Les abeilles domestiques sont-elles à l’origine de la propagation de parasites chez les abeilles sauvages ?
Ces derniers siècles, beaucoup de populations d’abeilles sauvages ont connu des réductions et des fragmentations et, en plus de la diversité génétique réduite, doivent désormais faire face à une vulnérabilité accrue à des maladies infectieuses ainsi qu’à d’autres facteurs de stress tels que les pesticides et des ressources réduites.
Plus de 25% des abeilles sauvages en Belgique et 47% des bourdons natifs en Hongrie ont montré des déclins récents (Sarospataki et al. 2005). Aujourd’hui, 11% de toutes les espèces de bourdons possèdent le statut de « menacé » dans la liste rouge de l’UICN (Williams and Osborne, 2009).
Les maladies infectieuses émergentes sont classées parmi l’une des cinq premières causes de l’extinction des espèces à travers le monde. Beaucoup d’exemples de ces maladies infectieuses émergentes au sein des animaux sauvages sont le résultat d’interactions avec des espèces domestiques. En autorisant les abeilles domestiques et/ou importées à se mélanger avec des populations sauvages, il existe un risque pour l’émergence de maladies par le biais de transmission directe et une facilitation par des changements dans la susceptibilité de l’hôte.
Les auteurs de la présente review se penchent sur la domestication des bourdons et abeilles mellifères avant de détailler différents exemples à travers le monde où la transmission de parasites (fig. 2 de l'article) est déclarée être apparue suivant l’utilisation d’abeilles domestiques pour la pollinisation des cultures.
Les abeilles sont inefficaces pour la pollinisation de certaines fleurs sauvages et cultures d’importance comme les framboises et les tomates (Cane, 2005 ; Greenleaf and Kremen, 2006) ; c’est là que les bourdons domestiqués entrent en jeu. Ils ne produisent pas de miel ou de substances de ruche disponibles pour la grande consommation ; leur utilisation commerciale est purement basée sur la demande de leurs services de pollinisation dans lesquels les abeilles mellifères ne sont pas les plus efficaces.
Par exemple, en 2008, 74% des 68 colonies de Bombus terrestris produites à des fins commerciales ont été déclarées infectées avec soit Crithidia bombi, Nosema bombi ou Apicystis bombi. La présence de parasites dans les ruchers de livraison ainsi que la prévalence accrue de ces parasites suggère que des évenements de spillover se sont déroulés en Irlande de l'Est. En 2011, les bourdons sauvages provenant de zones aux alentours de fermes utilisant des bourdons à des fins commerciales étaient plus susceptibles d'être infectés par C. bombi, N. bombi ou Nosema ceranae que des bourdons sauvages à proximité de fermes ne faisant pas usage de bourdons domestiques (Graystock et al., 2014).
Dans le cas de la transmission de parasites entre abeilles mellifères et bourdons sauvages en Europe, les premières évidences se sont manifestées lors de l'apparition d'un symptôme de déformation des ailes au sein d'ouvriers de Bombus pascuorum collectés dans une colonie sauvage en Allemagne. Ce virus est, d'ordinaire, hautement prévalent mais asymptomatique chez les abeilles mellifères mais peut présenter de grandes intensités infectieuses et alors réduire la survie chez les espèces sauvages.
Des parasites ont été retrouvés explicitement au sein de bourdons commerciaux de plusieurs espèces et sous-espèces dans trois différents continents et chez différents fournisseurs ; la maladie semble être un problème universel pour les éleveurs de bourdons commerciaux et leurs animaux. Relâcher des colonies domestiques où se trouvent des espèces sauvages représente un risque avéré.
Alors que la production d'abeilles domestiques peut-être artificiellement accrue pour compenser les effets délétères de ces phénomènes, les populations sauvages doivent se rétablir naturellement, ce qui peut être un véritable obstacle pour la majorité d'entre elles.
Un des enjeux majeurs pour l'identification des allers et venues des parasites entre réservoirs domestiques et sauvages est l'identification des phénomènes de spillover (si les parasites des espèces domestiques ont des retombées sur les hyménoptères sauvages) et de spillback (si les parasites présents chez les hyménoptères sauvages sont transmis aux espèces domestiques et reviennent dans les populations sauvages).
La review souligne ce que les études doivent prendre en compte :
La plupart du temps ces critères manquent aux études ainsi, l’identification du type de dynamique parasitaire ayant lieue ne peut pas être entièrement identifiée.
Cette review élargit le problème posé par les hyménoptères domestiques aux bourdons pour lesquels les informations sont relativement peu développées, et en détaille leur distribution à grande échelle ainsi que leur rôle dans la transmission.
De plus, il existe une relation frappante existant entre l'utilisation d'hyménoptères domestiques et les déclins et extinctions locaux des espèces sauvages. Ceci suggère que de nombreux exemples de spillover, spillback et facilitation se sont produits entre les espèces domestiques et sauvages.
Enfin, la review apporte des moyens de réduire les impacts incombés aux espèces sauvages par les espèces domestiques d'hyménoptères, notamment via les radiations gamma sur le pollen - connues pour comporter des agents infectieux -, par le contrôle et la soumission à restriction d'importations d'hôtes exotiques (qui posent de nombreux soucis) mais surtout par la mise en place de méthodes pour empêcher qu'abeilles domestiques et sauvages ne se rencontrent.
La review permet d'apporter des précisions des effets des pathogènes sur la fitness des bourdons. Elle insiste également sur les actualités en termes de conditions juridiques sur la régulation et les méthodes de contrôle pour la présence de parasites à appliquer aux espèces hybridées. Ces régulations étant absentes dans certaines régions, les risques que présentent certains organismes pour les populations sauvages sont loin d'être considérés à leur juste valeur.
Bees have been managed and utilised for honey production for centuries and, more recently, pollination services. Since the mid 20th Century, the use and production of managed bees has intensified with hundreds of thousands of hives being moved across countries and around the globe on an annual basis. However, the introduction of unnaturally high densities of bees to areas could have adverse effects. Importation and deployment of managed honey bee and bumblebees may be responsible for parasite introductions or a change in the dynamics of native parasites that ultimately increases disease prevalence in wild bees. Here we review the domestication and deployment of managed bees and explain the evidence for the role of managed bees in causing adverse effects on the health of wild bees. Correlations with the use of managed bees and decreases in wild bee health from territories across the globe are discussed along with suggestions to mitigate further health reductions in wild bees.