Titre de l'article :

Une gestion des prairies semi-naturelles favorisant la diversité des plantes et des insectes : L'importance de l'hétérogénéité et de la tradition


Figure :

Distribution des sites d'études (en noir) des aires protégées et de la réserve de la biosphère des Carpates blanches (Bílé Karpaty) (Bonari et al., 2017)
Les carrés blancs représentent les pics montagneux.

Introduction à l'article :

La gestion des prairies semi-naturelles se fait par fauche (pour les foins), pâturage ou parfois les deux. Dans les zones tempérées, elles font partie des écosystèmes les plus biodiverses mais subissent elles aussi la déprise. Elles sont donc considérées comme des habitats "en danger" car l'utilisation de mauvaises méthodes de gestion entraine leur disparition et menace ainsi leur biodiversité. Par exemple, la pâturage sur une prairie habituellement fauchée ou l'inverse, peut avoir un effet néfaste sur la biodiversité.
Quelques méthodes de gestion se sont montrées bénéfiques pour la conservation de plusieurs taxons éloignés (Year-round horse grazing supports typical vascular plant species, orchids and rare bird communities in a dry calcareous grassland). Ici, ils cherchent à déterminer l'effet des différents modes de gestion sur la diversité des plantes et des insectes des prairies semi-naturelles afin de déterminer si il existe un mode de gestion permettant la conservation de ces 2 groupes.

Expériences de l'article :

L'étude se déroule dans la zone naturelle protégée et réserve de biosphère des Carpates blanches, en République Tchèque. Dans cette région, avant l'intensification agricole, les prairies semi-naturelles étaient fauchées puis pâturées. Les prairies abandonnées évoluent naturellement vers des landes boisées. De nos jours, elles font l'objet de mesures de conservation dont certaines sont subventionnées.
Ils ont échantillonné 34 prairies ayant bénéficié de mesures de gestion différentes entre 2006 et 2010 et représentant les différents types de prairies régionaux.
Ils ont identifié les espèces de plantes vasculaires, de papillons, d'orthoptères, de bousiers et de papillons de nuits sur chaque site et ont estimé l'intérêt de conservation de chaque site à partir de la liste rouge et des expertises naturalistes.
Ils ont ensuite enregistré 3 groupes de variables : Gestion, Climat et Paysage ; dont ils ont estimé l'effet par des modèles linéaires généralisés et des analyses discriminantes.

Résultats de l'article :

Les différents groupes ne sont pas affectés par les mêmes variables :
-La méthode de gestion a un effet sur la richesse et la composition spécifique des plantes et des papillons de nuit et sur la diversité des lépidoptères.
-Le climat joue sur la richesse et la composition spécifique des orthoptères.
-La stratification végétale a un effet sur la composition spécifique des bousiers.

Il n'existe aucune méthode de gestion des prairies permettant la conservation de toutes ou la plupart des espèces animales et végétales et de leur assemblage.
-La fauche a un effet positif sur la diversité spécifique des plantes et des papillons de nuit mais peut être néfaste pour les espèces d'orthoptères et de lépidoptères sur le long terme.
-Le pâturage a un effet négatif sur la diversité spécifique des papillons de nuit.
-L'abandon du milieu n'a eu d'effet direct sur les différents groupes.
-La gestion mixte a un effet positive sur la richesse spécifique des papillons de jour et des plantes.

Rigueur de l'article :
  • L'impact du pâturage n'est pas le même selon l'espèce domestique qui pâture. Cependant, ici, ils considèrent seulement le pâturage en général
  • La faible intensité de pâturage et de la fauche peut être responsable de certaines (non-)observations et ainsi biaiser leurs analyses.
  • Les pâturages peuvent être des écosystèmes avec une faible résilience, donc 4 ans ne seraient pas suffisant pour voir les véritables effets.
Ce que cet article apporte au débat :

Dans cet article, les auteurs montrent l'importance du maintien du même mode de gestion sur les parcelles : une parcelle qui a l'habitude d'être fauchée doit continuer de l'être. En effet, ils identifient un effet néfaste du pâturage sur la diversité des groupes d'insectes dans les prairies originalement fauchées. Cette méthode homogénéisant le milieu, elle ne permet pas l'installation de plusieurs groupes d'espèces.

Selon eux, une fauche partielle, avec une jachère courte puis potentiellement un pâturage pourrait être la méthode de gestion la moins néfaste pour ces milieux et leurs espèces. Le pâturage faisant partie intégrante du pastoralisme, cela suggère que dans certains milieux, le pastoralisme n'est pas adapté pour limiter la fermeture du milieu car les espèces qui y sont présentes y sont vulnérables.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Prud'homme et C. Sirejacob.
Dernière modification il y a plus de 4 ans.