechanism involves atypical neurohormonal differentiation of the brain. Key areas for future research include the neurobiological basis of preferred sexual targets and correlates of female homosexuality.