La réduction de la transmission d'agent pathogène aux primates lors de séjour écotouristique : La nécessité d'une contribution de la médecine du voyage.
L'écotourisme est une version durable du tourisme de nature: il contribue à la conservation de la biodiversité, soutient le bien-être de la population locale, inclut un aspect éducatif, implique une action responsable de la part des touristes et de l'industrie du tourisme, requiert la consommation la plus faible possible de ressources non renouvelables, stimule l'emploi local, les propriétés privées et les affaires, notamment pour les populations rurales et est proposé majoritairement à des petits groupes et par des petites entreprises. L'écotourisme compte pour une proportion significative de l'intégralité du tourisme international et les revenus générés peuvent améliorer les opportunités économiques pour les résidents locaux, améliorer l'éducation sur l'environnement, protéger l'héritage naturel et culturel de la zone, incluant la conservation de la biodiversité et l'amélioration des installations locales. Malheureusement, le développement rapide et non surveillé de projets d'écotourisme peut entraîner une dégradation des habitats et des effets néfastes sur le bien-être des animaux. Accoutumer les animaux à la présence humaine peut accroître la probabilité que ceux-ci recherchent activement le contact avec des humains, notamment sous forme de pillage de cultures, d'invasion de fosses à ordures, de latrines et de foyers humains. L'accoutumance peut entraîner des altérations de la réponse au stress chez les animaux, ce qui peut conduire à une immunosuppression, à une vulnérabilité accrue aux maladies infectieuses et à une diminution du succès reproducteur. La pollution, la surpopulation, l'introduction d'espèces envahissantes et la transmission d'agents pathogènes par des voies d'infection directes ou indirectes peuvent également constituer un risque. L'écotourisme autour des grands singes a commencé avec les Orangs-Outans au début des années 1960, en se concentrant sur le processus de réinsertion d'individus orphelins. Ceci a été expérimenté tout d'abord en Malaisie puis en Indonésie. Le tourisme autour des gorilles a quant à lui débuté dans les années 1970 dans des pays tels que la République Démocratique du Congo et le Rwanda. La plupart des projets de tourisme autour des grands singes suivent des règles similaires visant à minimiser les potentielles perturbations sur les animaux, les impacts négatifs sur l'habitat et les risques de transmission de maladie. Cependant, des efforts restent à faire notamment autour de la collaboration entre professionnels. La commission de survie des espèces de l'Union International pour la Conservation de la Nature travaille actuellement sur les lignes directrices afin d'adopter de meilleures pratiques autour du tourisme lié aux grands singes. Ce document sert de ligne de communication entre les biologistes de la conservation, les praticiens de l'écotourisme et les spécialistes de la médecine du voyage, en particulier en ce qui concerne le tourisme basé sur les primates. Les auteurs de cette revue présentent l'idée de la création d'un groupe de travail ou d'un groupe de spécialistes dans la médecine du voyage afin de répondre à diverses problématiques :
Cette revue est très rigoureuse et se base sur de nombreuses références, révélant les cas de transmission anthropozoonotique existant.
Il est essentiel de noter, comme dit dans cette revue, que tous les évènements documentés et présumés de transmission de maladie de l'Homme à des primates non humains sauvages impliquaient jusqu'alors que des résidents locaux, des chercheurs ou du personnel du parc et non des touristes. À notre connaissance, aucune étude antérieure n'a tenté de documenter de manière adéquate la transmission de maladie par les touristes à l'aide d'échantillons biologiques. Malgré ces lacunes, les auteurs estiment que le risque de transmission d'infection anthropozoonotique par les touristes est probablement important, résultant soit d'un contact direct touriste-animal, soit de l'aérosolisation d'agents pathogènes. Cette revue nous sert aussi d'exemple de motivation dans la construction d'un débat autour de l'écotourisme et ce par une vision inter-disciplinaire (biologistes de la conservation, professionnels de la médecine du voyage notamment de la médecine tropicale).