Il est possible d'adapter les techniques de production agricole pour que l'agriculture biologique soit (presque) aussi productive que l'agriculture conventionnelle.
Cette méta-analyse se concentre sur la question des rendements agricoles pour répondre à la question : l'agriculture biologique peut-elle rivaliser en termes de rendements avec l'agriculture conventionnelle. Elle n'étudie pas la question des revenus des agriculteurs ou des coûts de production.
Les auteurs ont rassemblées de nombreuses études (66 en tout, surtout dans les pays développés) pour tirer des conclusions générales sur le rendement de l'agriculture biologique.
Ils n'ont retenu que des études qui répondent aux conditions suivantes :
En moyenne, les rendements de l'agriculture biologique sont inférieurs de 25 % aux rendements en agriculture conventionnelle. Toutefois, le délai entre deux rotations culturales de végétaux alimentaires est inférieur pour l'agriculture biologique : sur un même laps de temps, il est possible de faire plus de cycles de culture en biologique qu'en conventionnel (l'agriculture conventionnelle nécessite souvent le recours à plus de cultures intermédiaires, non alimentaires, pour améliorer la qualité des sols par exemple). En prenant ce fait en compte, les rendements de végétaux alimentaires par hectare et par unité de temps sont comparables.
Les résultats sont aussi différents selon les plantes cultivées : les fruits, légumineuses (pois, haricots, etc.) et le plantes oléagineuses (pour l'huile) biologiques ont les mêmes rendements qu'en agriculture conventionnelle. Par contre les céréales et les légumes biologiques ont des rendements plus faibles, de l'ordre de 26 % à 33 %.
Cette étude est publiée dans la revue Nature, une des plus réputée au niveau mondial pour la rigueur de ses articles. Même si cela n'est pas une garantie absolue, c'est un bon signe.
Les détails méthodologiques et les critères de choix très exigeants des études prises en compte dans la méta-analyse permet de confirmer cette rigueur.
La méta-analyse montre que le facteur limitant de l'agriculture biologique est l'azote. Les plantes qui ont en sont moins dépendantes, ou qui l'utilisent de façon plus efficiente, peuvent tout à fait être cultivées dans le cadre de l'agriculture biologique sans perte de rendement. Quand l'azote manque, des pratiques culturales adaptées peuvent aussi limiter, voire annuler, les pertes de rendement (13 % perdus en moyenne au lieu de 25 %). Les sols peu acides et peu alcalins sont tout particulièrement positifs pour l'agriculture biologique.
En résumé : l'agriculture peut rivaliser avec l'agriculture conventionnelle en termes de rendements, mais seulement en adaptant les techniques culturales.