Méta-analyse : réponses spécifiques des espèces de la mégafaune du Quaternaire tardif au climat et à l'homme
La controverse portant sur l'extinction de la mégafaune au Quaternaire tardif est principalement réduite au rôle du changement climatique et de l'impact anthropique. L'importance de chaque facteur sur les patterns d'extinction de ces organismes est encore mal comprise. De plus, la reconstruction des tendances démographiques pour les différents taxons est variable selon l'échelle géographique et la méthodologie utilisée. Il est alors important de déterminer si les taxons ont des réponses semblables aux stress climatiques, anthropiques, ou dus à une synergie entre les deux.
Dans cette méta-analyse, les auteurs proposent une reconstruction démographique à partir d'ADN mitochondrial ancien pour les espèces herbivores de la mégafaune suivantes : Coelodonta antiquitatis, Mammuthus primigenius, Equus ferus/Equus caballus, Rangifer tarandus, Bison priscus/Bison bison et Ovibos moschatus.
Les auteurs ont recueilli des séquences d'ADN mitochondrial et des datations radiocarbone par spectrométrie de masse par accélérateur des aires géographiques passées et présentes des 6 espèces herbivores de la mégafaune présentées précédemment. Les changements potentiels d'aire de répartition pour chaque espèce au cours des 50 ka dernières années (années utilisées : 42, 30, 21 et 6 ka) ont été évalués à partir des données recueillies et d'estimations des précipitations annuelles et de la température passée. Différentes approches ont ensuite été utilisées pour estimer :
Les résultats montrent que :
Cette étude démontre que les changements dans l'abondance de la mégafaune ne se produisent pas de manière similaire selon les espèces. En effet, chacune réagit différemment aux effets du changement climatique, de la redistribution de l'habitat et de l'activité humaine. De plus, bien que les changements climatiques de la fin du Pléistocène puissent à eux seuls expliquer les extinctions de certaines espèces, une combinaison des effets climatiques et anthropiques semble être responsable des extinctions d'autres espèces. Cette étude permet également d'observer la variation des populations au cours du temps à l'échelle régionale et globale et apporte de nouveaux éléments de réponse quant aux causes des extinctions de la mégafaune du Pléistocène en Eurasie et en Sibérie.