Importance relative des effets directs et indirects de la mortalité due à la chasse sur la dynamique des population d'ours bruns
La population d'ours bruns (Ursus arctos) de Scandinavie est un modèle d'étude très intéressant pour étudier les effets à la fois directs et indirects que peut avoir la chasse sur la dynamique des populations. En effet, les mâles de cette espèce pratiquent l'infanticide lors des périodes de reproduction, en éliminant les petits des autres mâles. Cette stratégie va profiter aux mâles en rendant les femelles ayant perdu leurs petits disponibles à la reproduction. Les études ont mis en évidence que le taux d'infanticide par conflit sexuel chez ces populations d'ours bruns augmente avec l'augmentation de la pression de chasse. La chasse vise préférentiellement les individus mâles adultes ce qui entraîne un turnover des mâles résidents. Plus il y a de mâles tués, plus il y a de turnover. Les mâles résidents tués à la chasse seront probablement remplacés par de nouveaux mâles, sans liens génétiques avec les petits présents sur le territoire, qui s'attaqueront probablement à ces derniers.
Les populations d'ours de Scandinavie sont suivies et les ours sont identifiés par tatouages.
Les ours sont chassés sur toute la zone d'étude, sur une période de fin août à mi-octobre. Il est interdit de tuer des ours en groupes familiaux, i-e une femelle et ses petits. Les chasseurs peuvent tuer n'importe quel ours, sans soucis d'âge ou de sexe, tant qu'il est seul. Tous les produits de la chasse à l'ours sont contrôlés par un inspecteurs de chasse, ce qui permet d'obtenir des informations sur le sexe, l'âge, le poids, la localisation, etc, des ours chassés.
L'effet de la chasse sur la population d'ours bruns a été testé en comparant les dynamiques de la population selon les différentes périodes de pression de chasse.
L'étude montre que le comportement des individus et la biologie d'une espèce ont des effets sur la croissance de la population. Ces effets peuvent s'additionner au taux de mortalité dû à la chasse et engendrer des effets négatifs supplémentaires sur la population. Par conséquent, ces facteurs doivent être pris en compte lors de l'établissement des quotas de récolte et dans la gestion de la chasse.
En somme, des facteurs additifs directs et indirects doivent donc être pris en compte afin de préserver la biodiversité.
There is increasing evidence of indirect effects of hunting on populations. In species with sexually selected infanticide (SSI), hunting may decrease juvenile survival by increasing male turnover. We aimed to evaluate the relative importance of direct and indirect effects of hunting via SSI on the population dynamics of the Scandinavian brown bear (Ursus arctos). We performed prospective and retrospective demographic perturbation analyses for periods with low and high hunting pressures. All demographic rates, except yearling survival, were lower under high hunting pressure, which led to a decline in population growth under high hunting pressure (λ = 0.975; 95% CI = 0.914–1.011). Hunting had negative indirect effects on the population through an increase in SSI, which lowered cub survival and possibly also fecundity rates. Our study suggests that SSI could explain 13.6% of the variation in population growth. Hunting also affected the relative importance of survival and fecundity of adult females for population growth, with fecundity being more important under low hunting pressure and survival more important under high hunting pressure. Our study sheds light on the importance of direct and indirect effects of hunting on population dynamics, and supports the contention that hunting can have indirect negative effects on populations through SSI.