Compromis motivationnel et expérience potentielle de la douleur chez les bernard-l'ermite
Cet article exprime le fait que, si de nombreux scientifiques se sont accordés sur la perception de la douleur chez les Vertébrés, cette affirmation est encore en débat concernant les Invertébrés bien que des comportements similaires entre ces deux groupes ont déjà été observés suite à un même stimulus. Apple et Elwood rappellent différentes expériences qui ont été mises en oeuvre chez différents Crustacés, Mollusques et Arthropodes montrant une réponse pouvant traduire plus qu'une simple nociception n'ayant pas amené un consensus à ce sujet. Leurs travaux se sont concentrés sur la mise en évidence d'un potentiel compromis en présence de stimuli nocifs sur leur motivation à préserver leur coquille, tout en évaluant l'impact potentiel de la qualité de la coquille face à ces stimuli. Le but de ces travaux est d'observer si des exigences motivationnelles conflictuelles influencent la réponse aux stimuli en traduisant un comportement semblant indiquer l'expérience de la douleur.
70 bernard-l'hermite ont été prélevés puis transportés en laboratoire dans des bassins d'eau de mer. Leur coquille initiale est cassée sans blesser l'animal, puis chaque individu est placé au hasard dans un bassin seul avec une nouvelle coquille. Des coquilles de deux espèces de Gastéropodes ont été choisies : Littorina obtusata, préférée par les bernard-l'hermite, et Gibbula cineraria. Chaque coquille a été perforée de sorte à insérer une électrode capable d'envoyer un choc au niveau de l'abdomen des individus. Les tailles des coquilles ont été choisies pour être adaptées à la taille des individus. L'expérience a débuté le lendemain du transfert de bassin : chaque individu a subi des chocs répétés d'1s allant de 0,2V à progressivement 10V, avec des intervalles de 2s entre chaque choc. La première réaction, l'évacuation de la coquille, le retour dans la coquille, l'inspection de la coquille et le comportement ont été étudiés selon le type de coquille (2 groupes : 34 et 36 individus).
Sur la totalité des paramètres mesurés, seul le moment d'évacuation de la coquille différe significativement : les individus se trouvant dans une coquille de Littorina obtusata ont mis plus de temps à évacuer malgré les chocs électriques plus intenses que ceux dans les coquilles de Gibbula cineraria. Dans les deux groupes, les individus ont inspecté leur coquille plus longuement avant de retourner à l'intérieur que lors du placement des individus la veille du traitement. Quelques rares individus ont réalisé une autotomie d'un membre probablement dû à un mauvais placement d'électrode et n'ont donc pas été comptés dans l'étude. Quelques individus ont eu un comportement de frottements de l'abdomen, voire ne sont pas retourné dans leur coquille, allant pour certains d'entre eux jusqu'à tenter de sortir du bassin en escaladant les parois. Ces comportements et que le temps d'évacuation différents selon la coquille sont compatibles aux hypothèses émises en cas d'expérience de la douleur.
D'un point de vue méthodologique et scientifique, cet article présente une approche de la détermination d'une potentielle perception de la douleur viable. Néanmoins, quand on s'intéresse à la bibliographie utilisée, on retrouve que beaucoup d'articles cités dans cet article sont rédigés second auteur, Elwood. Cette auto-citation abondante pourrait nuire à l'objectivité des hypothèses et idées avancées et traitées dans cet article.
Cet article montre une approche comportementale alternative pour déterminer si les Invertébrés peuvent percevoir plus que de la nociception et expérimenter la douleur : il est possible que ce type de compromis ait été sélectionné au cours de l'évolution pour certains taxa, et permettrait ainsi de déterminer avec plus de précision la perception potentielle de la douleur chez ces organismes.