Titre de l'article :

L'exposition à l'écotourisme réduit la survie et affecte la réponse face au stress chez les poussins hoatzin (Opisthocomus hoazin)


Introduction à l'article :

L'écotourisme est généralement perçu comme contribuant à la préservation de la riche biodiversité tropicale. Bien que les forêts tropicales soient devenues les destinations favorites de l'écotourisme, peu d'études ont été menées afin d'évaluer ses impacts sur les animaux tropicaux.
Ainsi l'étude se concentre sur la réserve naturelle Cuyabeno, la destination écotouristique la plus visitée en Amazonie équatorienne. L'écotourisme met en avant la proximité avec la faune et l'observation facile des oiseaux. Parmi ces derniers, l'hoatzin (Opisthocomus hoazin) attire notamment par son plumage coloré et sa crête . Les sites de ponte et les juvéniles sont particulièrement observés. Ce papier étudie l'effet de l'écotourisme en comparant le succès reproducteur des oiseaux de nids exposés à l'écotourisme ou de nids non perturbés situés dans les zones hors limite. L'effet des perturbations humaines est aussi mesuré à travers les hormones de stress chez les juvéniles.

Expériences de l'article :

L'aire est visitée d'avril à octobre en 1996, 1997 et 1998 par le même observateur. Les nids couvés sont approchés pour observer la progression de l'incubation et du développement des poussins à 20m de distance. Le succès reproducteur est calculé en séparant l'incubation (succès si au moins un poussin éclos) et la période juvénile (succès si au mois un poussin atteint sa taille adulte). La réponse hormonale de stress est mesurée à travers la concentration de corticostérone dans le plasma, la capture à la main et la manipulation faisant office de facteur de stress. L'échantillon comprend des oisillons de 8-18 jours (n'ayant jamais quitté le nid) et des juvéniles de 40-57 jours. Un échantillon de sang est prélevé de suite, les autres 10, 20, 35 et 70 minutes après la capture. La distance de fuite des hoatzins couvants a été utilisée comme indicateur de réponse face aux humains. Elle correspond à la distance entre le canoë approchant et le nid, mesurée avec un télémètre au mètre près.

Résultats de l'article :

La survie des œufs pendant l'incubation est similaire entre les sites exposés à l'écotourisme et ceux non perturbés (23-28%). Cependant la survie des juvéniles lors de la période d'envol est toujours supérieure dans les sites non exposés. Le plus faible succès reproducteur des hoatzins en zone perturbée est due à une mortalité plus élevée des juvéniles entre les semaines 3 et 6 après leur éclosion. Les juvéniles des deux zones ont répondu à la capture et manipulation par une hausse rapide de la sécrétion de la corticosterone, avec un pic à 10-20 minutes. Il n'y a pas de différence entre les oisillons des zones perturbées ou non exposées, mais les juvéniles de la zone écotouristique montrent une augmentation de la sécrétion plus élevée et plus longue. Une relation négative a été trouvée entre le taux maximal de corticotesone et l'âge des juvéniles, mais uniquement chez les individus des zones perturbées. Enfin les hoatzins des nids non exposés fuient plus tôt à l'approche d'un humain.

Rigueur de l'article :

La méthodologie semble correcte et il n'y pas de conflit d'intérêt pour cette étude.

Ce que cet article apporte au débat :

Cet article met en évidence que les effets de l'écotourisme diffèrent selon l'âge des oiseaux. L'étude suggère que les activités écotouristiques sont la cause de la mortalité plus élevée chez les juvéniles en zone exposée, à travers la superposition de la saison haute touristique et de la période d'envol des hoatzins. Le fait que le succès reproducteur lors de l'incubation ne soit pas perturbée serait expliqué par le fait que les adultes sont habitués aux touristes qui par ailleurs sont moins nombreux en mai-juin.
L'article montre que l'observation de faune sauvage n'est pas aussi inoffensive que promulgué. Même un faible nombre de touristes peut avoir un impact négatif sur les animaux. Ainsi la gestion de ces réserves doit prendre en compte les périodes où les animaux sont les plus sensibles et intégrer des zones sans aucune activité humaine.

Remarques sur l'article :

Cet article a été utilisé comme référence pour le livre Ecotourism’s Promise and Peril de Daniel T. Blumstein, Benjamin Geffroy, Diogo S. M. Samia, Eduardo Bessa.

Publiée il y a plus de 5 ans par N. Zeballos et A. Sigismeau.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.