L'impact des bateaux écotouristiques sur le béluga du Saint-Laurent
Le tourisme à orientation écologique, ou écotourisme, connait une croissance mondiale rapide depuis les années 90. Une enquête portée par la "Federal-Provincial Wildlife Conference" au Canada montrait qu'en 1981, 90% des canadiens âgés d'au moins 15 ans prenaient part à des activités de loisir liées à la faune. L'écotourisme impliquant l'observation de la faune appelle à une surveillance et à une gestion environnementale stricte si l'on veut préserver la ressource faunique. Cette courte communication rend compte de la recherche sur l'impact des bateaux écotouristiques sur le béluga (une espèce menacée) de l'estuaire du Saint-Laurent au Québec (Canada), et se termine par des recommandations pour sa gestion. Des recherches antérieures ont permis d'identifier les réactions de béluga et d'autres espèces de baleine face aux bateaux telles qu'une réduction de l'alimentation, une perte de l'intégrité du troupeau, un raccourcissement des surfaces utilisées par les individus, une dispersion rapide etc.
L'étude se situe dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, autour de l'embouchure de la rivière Saguenay. Ce site constitue le principal habitat d'une population d'environ 500 bélugas (Delphinapterus leucas). Plus de 600 excursions d'observation de baleines ont lieu chaque année à Tadoussac et dans la Baie de Sainte-Catherine. L'expérience menée consiste à des observation de l'eau faites à partir d'un bateau pneumatique à Tadoussac. Les observations ont porté sur 29 réactions de béluga (variables dépendantes) en réponse à 17 manœuvres de bateau (variables indépendantes) afin de former une matrice de données 29x17 avec n=493. Les conditions météorologiques et les mouvements des vagues ont été enregistrées. La position sur l'eau a été tracée par triangulation. Les bélugas ont été identifiés par leur taille, leur coloration et leurs marques distinctives. Une analyse statistique a été réalisée avec une pvalue de 1% pour la significativité.
Sur 367 observations, 21 ont été statistiquement significatives. Plusieurs comportements ont été reportés. Les bélugas adoptent un comportement d'évitement de bateau, en prolongeant les intervalles entre surface/profondeur, en augmentant leur vitesse de nage et en se regroupant en troupeau. Ils passent plus de temps sous l'eau qu'à la surface et des différences de taux d'évitement ont été observés. Vers la rivière Saguenay et son estuaire, les bélugas réagissaient négativement aux bateaux et avec une distance supérieure à celle observée dans la région des Grandes Bergeronnes. L'évitement des bateaux et les interactions avec celui-ci sont corrélés positivement avec la vitesse du bateau contrairement au lien évitement-distance avec le bateau. Ainsi l'observation des baleines en bateau sur la rivière Saguenay entre Tadoussac et la Baie Sainte-Marguerite devrait être limitée et surveillée. Une limite de vitesse devrait être imposée et le nombre d'opérateurs commerciaux d'excursions limité.
Peu d'informations sont données sur les analyses statistiques et sur la méthode de récolte des données. À quel moment les auteurs considèrent-ils que l'individu évite le bateau ? Quel est le seuil de durée utilisé afin de définir si le béluga passe plus ou moins de temps sous l'eau etc. Malgré les données et les résultats intéressants, la partie matériel et méthode reste courte et l'article n'est pas récent.
Malgré le manque de rigueur dans la rédaction de l'article, les résultats obtenus demeurent intéressants dans le débat de l'impact de l'écotourisme sur la biodiversité et notamment en milieu marin. En effet, il est maintenant communément admis que les bateaux provoquent chez la faune marine un stress non indéniable. L'écotourisme se basant sur l'observation en milieu marin à l'aide d'engin motorisé devrait être limité et sujet à un règlement pré-établi.