Thèse : Vulnérabilité des infrastructures urbaines et gestion de crise. Impacts et enseignements de cas d’inondation en Suisse. Rapport final. Elaboré dans le cadre de l’Action COST C19 “Proactive Crisis Management of Urban Infrastructure”.
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  • Auteurs
    Barbisch, Caroline; Boulianne, Louis; Delaloye, Reynald; November, Valérie; Penelas, Marion; Reynard, Emmanuel; Ruegg, Jean; Thomi, Luzius; Zaugg Stern, Marc
  • Année de publication
    2006
  • Université ou établissement d'accueil de la thèse
    Université de Genève, Université de Lausanne.
  • Abstract (dans sa langue originale)

    La dernière décennie a montré que malgré les efforts déployés pendant plus d’un siècle pour se protéger contre les crues des cours d’eau, la Suisse n’était pas à l’abri du risque d’inondation. Les crues catastrophiques de 1987, 1993, 1994, 1999, 2000 et 2005 dans différentes régions du pays, pour ne citer que les événements les plus importants, sans compter les épisodes localisés à la suite d’orages, ont mis en évidence la grande vulnérabilité du pays face aux risques hydrologiques. Le coût de ces catastrophes s’élève par ailleurs de plus en plus en raison de l’intensification de l’utilisation du territoire et de la sophistication des infrastructures et des biens touchés par les inondations, ceci surtout dans les régions fortement urbanisées.
    Au delà des dégâts et des processus de reconstruction, de remboursement et d’assurance qui en découlent, les inondations débouchent aussi souvent sur des changements territoriaux de grande ampleur (modifications de la valeur foncière, modifications des plans d’aménagement) et sur des transformations importantes au niveau organisationnel (modifications des structures de gestion de crise, changements institutionnels, émergence de nouveaux acteurs).
    Notre recherche se concentre essentiellement sur l’étude des dynamiques territoriales et des processus d’apprentissage liés à des épisodes d’inondation dans des zones urbanisées. En nous basant sur trois études de cas régionales dans trois parties de la Suisse (canton de Genève, région de Saillon dans le canton du Valais, et vallée de la Thur dans le canton de Thurgovie), nous avons étudié les impacts provoqués par des situations de crise hydrologique en considérant deux paramètres principaux : la création de connaissances en matière de risques d’inondation et de gestion de crise, ainsi que les modifications des dynamiques territoriales, tant du point de vue socio-économique qu’institutionnel.
    Nous nous sommes penchés plus particulièrement sur la compréhension des points suivants :
    • Comment le risque d’inondation et son évolution au cours du temps sont-ils pris en compte dans les pratiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme (anticipation, planification et suivi dynamique des risques) ?
    • Quelles pratiques liées à la gestion de l’eau (prélèvement, dotations de débits, revitalisation de cours d’eau, évacuation des eaux de surface et usées) et quels acteurs ont une influence, positive ou négative, sur la gestion des risques d’inondation ?
    • Comment sont produits et intégrés dans les pratiques les enseignements tirés de situations de crise et de catastrophe ? Quels acteurs (institutionnels ou non) sont concernés ?
    • Quelles sont les procédures élaborées pour internaliser les incidences financières des risques (assurances et valeurs foncières) ?
    La présente recherche s’est fixée cinq objectifs principaux :
    • Documenter et analyser, sur la base d’études de cas détaillées, les impacts de situations de crise d’inondation en matière de dynamiques territoriales (planification territoriale, modifications de la valeur foncière, etc.).
    • Etudier les effets sur les principaux acteurs (institutionnels ou non) concernés par le risque d’inondation et par les situations de crise hydrologique et documenter les processus d’apprentissage et les modifications institutionnelles et
    leur mode de transmission auprès des acteurs concernés.
    • Comprendre, sur la base d’études ancrées spatialement, comment les acteurs, les structures institutionnelles et organisationnelles présentes à l’échelon local et cantonal peuvent influer sur l’anticipation des futurs risques et sur leur gestion plus ou moins efficace.
    • Dégager des pistes novatrices de gestion des risques d’inondation et d’action en cas de crise.
    • Proposer des recommandations de structuration utiles aux organisations impliquées.
    Les résultats obtenus suite à une cinquantaine d’entretiens approfondis avec des acteurs institutionnels et non institutionnels montrent que les inondations étudiées sont des révélateurs d’un risque latent. Elles jouent un rôle essentiel dans la formalisation du risque, tant par les autorités que par les habitants. L’étude a également mis en lumière un certain nombre de lacunes au niveau de la prévention du risque (ex. cartes des dangers) et de l’organisation de la gestion de la crise (communication, notamment entre les services responsables ou entre les niveaux institutionnels). Les cas étudiés montrent finalement que les événements exceptionnels sont des déclencheurs pour la prise de mesures, tant au niveau de la prévention, que de celui de la gestion de la crise. Les résultats montrent également l’importance de la «mémoire du risque» à la fois pour mettre en oeuvre les correctifs qui s’imposent suite à la crise et pour maintenir un état de veille active. Les effets formels sur la valeur foncière et sur les pratiques d’aménagement du territoire sont par contre relativement faibles.
    Cette recherche a permis de documenter un domaine peu étudié à notre connaissance, celui de l’analyse des mécanismes sociaux et territoriaux liés aux situations de crise dans un domaine, celui des inondations, qui pourrait être amené à vivre des événements de plus en plus intenses selon les prévisions des climatologues.
    Une telle recherche n’aurait pas pu être menée sans le soutien actif de plusieurs personnes et organisations. Nous tenons à remercier le service COST du Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche (SER) pour son appui financier. Nous sommes aussi redevables à ceux qui ont bien voulu nous accueillir pour que nous puissions mener nos investigations. Nous pensons ici aux acteurs rencontrés dans les administrations cantonales et communales, aux autorités politiques, aux agriculteurs, aux habitants qui nous ont consacré du temps ainsi qu’à ceux qui nous ont ouvert leur porte pour nous aider à récolter la documentation nécessaire à la reconstitution des événements.

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    Entre technicisme et écologie : quel devenir des cours d’eau pour limiter les conséquences des crues ?
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