Chasse sportive et conservation au Royaume Uni
Beaucoup d'habitats naturels se trouvent hors des aires protégées, notamment de manière fragmentée entre des zones agricoles. La conservation de ces habitats par l'état est alors difficile, surtout sur les espaces constituant des propriétés privées. Ce sont alors les propriétaires agricoles qui doivent accepter de mener et financer les différentes actions de conservation. Pour les motiver, la perspective de pouvoir chasser sur ces terres peut être importante. L'article cherche donc à déterminer si les propriétaires pratiquant la chasse ont des terres avec une biodiversité accrue par rapport à ceux qui ne chassent pas.
Les auteurs se sont concentrés sur deux types de chasse, la chasse au renard et la chasse aux oiseaux (bird-shooting), et sur deux types d'habitats, les forêts et les haies, que l'on trouve entre les terres agricoles. Ils ont d'une part mesuré la proportion de chacun de ces habitats dans trois zones d'étude en Angleterre à l'aide de photos aériennes; et ont d'autre part questionné 65 propriétaires agricoles pour connaître la taille de leur ferme, s'ils faisaient de la culture et/ou de l'élevage, leurs revenus, leur gestion des espaces inter-agricoles (plantation, chasse sur leurs terres) et s'ils étaient membres d'associations environnementales.
La mise en relation des proportions d'habitats et des activités de propriétaires agricoles montre que les chasseurs ont des terres avec une plus grande proportion de forêts que les non-chasseurs. Les chasseurs ont aussi plus planté dans le passé pour créer des habitats de forêts, bien que ce comportement soit plus visible chez les propriétaires au forts revenus que ceux aux revenus plus faibles. De la même manière, plus de haies sont plantées par les chasseurs que par les non-chasseurs. La chasse s'avère être une source de revenus conséquente pour les propriétaires, qui sont alors moins dépendants de leurs revenus agricoles. La chasse aux oiseaux offre des plus grands revenus que la chasse au renard, et c'est également elle qui a l'impact le plus visible sur l'augmentation de la proportion d'habitat.
Cet article est rigoureux car il s’appuie sur un grand nombre d'agriculteurs et prouve statistiquement ses résultats.
Cet article met en lumière un effet indirect de la chasse sur la biodiversité : la perspective de pouvoir chasser (et les revenus qui en découlent) motive les propriétaires a maintenir et créer de nouveaux habitats. La chasse peut alors avoir un effet bénéfique sur les autres espèces vivants dans les habitats des espèces chassées, notamment lorsque ces habitats sont sur des propriétés privées et ne peuvent pas être protégées par l'état.