Les facteurs associés à une meilleure fécondité des femmes ayant des hommes homosexuels dans leur lignée maternelle
On étudie la théorie de la femme fertile (SAGH). Elle se positionne, tout comme la sélection de parentèle (KSH), comme une hypothèse favorable au maintien évolutif d'origine génétique de l'homosexualité[1], malgré l'accord unanime concernant le taux de reproduction significativement plus faible des homosexuels (Moran , 1972 ; Bell & Weinberg, 1978 ; Schwartz et al., 2010 ; Jannini et al., 2010 ). Si les tentatives pour prouver empiriquement l'hypothèse de sélection de parentèle ont longtemps été infructueuses (Muscarella, 2000 ; Brobow & Bailey, 2001), Vasey et al. (2007, 2008, 2009, 2011) ont réévalué cette hypothèse en étudiant les fa'afafine samoans[2]. Parallèlement, LeVay (1996) émet en premier la théorie de la femme fertile, et Campeiro-Ciani et al. (2004) montrent que les femmes dans la même lignée maternelle que des hommes homosexuels sont significativement plus fécondes.
La question est ici : comment l'expression phénotypique du gène augmente la fécondité (physiologie, émotions, comportements) ?
Le profil personnel des participants est dressé à l'aide d'un questionnaire d'auto-déclaration spécifique à l'étude et du questionnaire "Big-Five" qui est souvent utilisé (Capara et al., 1994 ; Campeiro-Ciani et al., 2007).
La fécondité de 161 femmes européennes ainsi que les potentielles influences (comportement, physiologie, émotions) sont étudiées, concernant la vie sexuelle, la vie de couple, la vie de famille, le travail, la culture et la vie sociale. Les participantes doivent être mères ou tantes biologiques d'un homme de plus de 18 ans ayant une orientation sexuelle clairement définie (i.e. 0-1 ou 5-6) sur l'échelle de Kinsey (allant de 0 à 6) (Kinsey et al., 1946).
Pour les analyses statistiques, les mères et les tantes sont associées dans un groupe homogène. Les analyses sont basées sur des modèles linéaires généralisés (GLMs).
Les mères et tantes d'homosexuels ont bien une fécondité plus élevée que les autres.
Aussi, ces femmes : ont moins de problèmes gynécologiques, moins de complications de grossesses, moins envie d'avoir des enfants, sont moins attachées en l'amour romantique et à la vie sociale, ont des familles moins stables, sont plus extraverties, et divorcent ou se séparent de leur époux plus fréquemment.
La théorie de la femme fertile pourrait donc s'expliquer par un gène qui augmente la santé reproductive et l'extraversion, et génère une attitude détendue chez les femmes vis-à-vis de la vie sociale et de la famille.
Les auteurs assument que l'échantillon est petit et qu'une étude plus large serait nécessaire. Les femmes étudiées sont uniquement italiennes et françaises. S'il y a le même nombre de mères d'homosexuels que de mères d'hétérosexuels (49), les tantes d'homosexuels (12) sont bien moins nombreuses que celles d'hétérosexuels (51).
Les femmes de la lignée paternelle n'ont pas été étudiées, mais le gène concerné serait situé sur le chromosome X , ce qui diminue les biais.
Comme le signalent aussi Bailey et al. (2016), l'utilisation de questionnaires d'auto-déclaration ne prend pas forcément en compte le phénomène de fluidité sexuelle (changement d'orientation sexuelle d'un individu au cours du temps). De plus, il peut y avoir un décalage entre la réalité et les réponses des sujets étudiés, et un questionnaire ne peut jamais prendre en compte tous les faits, choix et expériences.
Cet article apporte une preuve empirique de la théorie de la femme fertile, et des preuves de la manière avec laquelle le gène en question augmenterait la fécondité des femmes qui le portent (santé reproductive, extraversion, attitude détendue vis-à-vis de la vie sociale et famille).
Il y aurait donc un avantage adaptatif lié au gène impliqué, mais l'homosexualité masculine serait un dérivé d'un avantage chez les femmes hétérosexuelles.
Le terme "théorie de la femme fertile" est la traduction française de la SAGH (= "Sexually antagonistic gene hypothesis")
Introduction. Recent evidence suggests that sexually antagonistic genetic factors in the maternal line promote homosexuality in men and fecundity in female relatives. However, it is not clear if and how these genetic factors are phenotypically expressed to simultaneously induce homosexuality in men and increased fecundity in their mothers and maternal aunts.
Aims. The aim of the present study was to investigate the phenotypic expression of genetic factors that could explain
increased fecundity in the putative female carriers.
Methods. Using a questionnaire-based approach, which included also the Big Five Questionnaire personality inventory based on the Big Five theory, we investigated fecundity in 161 female European subjects and scrutinized possible influences, including physiological, behavioral, and personality factors. We compared 61 female probands who were either mothers or maternal aunts of homosexual men. One hundred females who were mothers or aunts of heterosexual men were used as controls.
Main Outcome Measures. Personality traits, retrospective physiological and clinical data, behavior and opinions on fecundity-related issues were assessed and analyzed to illustrate possible effects on fecundity between probands and control females.
Results. Our analysis showed that both mothers and maternal aunts of homosexual men show increased fecundity compared with corresponding maternal female relatives of heterosexual men. A two-step statistical analysis, which was based on t-tests and multiple logistic regression analysis, showed that mothers and maternal aunts of homosexual men (i) had fewer gynecological disorders; (ii) had fewer complicated pregnancies; (iii) had less interest in having children; (iv) placed less emphasis on romantic love within couples; (v) placed less importance on their social life; (vi) showed reduced family stability; (vii) were more extraverted; and (viii) had divorced or separated from their spouses more frequently.
Conclusions. Our findings are based on a small sample and would benefit from a larger replication, however they suggest that if sexually antagonistic genetic factors that induce homosexuality in males exist, the factors might be maintained in the population by contributing to increased fecundity greater reproductive health, extraversion, and a generally relaxed attitude toward family and social values in females of the maternal line of homosexual men.