La reconstruction des populations humaines et de la mégafaune suggère des causes mixtes pour les extinctions du Pléistocène en Amérique du Nord
À ce jour, les études réalisées sur les extinctions de la mégafaune se sont principalement concentrées sur la chronologie des extinctions en relation avec l'immigration humaine et les changements climatiques, mais très peu ont porté sur la dynamique des populations de la mégafaune et des humains durant le millénaire précédant les extinctions.
Les auteurs de l'article proposent donc une reconstruction de la dynamique des populations de 5 espèces de la mégafaune et de l'Homme en Amérique du Nord lors de la transition Pléistocène-Holocène. La période étudiée est marquée par l'arrivée et l'expansion de la culture Clovis vers 13 ka cal BP, qui constitue les premiers groupes de chasse et serait responsable de l'extinction de la mégafaune d'Amérique du Nord d'après la théorie de la surchasse (Overkill theory). Bien que le rôle du gibier dans leur alimentation reste incertain, leur implication dans les extinctions est probable au vu de la vitesse à laquelle ces dernières se sont déroulées.
Afin de reconstruire la dynamique de population de la mégafaune et de l'Homme en Amérique du Nord, les auteurs ont compilé les datations radiocarbone effectuées sur des restes de spécimens de la mégafaune ainsi que sur des restes archéologiques issues de la littérature scientifique existante et du Canadian Archeological Radiocarbon Database. Ces données ont ensuite été calibrées et utilisées pour construire des courbes de probabilités de distributions de ces populations au cours de la période étudiée. Des données environnementales, telles que la température, le taux de CO2 atmosphérique ou la différence saisonnière en insolation, ont également été recueillies pour confronter leur variation à la dynamique des différentes populations de la mégafaune. Finalement, la dynamique des populations de la mégafaune et de l'Homme a été étudiée sur l'ensemble du territoire états-unien, appelé États-Unis contigus, mais aussi sur la région des Grands Lacs et dans 5 régions du Sud-Ouest des États-Unis.
Les résultats obtenus montrent que :
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêt.
L'article démontre que les extinctions en Amérique du Nord n'ont pas été synchrones, concernent différentes échelles spatiales et la cause des extinctions varie en fonction du taxon considéré : certaines sont causées par le changement de végétation ou le changement climatique alors que d'autres sont la conséquence de la chasse humaine, et parfois certaines résultent de ces deux causes. L'article nous invite également à réfléchir à l'échelle spatiale à laquelle l'étude des extinctions est réalisée puisque pour un même taxon, il est possible que les causes d'extinction diffèrent entre l'échelle globale et l'échelle locale comme c'est le cas ici avec le mammouth. Finalement, la méthodologie employée dans cet article pourrait être utilisée à plus grande échelle pour étudier les dynamiques de populations de la mégafaune et humaines, notamment sur les autres continents, pour permettre une meilleure compréhension des impacts de l'Homme sur les extinctions du Pléistocène.
Dozens of large mammals such as mammoth and mastodon disappeared in North America at the end of the Pleistocene with climate change and “overkill” by human hunters the most widely-argued causes. However, the population dynamics of humans and megafauna preceding extinctions have received little attention even though such information may be telling as we expect increasing human populations to be correlated with megafaunal declines if hunting caused extinctions. No such trends are expected if climate change was the primary cause. We present tests of these hypotheses here by using summed calibrated radiocarbon date distributions to reconstruct population levels of megafauna and humans. The results suggest that the causes for extinctions varied across taxa and by region. In three cases, extinctions appear linked to hunting, while in five others they are consistent with the ecological effects of climate change and in a final case, both hunting and climate change appear responsible.