Histoire de la sexualité, vol. 1, La volonté de savoir
Le livre entreprend une archéologie à la façon de Foucault de la question de la sexualité, en s'attachant essentiellement à la définition progressive de la sexualité par les discours (principalement scientifiques) et aux effets de cette définition sur la vie des gens.
Le principal résultat du livre est de montrer la façon dont il n'y a pas de "découverte" de la sexualité par sa révélation, il n'y a pas, en d'autres termes, quelque chose qui serait "la sexualité" et qui serait "caché" jusqu'à ce que cela se "libère", mais que cette "libération" fait partie de la constitution de la sexualité. Par exemple, l'homosexualité n'est pas "découverte" mais en quelque sorte "conçue" sur le temps long par des discours cliniques, descriptifs, qui essaient de comprendre des comportements qui changent complètement de sens, sur le temps long, de leur fait. Ce que montre Foucault, c'est aussi que les formes "normales" et "anormales" de sexualité se définissent l'une face à l'autre de la sorte.
Ce que nous appelons "la monogamie" peut être regardé à travers cet oeil comme le résultat localisé de discours, de normes, qui se construisent à mesure qu'on essait de se comprendre. L'avantage second du livre (qui sort de ce qu'analyse l'auteur, qui est le silence autour de la chambre à coucher matrimoniale) est que sa réflexion peut être élargie à l'interrogation, là encore, clinique et investigative, sur la polygamie (en généralisant le propos du livre, on pourrait donc s'interroger sur ce rapport aux dites "sociétés polygames", peut-être en allant chercher Edward Saïd, qui s'est intéressé à l'orientalisme, justement).
Nommé au Collège de France, Michel Foucault a entrepris, durant la fin des années soixante-dix, un cycle de cours consacré à la place de la sexualité dans la culture occidentale : l'Histoire de la sexualité, articulée en trois volumes (La volonté de savoir, L'usage des plaisirs et Le souci de soi). Il y prolonge les recherches entreprises avec L'archéologie du savoir et Surveiller et punir, mais en concentrant ses analyses sur la constellation de phénomènes que nous désignons par le «sexe» et la sexualité. L'axe de cette entreprise n'est pas de s'ériger contre une «répression» de la sexualité afin de la «libérer», mais de montrer comment la vie sexuelle a enclenché une volonté systématique de tout savoir sur le sexe qui s'est systématisée en une «science de la sexualité», laquelle, à son tour, ouvre la voie à une administration de la vie sexuelle sociale, de plus en plus présente dans notre existence. Foucault fait ainsi l'archéologie des discours sur la sexualité (littérature érotique, pratique de la confession, médecine, anthropologie, psychanalyse, théorie politique, droit, etc.) depuis le XVIIe siècle et, surtout, au XIXe, dont nous héritons jusque dans les postures récentes de «libération sexuelle», l'attitude de censure et celle d'affranchissement se rencontrant finalement dans le même type de présupposé : le sexe serait cause de tous les phénomènes de notre vie comme il commanderait l'ensemble de l'existence sociale.