Titre de l'article :

Les extinctions globales de la mégafaune du Quaternaire tardif sont liées aux humains, pas aux changements climatiques


Figure :

Cartes mondiales de la gravité des extinctions de grands mammifères lors du Quaternaire tardif, de la paléobiogéographie des hominidées, de l'anomalie de la température et de la vitesse des précipitations. a) La proportion d'espèces de grands mammifères éteintes (≥10 kg) dans chaque pays au cours des 132 000 dernières années ; b) Le nombre cumulé d'espèces de grands mammifères éteintes dans chaque pays ; c) Paléobiogéographie des hominidées ; d) Anomalie moyenne de la température annuelle moyenne entre le dernier maximum glaciaire et aujourd'hui ; e) Vitesse moyenne des précipitations annuelles entre le dernier maximum glaciaire et aujourd'hui. Les pays ombrés en gris foncé ont été exclus des analyses.

Introduction à l'article :

Les principales hypothèses portant sur la disparition de la mégafaune au Quaternaire tardif sont l'impact des changements climatiques et l'impact de l'Homme. Néanmoins, la plupart des études se focalisent spécifiquement sur des régions et ne prennent pas en compte une échelle globale. Les améliorations des registres paléoclimatiques, des datations et de la taxonomie permettent désormais des analyses plus précises et globales. Les auteurs se focalisent ici sur les changements climatiques des périodes glaciaires et interglaciaires, en lien avec la disparition de la mégafaune. Si l'ampleur du changement climatique est corrélée à la proportion d'espèces éteintes, alors le climat est un moteur d'extinction. De plus, ils analysent aussi les mouvements migratoires de l'Homme moderne et l'effet potentiel sur la mégafaune. Ils émettent l'hypothèse que les extinctions sont plus sévères quand l'Homme moderne est le premier hominidé à arriver dans une région.

Expériences de l'article :

Les auteurs ont examiné dans la littérature déjà existante les taxons de grands mammifères (poids > 10kg) ainsi que de la mégafaune (poids > 44kg) qui se sont éteints à l'échelle globale ou continentale au cours de la transition Pléistocène-Holocène, et ont recueilli des informations pour chaque taxon identifié. Une carte de la distribution géographique des espèces éteintes au cours des 132 000 dernières années a été réalisée à partir des informations collectées pour chaque taxon. Le nombre total de mammifères éteints ainsi que leur biodiversité ont également été calculés pour chaque pays étudié. Des modèles ont ensuite été construits pour tester l'effet respectif des changements climatiques, de l'Homme et de leur effet mixte, sur le taux d'extinction des taxons de grands mammifères et de la mégafaune afin de déterminer le ou les facteurs ayant causé leurs extinctions.

Résultats de l'article :

Les résultats obtenus montrent que :

  1. Le schéma global des extinctions de la mégafaune du Pléistocène montre clairement que l'extinction est étroitement liée à la géographie de l'expansion humaine (64% de la variance expliquée). Les taux d'extinctions les plus élevés sont observés sur les continents qui ont été colonisé uniquement par Homo sapiens, comme l'Australie ou les Amériques, alors que les taux les plus faibles sont observés dans les régions où les hominidées et la mégafaune coexistent depuis longtemps.
  2. La sévérité des changements climatiques et l'effet synergique de ces deux facteurs expliquent moins bien les taux d'extinctions que l'Homme tout seul ne le fait (respectivement 20% et 75% de la variance expliquée, effet peu significatif pour la synergie des deux facteurs).
  3. En Eurasie, il n'est pas possible de déterminer la cause des extinctions puisqu'il y a un fort taux d'extinctions sur ce continent et que le changement climatique semble avoir eu un impact plus grand qu'ailleurs.
Ce que cet article apporte au débat :

Cet article démontre qu'à l'échelle globale, hormis en Eurasie, l'Homme est la principale cause des extinctions de la mégafaune du Pléistocène, et que le climat n'a joué qu'un petit rôle dans ces mêmes extinctions. Il démontre également l'intérêt d'avoir une approche macroscopique pour comprendre les extinctions à l'échelle mondiale, en mettant en évidence les écarts de l'ampleur des changements climatiques et la gravité de l'extinction à l'échelle régionale.

Publiée il y a plus de 3 ans par M. Gautier et J. Degen.
Dernière modification il y a plus de 3 ans.