L'histoire d'un cours d'eau étouffé par un aménagement d'urgence : le cas du Bonhomme-Morency au Bas-Saint-Laurent
Les aménagements des cours d'eau n'ont pas été toujours réalisés de façon rigoureuse bien qu'ils puissent faire appel à la science. Ce n'est qu'à partir des années 1980 que les conséquences des aménagements sur la dynamique des cours d'eau et leur écologie ont été considérées.
Les ruisseaux Renouf et Bonhomme-Morency (B.M) sont deux cours d'eau Québécois qui ont été modifiés sur une période de 40 ans (1968 - 2009). Ces aménagements sont le résultat de la nécessité de protéger le centre ville de la commune des Trois-Pistoles des inondations pour assurer la construction d'une école en 1968. L'école se situe au centre d'une zone de laminage naturel (zone d’accumulation temporaire d’une partie du volume de la crue) dans la partie aval du Renouf. Un détournement des eaux de ce dernier de 6km² dans celles du ruisseau de B.M a bouleversé l'équilibre hydrologique du bassin versant de la municipalité de la ville et a provoqué à terme, l'enrochement du ruisseau B.M.
Traçage historique des aménagements dans le bassin versant de la Ville des Trois-Pistoles (archives et interview de 5 acteurs intervenus dans l'aménagement du Bonhomme-Morency) et comprend :
Bien que l'interview de 5 participants dans l'aménagement du Bonhomme-Morency ait été bien retranscrit, l'avis des riverains sur l'évolution du cours d'eau aurait pu être un plus.
Ce document illustre la gestion des cours d'eau dans les années 1970 avant une prise de conscience de l'importance de la pluridisciplinarité dans les études avant les actions. La gestion a été proactive et non adaptative à la situation du cours d'eau. Les priorités à court terme ont été mal conçues. Contourner les nombreux problèmes était vu comme une solution. Le retard du Québec à intégrer l’hydrogéomorphologie dans les processus d’aménagement des cours d’eau y est exposé. Cette discipline est maintenant reconnue en France, Italie, Australie et aux États-Unis (haut taux de succès des aménagements grâce à cette discipline). Les questions sur la dynamique des cours d'eau du bassin versant et de leur écologie ne sont arrivées que très tardivement (30 ans après les premières modifications). Les questions de renaturation apparaissent comme des perspectives plus pertinentes. Pourtant, bien que la renaturation fut une option, la ville a refusé de peur de nouvelles inondations au centre-ville.
Bien que la revue dans laquelle cet article a été publié est le fruit d'un organisme sans but lucratif voué à la diffusion des connaissances en histoire et en sciences humaines touchant la région de l'estuaire du Saint-Laurent, l'article a été rigoureusement rédigé par des professeurs et une biologiste-géomorphologue du département de Biologie, Chimie et Géographie de l'université du Québec à Rimouski UQAR.
Depuis la période agroforestière, plusieurs cours d’eau du Québec ont été transformés,pour favoriser leur utilisation et celle des terres environnantes,pour diminuer les risques fluviaux ou encore pour répondre à une crise environnementale. Cet article présente ainsi l’histoire d’un petit cours d’eau, nommé Bonhomme-Morency, ayant subi d’imposants aménagements depuis la fin des années 1970. Ce ruisseau, situé dans la municipalité de Notre-Dame-des-Neiges, au Bas-Saint-Laurent, est un affluent de la rivière Trois-Pistoles. Afin d’évaluer l’impact d’interventions aussi imposantes,une étude sur le cours d’eau Bonhomme-Morency a été réalisée.Elle avait notamment pour objectif de reconstituer l’historique des interventions humaines ainsi que des décisions et actions des instances, au cours des dernières décennies, ayant mené à des perturbations importantes et à des changements morphologiques majeurs. L’histoire du ruisseau Bonhomme-Morency illustre l’importance d’un changement dans les perceptions environnementales et dans les processus de gestion du gouvernement, ces derniers étant peu adaptatifs et proactifs. Il importe d’assurer la cohésion entre les valeurs locales, politiques, sociales, culturelles, esthétiques et écologiques, ainsi que de respecter l’évolution et la complexité d’un cours d’eau.