La peine de mort aurait bien un effet dissuasif aux Etats-Unis (analyse économique)
Cet article aborde le sujet de l´effet dissuasif de la peine de mort aux Etats-Unis avec une approche économique (plus précisément économétrique, en utilisant des modèles utilisant des données effectivement observées dans la réalité).
Les auteurs étudient, à l´échelle des comtés américains, l´évolution de la criminalité lorsque des moratoires sur la peine de mort sont mis en place. Ils utilisent une approche économique : les criminels sont considérés comme des "producteur de crimes", répondant ainsi à une fonction de production, c´est à dire une équation qui lie la réalisation d´un crime ou non à différentes variables estimant les caractéristiques de chaque individu ("probabilité subjectivité" de l´individu (voir dans la rubrique suivante), le taux d´arrestation par la police, de condamnation, d'exécution). Chaque individu ayant une équation, il "suffit" de sommer toutes les équations pour obtenir l´équation générale donnant le nombre total de crimes par comté.
Des équations permettent de calculer les "probabilités subjectives" de commettre un crime en prenant en compte les dépenses pour la sécurité, les dépenses pour la justice, la pression politique mesurée par le score du candidat Républicain (droite) dans le comté, le taux d´incarcération, des variables démographiques (densité de population, sexe, age et origine ethnique), un coefficient indiquant la facilité de gagner de l´argent illégalement, le salaire par personne, le taux de chomage, les impôts, l'influence de l'Association Nationale des Armes à feu (NRA) mesurée par le nombre de personnes membres.
Les crimes inclus dans l´analyse sont les meurtres ainsi que les agressions et vols aggravés. Le panel comprend des données sur 3 054 comtés entre 1977 et 1996.
Différents modèles sont testés en faisant varier le nombre d´années prises en compte en amont d'un crime (c'est à dire en faisant varier la "mémoire judiciaire" des criminels).
Tous les modèles testés par les auteurs montrent une réponse négative du taux de criminalité avec le nombre d'arrestations, de condamnations et d'exécutions, interprété comme l'existence d'un effet dissuasif de la peine de mort.
Les auteurs quantifient même les futures victimes évitées pour chaque condamné à mort : 18 en moyenne.
Une critique fondamentale concernant cet article est l´absence (peut-être volontaire ?) de rappel des hypothèses intrinsèques à toute analyse économique. Lorsqu'on veut prédire le comportement d'agents économiques (ici les criminels qui "produisent" des crimes), les hypothèses suivantes doivent être prises en compte pour avoir le droit d´écrire les équations utilisées :
La méthodologie est similaire à celle de la référence The Deterrent Effect of Capital Punishment: A Question of Life and Death, qui sert de référence pour beaucoup d´études sur le sujet.
Evidence on the deterrent effect of capital punishment is important for many states that are currently reconsidering their position on the issue. We examine the deterrent hypothesis using county-level, post-moratorium panel data and a system of simultaneous equations. The procedure we employ overcomes common aggregation problems, eliminates the bias arising from unobserved heterogeneity, and provides evidence relevant for current conditions. Our results suggest that capital punishment has a strong deterrent effect; each execution results, on average, in 18 fewer murders with a margin of error of plus or minus 10. Tests show that results are not driven by tougher sentencing laws, and are also robust to many alternative specifications.