La chasse sélective comme cause imperceptible de l'extinction de la mégafaune pléistocène australienne
L’article a pour sujet l’hypothèse anthropique de la disparition de la mégafaune australienne, et plus particulièrement, la chasse.
La mégafaune australienne désigne l’ensemble des espèces animales de grande taille ayant brutalement disparu à la fin du Pléistocène. Leur disparition coïncidant avec l’arrivée des premiers Hommes, il y a environ 40 000 ans, et les reconstitutions paléoclimatiques n’attestant pas d’un changement ayant pu affecter ces espèces, les premiers aborigènes sont souvent considérés comme la cause la plus probable de l’extinction de la mégafaune.
Cet article propose d’expliquer comment la chasse par les aborigènes a pu causer l’extinction d’espèces de grande taille, en prenant l’exemple de Diprotodon optatum, le plus grand marsupial connu, pour exposer un modèle démographique permettant de visualiser le taux de prélèvement d’individus théoriquement suffisant pour faire s’éteindre l’espèce.
Des valeurs démographiques telles que la fertilité et le temps de génération ont été estimées pour Diprotodon optatum à partir de ce qu’on connaît chez les grands marsupiaux et autres grands herbivores actuels et de la taille et de la masse de l’animal.
Le modèle prend en considération une population de Diprotodon de 1 000 individus, une population humaine de 150 individus, et est employé pour tester une chasse non sélective, et une chasse sélective (juvénile ou adulte) selon 3 types de réponses fonctionnelles :
-I : le temps nécessaire pour consommer la proie est négligeable
-II : le temps nécessaire pour chasser la proie est négligeable
-III : une proie moins abondante est moins chassée
Les résultats concluent dans tous les cas à une extinction de la population en quelques siècles si la chasse excède le prélèvement d’une douzaine d’individus par an. Les populations de grands animaux, avec une fécondité basse et un taux de mortalité faible, supportent mal une augmentation inédite de leur mortalité (en l’occurrence, la chasse).
Les résultats de cet article sont à prendre avec beaucoup de recul. La seule activité humaine considérée est la chasse, alors que d’autres pratiques, telles que le brûlis, ont pu avoir un impact non négligeable, voire supérieur à celui de la chasse. Le seul véritable indice de l’impact humain potentiel sur l’extinction de la mégafaune est la synchronicité de son déclin avec l’arrivée de l’Homme, au delà de ça le registre archéologique est pauvre en indices. Un grand nombre d’approximations s’accumulent (de l’estimation de masse de Diprotodon à ses paramètres démographiques, en passant par la démographie humaine et le taux d’abattage) et peuvent fausser les résultats. Le modèle ne présente qu’une population de 1 000 Diprotodon pour 150 humains. Seule une espèce de la mégafaune est prise en considération.
Les noms de genres Eubalaena et Diomedea sont mal orthographiés.
Cet article expose des points plus intéressants que les résultats eux-mêmes. Il soulève le fait que les stratèges K, particulièrement les espèces que la taille adulte protège de la plupart des prédateurs, supportent mal une pression de prédation inhabituelle à l’échelle de leur évolution, à savoir la chasse par un prédateur inédit (l’Homme).
Deux articles potentiellement intéressants sont cités dans cet article : celui de Fujiwara & Caswell (2001), montrant que les populations de baleines franches de l’Atlantique Nord (Eubalaena glacialis), portées au bord de l’extinction par la chasse, peuvent être sauvées en prévenant la mort de seulement deux femelles par an ; et celui de Tuck et al. (2001), montrant que la prise accidentelle d’albatros hurleurs (Diomedea exulans) par les lignes de pêche constitue une menace sérieuse pour ces oiseaux, et donc qu’un prélèvement de proies précises peut causer des dommages collatéraux autres que la simple compétition.
Overkill by human hunting has been cited consistently as a likely cause of the Pleistocene
megafaunal extinctions in Australia, but little archaeological evidence has been found to
support the notion of prehistoric Aboriginal people engaging in specialised “big game”
hunting more than 40 millennia ago. Here we develop a demographic population model
that considers explicitly the potential impact of harvest of small, immature (and
presumably more vulnerable) individuals of the largest known marsupial, Diprotodon
optatum. We show that remarkably low levels of exploitation of juveniles (the equivalent
of one or two kills per 10 people per year) would have been sufficient to drive these large
species to extinction within centuries, as a consequence of their “slow” life-histories.
This conclusion is robust to assumptions regarding the compensatory response of the
prey species and declines in the relative efficiency of hunting as the megafaunal
populations declined. These findings dispel the idea that, at least in Australia, evidence
for a sophisticated hunting toolkit and massive kill-sites are a necessary adjunct to
“blitzkrieg”. Ironically, although the extinction event was likely geochronologically
instantaneous (given the coarse resolution of dating from that time), on the scale of
human (and megafaunal) lifetimes, the unfolding overkill would have been all but
imperceptible.