Titre de la review :

Examen de questions scientifiques concernant le bien-être des crustacés.


Résumé de la review :

B. K. Diggles propose ici une approche similaire à celle entreprise par Rose et al.(2014) en concentrant son analyse sur les preuves scientifiques de douleur chez les crustacés. L'étude est extensive et couvre plusieurs aspects polémiques de l'étude de la douleur, notamment la sensibilité aux analgésiques, l'utilisation de chocs électriques comme stimuli aversifs et la diminution des standards scientifiques de définition de la douleur. Diggles reprend plusieurs arguments évoqués par Rose et al. (2014) comme la divergence des structures nerveuses des vertébrés et invertébrés, mais affine son propos et couvre plusieurs biais protocolaires notamment retrouvés dans les études de L.U. Sneddon et R.W. Elwood.
L'auteur critique la non-réplicabilité de plusieurs études attestant, selon lui, de la présence de douleur chez les crustacés. Il critique également la tendance de certains auteurs à considérer la présence de douleur sans considérer d'autres explications biologiques permettant d'expliquer leur résultats. Il conclut sur "l'immaturité" et l'absence de "preuves scientifiques valides" caractérisant la littérature affirmant l'existence de douleur chez les crustacés.
Un argument repris plusieurs fois dans l'article de Diggles repose sur le danger lié à la "diminution des standards scientifiques" liés à la définition de la douleur. L'auteur souligne ici la modification de définition de la douleur proposée notamment par Elwood (2012) ne prenant pas en compte i) la modification du comportement après injection d'un analgésique et ii) la présence d'un système nerveux "approprié". L'auteur propose ensuite que l'application du principe de précaution aux crustacés, déjà dénoncé par Birch (2017), affecte négativement les domaines de la science et de l'économie, tant en créant un biais expérimental qu'en augmentant le coût de maintien de ces espèces. L'auteur signale que la définition de la douleur telle qu'utilisée par Elwood et Sneddon est si laxe qu'elle permet de définir la présence de douleur chez des intelligences artificelles.

Rigueur de la review :

La tendance de Biggles à affirmer que certains auteurs, et notamment R.W. Elwood, affirment l'existence de douleur chez les crustacés quant ces derniers ne le font pas tend à faire penser que l'auteur manque de l'impartialité nécessaire à l'analyse honnête de certains articles cités ici.

Remarques sur la review :

Biggles souligne à raison que certains biais de protocole des expériences sur la douleur, déjà évoqués dans Rose_et al._,2014 , sont toujours retrouvés dans la littérature récente. Toutefois, une importante partie de son argumentation reposant sur "la diminution des standards scientifiques" et la modification de la définition de douleur pour prouver son existence, m'apparaît fallacieuse. En effet, R.W. Elwood justifie clairement ce choix en se basant sur deux arguments principaux i) la différence d'impact des opiacés chez les crustacés et les vertébrés; et ii) le fait que l'absence de structures analogues à celles impliqués dans le ressenti de la douleur chez l'humain n'implique pas en soit que ce sentiment soit inexistant chez les crustacés.
A mon sens cette revue, comme celles rédigées par Elwood, souffre d'un manque de volonté des auteurs à considérer les arguments fournis par les personnes dont l'avis diverge du leur sur cette question.

Publiée il y a presque 5 ans par J.L. Claret.
Dernière modification il y a presque 5 ans.