Recherche de preuves de l'expérience de la douleur chez les abeilles mellifères : Une étude d'auto-administration
Les abeilles sont souvent utilisées comme modèles d'études scientifiques. Cependant leur potentiel de souffrance n'est jamais pris en compte du fait du manque de connaissances à ce sujet. Les abeilles mellifères ont des capacités cognitives élevées ainsi que des capacités d'apprentissage certaines et proches de celles des vertébrés inférieurs, ce qui en font un modèle d'étude intéressant pour analyser la perception de la douleur chez les insectes. Des analyses comportementales ont permis de mettre en évidence que les vertébrés soumis à des expériences de douleurs potentielles sont capables de sélectionner leur nourriture et de s'auto-administrer un analgésique plutôt qu'une solution de saccharose à l'inverse des contrôles qui eux préfèrent la solution sucrée. Afin d'analyser la douleur chez les abeilles, des expériences comportementales similaires ont été conduites en partant du postulat que les abeilles ressentant de la douleur préféreront l'analgésique.
Des abeilles, Apis mellifera, ont été utilisées dans toutes les expériences. Les abeilles ont toutes étaient anesthésiées par le froid et séparées en plusieurs groupes. Un groupe contrôle et des groupes soumis à des blessures aux pattes.
Une première expérience est un pincement continue, à une patte, infligé par un clip en aluminium fixé à une patte arrière. La deuxième expérience est une amputation d’une patte réalisée avec un ciseau.
Au total 540 abeilles ont été utilisées, soit 60 par expériences (30 contrôles et 30 blessées) et chaque expérience faite en répliqua.
La préférence de boisson a été testé en comparant une solution contenant uniquement de la morphine, une solution de sucrose pure et une boisson contenant un mélange des deux.
Expérience 1 : on n’observe pas de différence significative quelque soit la boisson entre les abeilles blessées et les abeilles témoins. De plus le taux de mortalité est également similaire quelque soit le traitement.
Expérience 2 : Les abeilles amputées boivent beaucoup plus de solution de morphine que les abeilles contrôles, mais également plus de boisson au total. Ce qui suggère que les abeilles amputées ont simplement tendance à boire plus et n’ont pas de préférence pour la boisson. De plus le taux de mortalité est largement supérieur avec 50% pour les abeilles amputées contre 22% pour les abeilles contrôles.
Ces résultats supportent l’hypothèse que les abeilles ne ressentent pas la douleur car elles ne démontrent pas de préférences entre l’analgésique et la solution sucrée.
Il est connu que l’analgésique utilisé, la morphine, a un gout amer pour les abeilles. Or dans cet article aucun autres analgésique n’a été testé afin de contrebalancer l’impact du gout sur les abeilles. De plus il n’y pas eu de test à différentes concentrations d’analgésique ce qui aurait également pu avoir un effet sur les résultats observés. On peut également se demander si les clips utilisés pour l’expérience de pincement exerçaient une pression suffisante pour induire une sensation de douleur aux insectes.
Cet article permet de donner au débat une vision des expériences comportementales qui peuvent être réalisées pour démontrer l'existence de la douleur chez les invertébrés comme chez les vertébrés. Il s'agit également d'un article qui analyse la douleur chez les insectes et plus particulièrement chez les abeilles ce qui permet, une fois mis en relation avec les autres articles, d'avoir une vision de plusieurs invertébrés différents.