Titre de l'article :

Conséquences de l'abandon pastoral sur la structure et la diversité de l'avifaune alpine.


Figure :

Distribution des points de relevés sur l'aire d'étude. (Laiolo et al., 2004)
Les cours d'eau sont aussi représenté ici.
La distribution des points correspond aux pâtures actuelles et abandonnées dans l'aire d'étude. La zone centrale a été sous-échantillonnée car elle inclut des barres rocheuses et des glaciers à plus de 3000m d'altitude.

Introduction à l'article :

Le développement de nouvelles pratiques agricoles a entrainé un abandon pastoral des pelouses de haute altitude, devenant ainsi le facteur principal de la modification des écosystèmes montagneux. Cette diminution (ou disparition) du pâturage est d'autant plus visible dans l'étage montagnard, favorable au développement des ligneux, où la succession écologique est accélérée par rapport à l'étage subalpin. Ainsi, on observe une fermeture des milieux et une homogénéisation des habitats plus rapide, modifiant les caractéristiques végétales du milieu et les espèces animales présentes.
Les habitats pastoraux abritent une diversité d'espèces d'oiseaux (avifaune) riche, dont beaucoup sont spécialistes des milieux ouverts et agropastoraux. Ainsi, les systèmes d'agriculture extensive hébergent beaucoup d'espèces au statut de conservation défavorable.
Le but de l'étude est de déterminer les conséquences des modifications des estives sur la diversité et la structure des communautés d'oiseaux alpins.

Expériences de l'article :

L'étude s'est déroulée dans le Parc National Gran Paradiso, dans les Alpes (1000-2800m), les mois de Juin-Juillet 2001 et 2002. Dans cette zone, il y a un déclin du pastoralisme et dans les prairies toujours pâturées, la pression de pâturage est faible car le bétail y réside 1 à 3 mois. Les prairies utilisées dans l'étude diffèrent dans leur structure végétale.
Des comptages (écoute et observation) ont été fait sur des points de 50m de rayon : 5mn au centre puis 10mn en changeant de point de vue. Deux passages sont fait par point (un par mois) par an. Chaque jour, des transects de 5-18km ont été effectués.
Pour chaque site, ils ont estimés les variables : végétation, hauteur et hétérogénéité de la végétation, pourcentage d'arbuste, d'arbre et de blocs rocheux, la surface totale de prairie et la distance du point à la forêt. La pression de pâturage (0 : aucun , 3 : intense) a été estimée selon les archives du parc.
Ils ont étudié la réponse des communautés d'avifaune par régression linéaire multiple.

Résultats de l'article :

La principale conséquence de l'abandon pastoral est une perte des milieux ouverts par reforestation naturelle. Dans ce contexte, les oiseaux répondent d'abord aux variations d'habitat dans leur territoire, puis aux conditions abiotiques.
-La diversité alpha est plus forte dans les pâtures abandonnées. En effet, sur ces sites, on observe une augmentation du couvert ligneux, fournissant l'alimentation et des lieux de nidification et de refuge pour les espèces forestières et de landes.
-Le pâturage entraine une diminution de la diversité et l'abondance des oiseaux de landes et de forêts alors qu'elle est favorable pour les oiseaux de prairies. Au contraire, la fermeture des prairies est défavorable pour les oiseaux de milieux ouverts. Ces derniers sont en majorité des espèces menacées, en déclin ou vulnérables et représentent un fort intérêt de conservation. Les prairies sont donc des zones refuges pour ces espèces, pour lesquelles les milieux favorables diminuent même dans les vallées.

Rigueur de l'article :
  • La composition végétale n'est pas prise en compte alors que les fonctions qu'elles peuvent fournir aux oiseaux sont importantes pour expliquer la présence de certaines espèces.
Ce que cet article apporte au débat :

Cet article nous montre que l'abandon pastoral dans les Alpes entraine une augmentation de la diversité αlpha des oiseaux (diversité locale), mais menace grandement les oiseaux spécialistes des pelouses de haute altitude. En effet, l'apparition des broussailles permet aux espèces les occupants de s'y installer, augmentant donc le nombre d'espèces localement. Cependant, si on considère la conservation globale des oiseaux, les oiseaux des pelouses d'altitudes étant peu répandus et bien souvent menacés, il est préférable de maintenir le système de pastoralisme dans ces pelouses. Les espèces de broussailles étant plus communes, elles représentent un intérêt de conservation moindre.
Cet article nous éclaire sur le fait que lorsqu'on étudie la biodiversité, il ne faut pas seulement considérer les variations de richesse spécifique locale mais aussi les enjeux de conservation d'espèces d'intérêt. Il est donc important d'adapter les mesures de conservation aux espèces que l'on veut préserver.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Prud'homme.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.