Questioning the ecosystem services argument for biodiversity conservation
La nécessité du maintien de la diversité biologique pour la provision durable des services écosystémiques est peut être l’argument le plus puissant en faveur de la protection de cette biodiversité. On parle ici de l’argument des services écosystémiques (SE). Il est issu de la pensée scientifique et est applicable à des questions économiques plus qu’a des questions éthiques. Cette étude explore les limites du concept sachant que la plupart des services relèvent d’un groupe défini d’espèces et non de l’écosystème dans son ensemble.
L’article commence par poser un problème sémantique autour du concept de biodiversité. Il met en garde contre la fréquente amalgame entre diversité biologique (au sens de la richesse spécifique) et nature (au sens de toute forme de vie non humaine). Cette généralisation de la biodiversité en nature, concept bien plus vaste, est parfois acceptable voire utile dans une optique de conservation à large échelle. Selon l’auteur, elle ne doit pas avoir lieu cependant dans les programme de gestion qui se veulent précis.
Le maintien des ES dépend du maintien des fonctions des écosystèmes qui sont assurées par les espèces. L’identification des espèces responsables de la provision des SE étant hasardeux et complexe, la protection de toutes les espèces est nécessaire par précaution. Le principe de précaution est donc puissant en biologie de la conservation, mais il est remit en cause par la théorie du non-équilibre qui stipule que la stabilité d’un écosystème résulte d’interactions opportunistes entre des populations instables. La perte d’espèce ne serait donc pas forcement accompagnée de changements drastiques dans le fonctionnement de l’écosystème.
Ridder fait une classification des SE :
SE résilients ne dépendant pas d’un groupe d’espèces particulier Ils sont assurés non par l’écosystème entier mais par un groupe fonctionnel d’espèces résilientes face aux changements, ou facilement substituables. Ces services ne seraient donc pas sujet aux risques liés à l’érosion de la biodiversité (à part en cas de perturbation assez forte pour faire disparaître les fonctions de base ou les groupes dominants).
SE dépendants d’un groupe d’espèces résilientes face aux changements.
SE non résilients dépendant d’un groupe d’espèces sensibles.
La résilience des SE autorise donc un degré conséquent de perturbation et favorise logiquement à la protection des seules espèces clés. Le principe de précaution est concevable pour les services dit sensibles, mais les contraintes liées à son application sont fortes. Il est plus simple de chercher quels services sont résilients. Mais est il rationnel de limiter l’effort de conservation au maintien des SE ? D'autant plus que nombreux auteurs comme Ehrenfeld soutiennent que la plupart des espèces, et particulièrement les espèces rares, n’ont pas de “valeur conventionnelle”, et ne sont donc pas indispensables aux ES.
L'article conclue par un blâme de l’approche des SE en conservation. Si la diversité biologique ne justifie pas le maintien des SE mais seules quelques espèces déterminées, une orientation politique en faveur de la protection de ces espèces aux détriment d’autres est imaginable. Considérer les SE comme le principal atout de protection de la biodiversité présente de plus un risque, car il place la défense de la diversité pour sa valeur intrinsèque au second rang. L'émergence d'alternatives pour le maintien des SE, ou encore la découverte de relations négatives de la BEF, pourrait alors justifier la non protection de la biodiversité.
Cet article représente la pensée d'un seul auteur. Ces analyses sont basées sur les conclusions d’un unique article dit “de consensus” en ce qui concerne la BEF (Hooper et al., 2005) ou seule la richesse spécifique est considérée avec attention dans la relation biodiversité et services écosystémiques.
C'est un avis, donc un discours subjectif, il n'y a ici ni expériences ni exemples attestant de la validité des risques décris avec l'utilisation des SE. En science la théorie ne prévalant pas sur la pratique, la portée de cet review est limitée.
Cet article critique l'approche de conservation de la biodiversité par les services écosystémiques. Il présente les risques encourus en laissant l'approche par SE devenir le principal mode de gestion de la biodiversité en soulignant le fait que nombreux services dépendent d'un groupe restreint d'espèces plus que de la diversité biologique dans son ensemble. Le lien positif entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes n'étant pas fondée, tenter de l'utiliser en conservation risque aussi d'excuser la non protection de la biodiversité.
Bien que théorique, cet article propose une réflexion sur les enjeux et les risques d'un mode gestion nouveau et très utilisé de nos jours, en anticipant les effets possibles d'une nouvelle stratégie pour allier protection de la nature et bien être humain.
One of the central justifications for the conservation of biodiversity is the notion that species diversity is essential for the maintenance of ecosystem services. However, an important observation overlooked by proponents of this argument is that most ecosystem services are provided not by whole ecosystems, but by any group of species that fulfils certain basic functional criteria. Distinguishing between services that are resilient in response to species decline, and those that are not, is a far less challenging task than identifying the precise influence on ecosystem functioning of rare species. Conservationists have been almost unanimous in their failure to acknowledge this distinction between resilient and sensitive ecosystem services. Not only does this threaten the credibility of conservation science, but also increases the likelihood that natural area management becomes hijacked by the demand that ecosystem service provision be made the dominant management criteria.