Titre de l'article :

L'impact de l'écotourisme sur la faune piscicole de la région de Bonito (Etat du Mato Grosso do Sul, Brésil) : mesures écologiques, comportementales et physiologiques.


Introduction à l'article :

L'écotourisme est une forme durable de tourisme fondé sur les ressources naturelles et qui se concentre davantage sur l'expérience vécue et la prise de conscience de la nature. Il privilégie le faible impact sur l'environnement, la non-consommation et est orienté vers les produits et services locaux. Cependant, le développement de cette activité peut produire des interférences négatives sur la balance écosystémique, pouvant affecter la diversité, l'écologie et le comportement animal. Afin de trouver un équilibre entre écotourisme et intégrité des écosystèmes, des études sur l'effet des activités touristiques sur le stress de la faune doivent être opérées. Cette étude prend place dans la Région de Bonito (Brésil). L'objectif de cette étude est d'évaluer les impacts anthropogéniques de l'écotourisme sur la faune piscicole du fleuve Sucuri en utilisant des recensements visuels et en se concentrant sur des critères comportementaux et physiologiques sur les communautés de deux espèces.

Expériences de l'article :

Cette étude a été réalisée dans la rivière Sucuri, localisée dans la Reserva Particular do Patrimônio Natural (RPPN), au Brésil, de décembre 2005 à mars 2007. Deux zones distinctes du fleuve ont été choisies afin de mesurer l'impact anthropogénique causé par les visites quotidiennes des touristes : une zone non-touristique et une zone touristique. Pour chacun des sites, 3 points de comptage d'un rayon de 3 mètres ont été définis. Une caractérisation écologique a été entreprise (végétation sous-marine, fond, température etc.). L'évaluation de la diversité et de l'abondance des poissons a été faite en utilisant la méthode de "comptage par point stationnaire". Les données concernant le comportement (activité agonistique, comportement d'évasion, comportement sexuel etc.) de C. lepidota et M. bonita ont été enregistrées. De plus, les taux de cortisol pour M. bonita ont été recueillis après capture de poissons, la libération de cortisol dans l'eau étant étroitement liée à l'exposition d'un stress.

Résultats de l'article :

Concernant les paramètres écologiques la végétation sous-marine, le type de fond, la visibilité verticale et la température ne variaient pas de manière significative entres les différents sites contrairement à la visibilité horizontale et la vitesse de débit. Quant aux communautés de poissons la richesse spécifique, l'indice de diversité de Shannon-Weiner ainsi que la densité de poisson était significativement plus élevés sur les sites touristiques. Il n'y avait pas de différence significative entre les échantillons prélevés à différentes heures de la journée pour le même site d'échantillonnage. Concernant le comportement, les repas et l'activité agonistique étaient significativement plus élevés sur le site non-touristique pour C. lepidota contrairement à l'échappement qui était plus bas. Pour M. bonita les repas étaient plus fréquents pour le site non-touristique et le comportement de fuite était plus faible. Le taux de cortisol était plus fort pour le site non-touristique.

Rigueur de l'article :

Les références utilisées dans cet article sont nombreuses. De plus, l'étude menée a été financée par des subventions de la Fondation pour les Sciences et Technologies du Portugal. Des fond provenants de l'Institut Supérieur de psychologie appliquée de Lisbonne ont été perçus par l'équipe afin de financer les expériences en labo et sur le terrain.

Ce que cet article apporte au débat :

Les résultats suggèrent un lien significatif entre l'importance de la richesse spécifique, la diversité ainsi que la densité de poisson sur les sites touristiques. Cela semble indiquer que la présence de touristes serait avantageuse pour certaines espèces. Les espèces les plus grosses seraient directement nourries par les fruits et les graines localisés sur les rives, tombés par le biais de perturbation touristique ou directement nourris par les guides. De plus, l'activité agonistique, c'est à dire les interactions inter-espèces, telle que proie-prédateur, diffèrent. Pour le site touristique, cette activité est plus basse, les poissons se cachant davantage au lieu de se défendre. Le changement de comportement correspond tout de même à une réponse d'évitement des visiteurs. Finalement cette étude nous montre que les paramètres physiologiques et comportementaux seraient les premiers indicateurs de l'impact négatif de l'écotourisme sur l'écosystème des rivières.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Sigismeau et N. Zeballos.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.