Ce livre vise à améliorer les connaissances sur les effets de l'écotourisme et du tourisme basé sur la nature. Il identifie clairement les potentiels impacts biologiques afin de développer des stratégies de gestion plus efficaces. Le tourisme basé sur la nature est considérable et concernerait plus de 8 milliards de visiteurs par an. Mais ce nombre est sous-estimé car il ne prend pas en compte les petites réserves. Ce grand nombre de visiteurs s'accompagne forcément d'impacts écologiques. De ce fait que peut-on faire afin de réduire les impacts tout en favorisant les aspects socio-économiques et la conservation ?
Ce livre se démarque par son approche centrée sur le comportement animal soumis aux impacts de l'écotourisme. Les changements de comportement sont habituellement la première réaction des animaux face à un environnement perturbé. Cette perspective comportementale met donc l'accent sur les mécanismes de réponse des animaux pour faire face aux menaces et défis de l'écotourisme.

Le livre débute par les conséquences physiologiques et comportementales de l'écotourisme sur la faune sauvage. Les réponses comportementales sont souvent des indicateurs de réponses sous-jacentes physiologiques au stress. Ces réponses au stress font partie d'une série de mécanismes homéostatiques par lesquels les animaux gèrent les facteurs de stress dans leur environnement. Ces réponses au stress ne sont pas mauvaises en elle-même mais des facteurs de stress chroniques peuvent affecter la santé et le bien-être des animaux ou les conduire à changer leur schéma d'activités. Or les humains sont perçus comme des facteurs de stress, leur visites fréquentes peuvent donc perturber les capacités d'adaptation des animaux, ce qui affecte leur survie et leur succès reproducteur. Les réponses comportementales comprennent la fuite et le déplacement face à la menace, l'état de vigilance et le temps consacré à cette activité ainsi que les changements de comportements face à la distribution de nourriture par les humains.
Le livre s'attache ensuite à décrire les nombreuses conséquences écologiques de l'écotourisme sur la faune sauvage et leur écosystèmes. Une littérature croissante montre que lorsque le comportement des individus est altéré par des écotouristes, il peut aussi y avoir des impacts écologiques sur la communauté biotique dans son ensemble. Par exemple les activités écotouristiques peuvent blesser directement les animaux voire augmenter leur mortalité, comme c'est le cas des collisions avec des véhicules, d'où une réduction locale des tailles de populations. Apporter de la nourriture conduit à ce que les animaux utilisent différents territoires. Ainsi les changements dans la distribution et l'abondance des animaux modifient leurs interactions (compétition et prédation) et peut avoir des conséquences en cascade sur la chaîne trophique jusqu'à impacter la végétation. Les autres impacts écologiques concernent la dégradation de l'habitat par la construction de nouvelles infrastructures et le besoin d'eau notamment, les invasions biologiques d'organismes introduits par les touristes et la transmission de maladies notamment aux primates.
Ensuite le livre résume les connaissances actuelles sur les effets de l'écotourisme à travers les générations. Les changements transgénérationnel dans le comportement et les autres traits d'histoire de vie comme l'âge à la première reproduction, le nombre d’œufs produits ou le sexe ratio de la progéniture pourraient être déterminés par les interactions avec les humains (c'est à dire qu'ils apprennent à éviter ou tolérer certaines activités touristiques) mais aussi par la sélection naturelle agissant sur le différentiel de survie et de reproduction de certains types d'individus plus ou moins tolérants. Quatre mécanismes peuvent expliquer pourquoi certains animaux peuvent tolérer la proximité avec les humains: les modifications micro-évolutives, les modifications épigénétiques, l'habituation et le tri phénotypique. Les modifications microévolutives dans le comportement impliquent une sélection directionnelle sur les individus possédant l'allèle spécifique (le variant situé au gène spécifique exprimant un comportement particulier) avec une survie, reproduction ou héritabilité supérieure. Ceci résulte en un changement de comportement persistant à travers les générations par la hausse de la fréquence de cet allèle. Le tri phénotypique a lieu lorsque des animaux différant dans leur comportement sont repartis de manière non aléatoire à travers les habitats subissant différent niveaux de perturbation humaine.
La suite du livre s'attache à décrire plus précisément les impacts de l'écotourisme concernant les poissons, les mammifères marins, les animaux terrestres, les manchots et les communautés humaines. Enfin il propose un guide des bonnes pratiques d'une perspective comportementale avant d'identifier les thèmes de recherche à explorer afin d'établir de nouvelles connaissances solides pour un écotourisme durable.

Ce livre est l'oeuvre d'une coopération internationale entre quatre spécialistes du comportement qui ont fait appel à différents scientifiques afin que chaque chapitre soit rédigé par des experts en la matière.
D. Blumstein a aidé à développer le champ de la conservation de la faune sauvage. Il est l'auteur de plus de 350 publications scientifiques et a écrit ou édité 6 livres. B Geoffroy se dédie à étudier les mécanismes physiologiques et comportementaux qui sous-tendent les changements démographiques. D. Samia consacre une grande partie de ses recherches au comportement anti-prédateur et se concentre sur l'application des connaissances du comportement animal dans la biologie de conservation. Le travail de E. Bessa se repartit en 2 thématiques: comprendre le comportement reproducteur pour des modèles animal notamment les poissons et appliquer les sciences du comportement pour la conservation et l'écotourisme.

Ce livre résume toutes les conséquences de l'écotourisme sur le comportement de la faune sauvage (de la physiologie au comportement) et les conséquences écologiques en découlant, notamment sur la biodiversité. Les activités de pleine nature peuvent représenter un risque pour la biodiversité mais dont les effets peuvent être minimisés dès aujourd'hui en appliquant certaines règles. Les zones tropicales affichant la plus grande biodiversité sont les plus vulnérables et donc celles qui bénéficieraient le plus de telles mesures.
Des questions évolutives émergent de ce livre. De ce fait des recherches sur le comportement reproducteur et social sont nécessaires, puisque ce sont des activités liées à la valeur sélective de l'individu et donc à la biologie des populations. De plus l'adaptation à long-terme au facteur de stress que sont les humains pourrait être expliquée par l'épigénétique mais il y a peu de connaissances sur la durée de ces effets.

Ce livre est le résultat de la collaboration entre les quatre éditeurs et fait suite à leur premier article sur la thématique des impacts de l'écotourisme (Geffroy B, Samia DSM, Bessa E, Blumstein DT (2015) How nature-based tourism might increase prey vulnerability to predator. Trends in Ecology and Evolution 30:755–765).
Les éditeurs sont eux-mêmes amateurs d'écotourisme mais aussi des biologistes du comportement amenés à travailler dans des régions sauvages et des territoires proposant de l'écotourisme et du tourisme basé sur la nature. De ce fait ce livre n'aborde que les impacts sur le comportement animalier et les conséquences indirectes en découlant des changements de comportements.

Pour cette analyse, nous nous sommes concentrés sur les chapitres décrivant les impacts généraux de l'écotourisme laissant de côté les chapitres portant spécifiquement sur un type de taxon.