Titre de l'article :

Une approche rétrospective pour tester les méthodes de barcoding d’ADN


Introduction à l'article :

Il y a 10 ans, le barcoding d’ADN a été proposé comme méthode standard pour l’identification d’espèces et l’accélation de la découverte de nouvelles espèces ; l’approche taxonomique traditionnelle étant longue et complexe . Pourtant, malgré ses nombreux succès pour beaucoup de taxons, les échecs fréquents de barcoding remettent en cause sa précision en tant que méthode idéale. Pour évaluer le potentiel du barcoding, cette étude utilise ici une approche rétrospective en appliquant cette méthode à la classification des scinques de Nouvelle Zélande établie en 1977 (basée sur des caractères morphologiques), et en la comparant à la taxonomie actuelle basée sur des approches morphologiques et moléculaires.

Expériences de l'article :
  • Echantillonnage et séquençage du COI : Utilisation de 296 séquences de COI de scinque (lézards) de Nouvelle Zélande ( 23 taxons reconnus en 1977, et 48 des 55 espèces connues aujourd’hui). L’extraction de l’ADN génomique total à été fait à partir d’échantillons de foie, de muscle ou de queue.
  • Analyses du barcoding gap : Calcul des distances intra- et interspécifiques (modèle K2P) et du niveau de recouvrement entre ces distances. Détermination du seuil de distance génétique pour la délimitation des espèces (programme ABGD). Comparaison du niveau de divergence intraspécifique présent dans les jeux de données de 1977 et actuel.
  • Identification de spécimen : Neighbour Joining (NJ), Méthode de distance, Méthode d’appariement.
  • Découverte d’espèces : comparaison des deux jeux de données pour évaluer si le NJ et la méthode de distance auraient identifié correctement ces potentiels nouveaux taxons en tant qu’espèces nouvelles ou déjà existantes.
Résultats de l'article :

Pour le jeu de données de 1977, le barcoding a eu un succès moyen à élevé pour l’identification de spécimens (78-98%), et a distingué correctement les spécimens confirmés comme taxons distincts (77-100%). Mais la plupart des méthodes d’appariement n’ont pas pu détecter les complexes d’espèces présents en 1977. Pour le jeu de données actuel, le barcoding a aussi eu un assez bon succès pour l’identification de spécimens (53-99%). Pour les deux jeux de données, la capacité à découvrir de nouvelles espèces dépend de la méthodologie utilisée. La délimitation des espèces a été entravée par l’absence d’un barcoding gap (local ou global), du fait de spéciations récentes et d’hybridations.

Rigueur de l'article :

Utilisation et comparaison de plusieurs méthodes pour la découverte et l’identification d’espèces, afin de déterminer la quelle est la plus précise et la plus fiable selon l’objectif posé.

Ce que cet article apporte au débat :

Cette étude sur les scinques de Nouvelle Zélande montre un regard partagé sur la validité du barcoding en tant qu’outil taxonomique :

  • Rapide d’utilisation, mais nécessite une base taxonomique importante via les méthodes traditionnelles
  • Incapacité à définir un seuil de distance idéal pour la délimitation d’espèces.
  • Les phénomènes d’hybridation limitent l’identification de spécimens du fait d'approches basées uniquement sur l’ADN mitochondrial, contrairement aux approches intégratives.

Malgré la potentielle utilité du barcoding pour l’identification de spécimens et la découverte d’espèces, son taux d’erreur pourrait entraver le progrès de la documentation de ce groupe. Cela proviendrait notamment de l’approche traditionnelle du barcoding basée seulement sur le COI. Les approches taxonomiques intégratives (caractéristiques morphologiques, ajout d’ADN mitochondrial ou de gènes nucléaires) seraient plus efficaces pour la découverte et la description de la biodiversité.

Publiée il y a environ 9 ans par MarilouH.
Dernière modification il y a environ 9 ans.