Titre de l'article

L'interaction Hommes-climat est associée aux schémas d'extinction de la mégafaune du Sud-Est de l'Australie

Introduction à l'article

La détermination des causes de l'extinction de la mégafaune en Australie au Pléistocène est particulièrement délicate. En effet, la qualité du peu de données disponibles est variable et conduit à une sous-représentation des évènements anciens. De plus, la majorité des études comparent les dates d'extinction et de colonisation par l'Homme aux variations climatiques sans prendre en compte les disparités spatiales.
Cet article se propose donc de mettre en relation les changements climatiques, la trajectoire des premiers Hommes en Australie et les variations des schémas d'extinctions. Les trois hypothèses sont : (1) les extinctions suivent des changements climatiques ou (2) l'arrivée des Aborigènes ou (3) une combinaison des deux facteurs. L'étude se base sur modèle statistique et se concentre sur le Sud-Est de l'Australie lors des 120 000 dernières années. Un décalage temporel éventuel entre l'apparition de les changements climatiques et les extinctions est pris en compte.

Expériences de l'article

Le climat est représenté par cinq variables extraites du modèle LOVECLIM (échelle 1x1°) : la moyenne annuelle des températures, des précipitations, de l'eau douce disponible (différence entre les précipitations et l'évapotranspiration), de la production primaire nette et du pourcentage de zones désertiques. Les anomalies de ces variables par rapport à la période 50 à 30 000 BP sont calculées.
Les données de la banque FosSahul sont notées de A* (haute qualité) à C (non fiable) puis seules les A* et A sont sélectionnées. Les dates d'extinctions sont déterminées en tenant compte de l'effet Signor-Lipps.
Un modèle généralisé des moindres carrés est construit pour expliquer les schémas spatio-temporels d'extinction en fonction des variables climatiques et des schémas de colonisation par l'Homme. Un décalage temporel de 1000 à 5000 ans entre les variations climatiques et les extinctions est considéré. Le meilleur modèle est choisi sur le critère de d'AIC corrigé pour les petits effectifs.

Résultats de l'article

Les auteurs montrent que sans composante spatiale prise en compte, aucun modèle ne parvient à expliquer les extinctions.

A l'extrême Sud et en Tasmanie, la mégafaune s'est éteinte avant l'arrivée de l'Homme donc il n'y pas eu de coexistence. Le modèle pour ces sites est composé des précipitations, de l'eau douce disponible et du pourcentage de désert. Les diminutions de productivité primaire expliquent la localisation des extinctions.

Le meilleur modèle global pour la région Sud-Est comprend la colonisation par l'Homme, l'eau douce disponible et les précipitations (dont l'effet est inférieur aux deux facteurs précédents). Les auteurs font l'hypothèse qu'un changement climatique vers un climat plus aride aurait regroupé Hommes et mégafaune autour des points d'eau, facilitant la chasse de ces derniers. La durée de coexistence n'a pas d'effet sur la date d'extinction, ce qui suggère que l'Homme n'était qu'un facteur de stress additionnel.

Rigueur de l'article

Aucun conflit d'intérêt n'est déclaré par les auteurs. Seules les données avec une note de qualité élevée sont sélectionnées, l'effet Signor-Lipps est pris en compte, la résolution (1x1°) est précise, toutes les combinaisons de variables sont testées dans les modèles statistiques. A priori cet article semble rigoureux, nous n'avons pas détecté d'erreurs.

Ce que cet article apporte au débat

L'originalité de cet article est qu'il prend en compte les schémas spatiaux des extinctions, de la colonisation par l'Homme et des variations climatiques à une échelle relativement précise (1x1°).
Cette méthode montre que la chronologie seule sans composante spatiale ne permet pas d'expliquer les dates d'extinction.
De plus, elle permet d'établir une tendance générale pour la région Sud-Est : celle d'une synergie Homme-climat avec comme facteurs principaux l'eau douce disponible et l'arrivée de l'Homme. Mais elle met également en évidence l'existence de différences entre les régions avec par exemple des zones où l'Homme et mégafaune n'ont pas coexisté et où seul le climat a causé les extinctions.

Remarques sur l'article

Les auteurs reconnaissent qu'il n'ont pas pris en compte les effet des feux allumés par l'Homme, car impossibles à distinguer des feux naturels, ni les interactions interspécifiques.

Publiée il y a plus de 3 ans par J. Degen.
Dernière modification il y a plus de 3 ans.
Article : Climate-human interaction associated with southeast Australian megafauna extinction patterns
  • Auteurs
    Frédérik Saltré, Joël Chadoeuf, Katharina J. Peters, Matthew C. McDowell, Tobias Friedrich, Axel Timmermann, Sean Ulm, Corey J. A. Bradshaw
  • Année de publication
    2019
  • Journal
    Nature Communications
  • Abstract (dans sa langue originale)

    The mechanisms leading to megafauna (>44 kg) extinctions in Late Pleistocene (126,000-
    12,000 years ago) Australia are highly contested because standard chronological analyses rely
    on scarce data of varying quality and ignore spatial complexity. Relevant archaeological and
    palaeontological records are most often also biased by differential preservation resulting in
    under-representated older events. Chronological analyses have attributed megafaunal
    extinctions to climate change, humans, or a combination of the two, but rarely consider spatial
    variation in extinction patterns, initial human appearance trajectories, and palaeoclimate
    change together. Here we develop a statistical approach to infer spatio-temporal trajectories
    of megafauna extirpations (local extinctions) and initial human appearance in south-eastern
    Australia. We identify a combined climate-human effect on regional extirpation patterns
    suggesting that small, mobile Aboriginal populations potentially needed access to drinkable
    water to survive arid ecosystems, but were simultaneously constrained by climate-dependent
    net landscape primary productivity. Thus, the co-drivers of megafauna extirpations were
    themselves constrained by the spatial distribution of climate-dependent water sources.

  • Identifiant unique
    10.1038/s41467-019-13277-0
  • Accès libre
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  • Apparait dans la controverse
    L’Homme est-il responsable des extinctions de la mégafaune au Pléistocène ?
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