Neuronnes miroirs, émotions incarnées et empathie
Vivre dans un environnement social requiert la capacité d'être en accord avec d'autres individus. Pour s'épanouir dans un monde social, les individus doivent avoir la capacité de comprendre ce que font les autres membres du groupe, de lire leurs émotions et d'en déduire leurs intentions. Les animaux sociaux ont développé à la fois la capacité d'affichage et la capacité de lecture des signaux, par le biais d'expressions faciales, concernant les états physiologiques ou émotionnels, ainsi que de décoder les intentions des autres. Plusieurs spécialistes s'accordent qu'à la base des réponses empathiques, il existe une réponse émotionnelle partagée (contagion émotionnelle). Ce phénomène est probablement basé sur un mécanisme de perception d'action. L'empathie peut donc être définie comme la capacité de comprendre et de partager les états internes des autres. L'empathie implique une composante affective et une composante cognitive, associés à des mécanismes neurobiologiques différents. Des études ont montré qu'observer une autre personne ressentant une sensation implique les mêmes structures neuronales que lorsque cette sensation est expérimentée directement, un phénomène appelé «représentation partagée». Un tel processus s'appuie sur des réseaux cérébraux liés à l'action qui activent des programmes sensorimoteurs similaires lors de l'observation et de l'exécution d'une action. D'un point de vue neurobiologique, un mécanisme d'appariement action-perception a été proposé pour modérer certaines formes d'empathie affective, dans lesquelles les neurones résonnent avec les états moteur et affectif d'autres individus. Les neurones miroirs, ou du moins un mécanisme de miroir, peuvent expliquer certaines formes fondamentales d'empathie affective.
Les neurones miroirs ont d'abord été décrits dans le cortex pré-moteur ventral du singe puis dans la convexité du lobule pariétal inférieur. Le fait que des neurones miroirs se trouvent dans les zones corticales motrices a conduit à l’idée que les actions des autres peuvent être traduites en un code moteur exploitant la connaissance de ses propres actions. Les réponses complexes de ces neurones sont spécifiques au type d'action. Cette caractéristique peut expliquer le fait que lors d'expériences empathiques, les sujets peuvent activer des représentations motrices partagées en exploitant plusieurs canaux sensoriels, notamment visuels, tactiles et auditifs, rendant ainsi l'expérience partagée avec un autre individu beaucoup plus riche et complexe.
Les travaux examinés ici ont démontré qu'il existe un mécanisme de base de l'émotion et qu'il est probablement responsable de formes fondamentales d'empathie affective. Dans un cas, les neurones miroirs peuvent simuler l'action observée et, en activant d'autres centres cérébraux émotionnels, sont capables de déclencher une activité dans ces centres cérébraux et d'évoquer le sentiment d'empathie. Dans l’autre cas, l’activité des neurones miroirs peut suffire à évoquer une expérience et un sentiment émotionnels similaires. Ce concept fait écho à la théorie de l'empathie de Lipps, dans laquelle la capacité d'empathie repose sur un mécanisme de projection du soi dans l'autre. Ce processus psychologique de projection est basé sur l’imitation de la partie interne de l’émotion.
Le mécanisme de miroir est une explication de la capacité des humains et des autres animaux à éprouver de l'empathie :
Cette review est tirée d'un livre portant sur les corrélats neuronaux de l'empathie du rongeur à humain, publié en 2018 par deux enseignants-chercheur du laboratoire de neurobiologie des émotions, Institut Nencki de biologie expérimentale de l'Académie des sciences de Pologne. Cette review représente le chapitre 6 du livre, et est écrite par Pier F. Ferrari, un professeur à l'université de Parme. Ces recherches portent sur la neuroéthologie du comportement social et sur les processus cognitifs qui la sous-tendent. Sur le rôle des fonctions corticales pariétales et prémotrices en relation avec la cognition sociale chez les macaques. En particulier, il s'intéresse au rôle des neurones miroirs dans le comportement social des singes.
Le deuxième auteur de cette review est Gino Coudé, un chercheur de l'université de Parme également, qui travaille aussi dans le département des neurosciences.
Cette review permet de mettre en avant un des mécanismes supposés de l'empathie. Elle renseigne sur les origines neuronales de l'empathie et sur l'importance des neurones miroirs. De plus, elle ouvre des pistes sur le fait que les neurones miroirs seraient conservés du point de vue de l'évolution et qu'ils auraient été retrouvés chez plusieurs espèces ayant des comportements sociaux. L’existence de neurones miroirs ou d’un mécanisme de mise en miroir a des implications importantes pour la recherche en neuroscience sociale et en empathie, et nous permet dans cette controverse de saisir les mécanismes neuronaux qui lierai empathie et comportement d'entraide.
Aucunes remarques sur la review.
The capacity to infer the mental state or the emotional status of other individuals is a necessity for thriving in a social environment. Social animals, and in particular primates, have evolved the capacities of displaying and reading signals about emotional status and about others’ intentions. Many scholars believe that the mirror neurons, or at least a mirroring mechanism, can account for some basic forms of empathy. Mouth mirror neurons and the mirroring of facial mimicry are probably at the basis of the capacity to be emotionally attuned with another individual. Although the embodiment of emotion cannot account for all types of empathic experience, it presents a parsimonious account of how a basic sharing of emotional experience with others might occur and how it might have phylogenetically developed.