Effets d'un néonicotinoïde, l'acétamipride, en sirop sur le développement de microcolonie de Bombus impatiens
Les bourdons sont considérés comme des pollinisateurs plus efficaces que les abeilles mellifères en raison des différences de taille corporelle, de caractéristiques morphologiques, de style de pollinisation et d'habitudes d'alimentation. Par exemple, les bourdons peuvent soniquer les fleurs pour obtenir du pollen et peuvent se nourrir dans des conditions plus difficiles que les abeilles domestiques. L'exposition à l'acétamipride peut constituer une menace pour les populations de bourdons, cependant, il existe très peu de données sur les effets de l'exposition chronique à l'acétamipride sur la santé des pollinisateurs. Dans cette étude, les auteurs se basent sur le modèle de microcolonie, plus facile à évaluer et plus fiable. Cette méthode est basée sur la sensibilité des bourdons aux facteurs de stress.Les ouvriers confinés sans vraie reine établissent une fausse reine qui pond des œufs non fécondés (c'est-à-dire des œufs qui deviendront des drones).
Des études précédentes ont démontré que l'acétamipride a un impact négatif sur les paramètres de reproduction, mais uniquement lorsqu'il est testé à des concentrations nettement supérieures aux concentrations réellement utilisées. Ici, les auteurs ont examiné la croissance et le développement des microcolonies sur six semaines afin d'observer les impacts sur le développement des couvées, la production de drones et la survie des travailleurs.Cette étude a été menée dans des conditions de laboratoire contrôlées : les bourdons ouvriers B.impatiens ont d'abord été exposé du sirop de sucre puis de l'acétamipride ( aux concentrations : 1,13, 11,3, 113, 1 130, 11 300 μg / L) a été livré dans des mangeoires de sirop. Les microcolonies témoins ont uniquement reçu du sirop de sucre dépourvu d'acétamipride. Enfin , les auteurs ont surveillé quotidiennement la mortalité des ouvriers adultes, le développement des microcolonies, leur consommation alimentaire ainsi que la production de drones.
Les poids moyens des ouvriers ont été comparés et les auteurs ont noté que les poids des microcolinies exposées à 1130 et 113000 μg/L étaient significativement inférieurs aux autres conditions de traitement. La survie des ouvriers a également été documentée pendant 6 semaines et bizzarement, le groupe exposé à 11300 μg/L avaient une survie significativement élevée par rapport aux témoins négatifs. Concernant le développement des microcolonies, la concentration 11300 μg/L a considérablement retardé la construction de coquetier. L'apparition des premières pupes et des nids construits dans les microcolonies exposées aux concentrations 1130 et 11300 μg/L étaient sensiblement inférieure par rapport aux témoins.
La consommation de sirop a également este diminuée dans les groupes exposés à 1130, 11300 μg / L d'acétamipride. Enfin, les microcolonies témoins ont produit leurs premiers drones environ 33 jours après l'initiation de l'expérimentation, contre 39 jours pour les colonies exposées.
Cet article est rigoureux puisqu'il étudie divers paramètres que nous n'avons pas mentionné plus haut mais dont les résultats sont cohérents avec le reste des données.Le modèle de microcolonie permet d'évaluer les paramètres de développement et de recrutement de la population et donc de mieux visualiser l'évolution des bourdons. Les auteurs expliquent le résultat incohérent du suivi de la mortalité par une production d'oeufs non fécondés.
Ce modèle semble adapté à ce type d'étude, mais il faudrait mener ces études sur le plus long terme et surtout dans des conditions non controlées (expériences en champs) afin de voir quel est le réel effet de l'exposition des bourdons aux néonicotinoïdes et de comparer les données obtenues dans les différentes conditions. il faudrait donc appliquer ce schéma expérimental avec des concentrations réellement utilisées dans les champs, maintenant que les études en laboratoires confirment l'effet néfaste des néonicotinoïdes.
Les auteurs suggèrent donc qu'à de faibles concentrations l'acétamipride présent dans le nectar et le pollen n'entraînerait pas d'effets néfastes sur B . impatiens et le développement du nid. Cependant, à des concentrations élevées, l'acétamipride a le potentiel d'entraver la croissance et le développement de la microcolonie, ainsi que la production de drones qui est l'indicateur de la productivité des nids dans le modèle de la microcolonie.