Titre de la review

Rendre la de-extinction mondaine

Résumé de la review

Les auteurs discutent dans cette “Perspective” des leçons que l’on peut tirer des expériences passées et appliquer aux nouveaux projets de de-extinction. Ils comparent les préoccupations nées avec les premiers clonages à celles qui se posent aujourd’hui pour la résurrection d’espèces disparues. Les auteurs apportent enfin leur point de vue sur l'intérêt d’intégrer les sciences sociales au domaine de la de-extinction.

Pour cela, dans une première partie ils exposent les inquiétudes soulevées par l’apparition des techniques de clonages sur l’identification des espèces, leur classification ou encore la relation entre préservation de la nature et technologie par exemple. Autant d'interrogations qui par le passé ont impliqué une remise en question des législations et des protocoles de classification et qui s’appliquent aujourd’hui à la de-extinction. Ces débats ontologiques auraient pu être mieux géré dans le passé si les institutions chargées de la gestions des organismes et de leur protection avaient eu une place dans ces discussions. Les auteurs proposent alors que pour la de-extinction, qui est un phénomène à grande ampleur sociale, il faille d’abord répondre aux questions suivantes : Quel type de “nature” la de-extinction cherche-t-elle à produire? Quels intérêts cherchent-on à satisfaire ? Réciproquement, quels intérêts ne seront pas satisfaits ?

Friese & Marris présentent dans un second temps l’implication des médias et des débats publics dans ces avancées technologiques. Lors de son apparition, le clonage était mal connu du public et les inquiétudes des conservationnistes avaient alors été la base des remaniements des protocols expérimentaux. La de-extinction est, au contraire, un phénomène médiatisé. Le but est, au travers de conférences (notamment TEDx à Stanford), de réunir les différents acteurs pour pousser à la discussion. Il est aujourd’hui intéressant de se demander comment les futures expériences de-extinction seront conçues pour répondre aux préoccupations publiques qui ont grandi ces dernières années.

Un volet sur l’éthique de l’usage et de la “conception” d’animaux en science liste les préoccupations qui ont pu exister dans le passé et qui sont toujours d’actualité : le bien-être de l’animal donneur et de celui porteur de l’embryon pour le clonage ; le bien-être de l’animal cloné ; l'existence de son lieu de vie et le devenir de ses interactions avec le milieu... On retrouve aussi la question de l’existence de professionnels pouvant suivre la naissance et l’élevage de tels animaux. Friese & Marris insistent sur le fait que ces inquiétudes doivent avoir une place cruciale dans la conception des expérimentations et ne doivent pas être traitées une fois l’animal en vie.

Enfin, dans ce papier, il est rappelé l’impact de la politique économique et des médias dans les avancées technologiques. Une leçon à tirer des expériences précédentes de clonage est que l’influence positive des médias conduit au développement de nouveaux fonds financiers pour la recherche, dans les zoo notamment. L’effet pervers de ces démarches est que les animaux candidats sont sélectionnés car ils ont plus de chance de recevoir une attention positive. Le choix se fait alors vers des animaux charismatiques (Mammouth laineux, tigre à dents de sabre…) et les fonds encouragent la technologie plutôt que la préservation des espèces en elle-même.
Les auteurs concluent cette perspective sur l’importance de rendre la de-extinction mondaine, à l’aide des sciences sociales, pour pouvoir recentrer l’attention sur les bonnes questions : Pourquoi et comment certaines espèces sont ressuscitées et quelles conditions de vie ces animaux pourront-ils avoir ?

Rigueur de la review

Cette “Perspective” est publiée dans une revue de Biologie “Plos Biology” avec un impact factor valorisant (>9). Ce type d’article bénéficie d’un comité de relecture qui permet à la revue de garantir la qualité scientifique de l’écrit. D’après Plos Biology, une “Perspective” à pour objectif de présenter des questionnements à l’interface entre science et politique et entre science et société. Elles sont écrites par des experts, invités par le journal à discuter et commenter des problèmes actuels et controversés de manière succincte et rigoureuse et en s’appuyant sur des références.
Carrie Friese est docteur en sociologie médicale et en science et technologie ; Claire Marris est docteur en Sciences sociales.
La rigueur de cette perspective semble donc robuste, malgré quelques références peu scientifiques.

Ce que cette review apporte au débat

Cette perspective permet d’établir un parallèle entre les préoccupations qui ont vu le jour lors de l’apparition des techniques de clonage et celles utilisées pour la de-extinction. Il est question dans ce papier de se rappeler des problèmes passés, et d’en tirer les enseignement pour pratiquer la de-extinction.
C’est un papier qui offre une ouverture et une première approche quant à l’importance des médias et des politiques de financement ou encore de l’éthique en science et son impact sur la conception des expérimentation.
Ce n’est pas essentiel pour la compréhension de la controverse mais plutôt pour saisir son devenir et la manière dont le débat est influencé par l’aspect social.

Remarques sur la review

Carrie Friese est également l’auteur d’un livre qui s’intitule “Cloning Wildlife” (Cloner la faune)

Publiée il y a presque 8 ans par C. Triay.
Dernière modification il y a presque 8 ans.
Review : Making De-Extinction Mundane?