La ville du XXe siècle a été profondément imprégnée par la logique automobile, car la voiture a véritablement révolutionné les possibilités individuelles de déplacement et fortement inspiré aménageurs, urbanistes et architectes, de la grande échelle de la forme urbaine au détail de l’aménagement et de l’esthétique de l’espace public, jusqu’à atteindre une situation quasi hégémonique que les nouvelles contraintes économiques et environnementales exigent de repenser.
Comment cette ville peut-elle évoluer avec une redéfinition du rôle de l’automobile, sans la stigmatiser, et un rééquilibrage des autres modes de déplacement individuels et collectifs et de leurs espaces respectifs ? La voiture a encore, très certainement, une longue vie au regard de sa souplesse inégalée, de l’accessibilité généralisée qu’elle offre et de l’attachement que les usagers lui témoignent. Mais elle semblerait avoir perdu en Europe la bataille symbolique et son usage se modifie déjà considérablement insistant davantage sur son rôle de service que sur sa possession. Elle deviendrait ainsi plus un outil qu’un symbole, plus un usage qu’une propriété.
Redéfinir les rapports entre ville et voiture est à l’ordre du jour lorsque la mobilité croît et se diversifie ce qu’induisent les nouveaux modes de vie nomades et multiples. Dans les villes dessinées pour et par la voiture, l’enjeu est de créer un espace public d’abord conçu pour le piéton sans exclure cet instrument de flexibilité qu’est la voiture. Trois types d’espaces urbains contrastent quant à leur aptitude à organiser un meilleur équilibre entre urbanisme et transports : les centres urbains, les grands territoires et – l’entre-deux – la « ville intermédiaire ».
La part de la voiture individuelle, ou du moins sa propriété, est-elle appelée à se réduire ? Quel impact cela aura-t-il sur l’espace public à toutes les échelles ? Cela touchera-t-il l’organisation des métropoles ? Autant de questions qui alimentent une réflexion riche, de nature à modifier sensiblement les modèles urbains ainsi que la gestion des agglomérations.