Titre de la review

Altruisme dans les sociétés d'insectes et au-delà : volontaire ou forcé ?

Résumé de la review

L’altruisme dans la nature n’est jamais perçu aussi clairement que dans les sociétés d’insectes, dans lesquelles les travailleurs sacrifient la plupart ou la totalité de leur reproduction directe pour aider à élever la progéniture de la reine. La théorie de Hamilton sur la condition physique inclusive, montre que l’altruisme peut être favorisé, à condition que l’altruiste et le bénéficiaire soient génétiquement liés. Les sociétés d’insectes semblent correspondre à ce scénario car la plupart comprennent des groupes familiaux très liés dans lesquels les travailleurs aident à élever la progéniture de leur mère reine. Cependant, lorsque la théorie de Hamilton est appliquée, on suppose généralement que le fait qu’une personne soit altruiste volontairement et non imposé par la société. Mais est-ce vrai pour l'altruisme social des insectes ? Au cours des dernières décennies, plusieurs comportements coercitifs importants ont été découverts dans les sociétés d'insectes, allant de la mise à mort d'œufs pondus par un ouvrier, à la prévention du développement des larves en reines via le contrôle des aliments. En termes de condition physique inclusive, cette contrainte favorise l'altruisme, car elle réduit l'avantage de tenter de se reproduire directement par rapport à l'avantage d'élever des parents non descendants. C'est-à-dire qu'en empêchant la reproduction directe, la pression sociale amène les individus à acquiescer et à devenir ainsi plus altruistes. Par exemple, chez l'abeille domestique Apis mellifera, les reines s'accouplent avec plusieurs mâles et les ouvrières ne sont que faiblement apparentées. Ce qui suggèrent que les niveaux de parenté seuls dans les sociétés d'insectes ne peuvent pas causer l'extrême altruisme trouvé chez les abeilles domestiques et chez de nombreuses autres espèces, dans lesquelles très peu de travailleurs se reproduisent. Ces niveaux élevés d’altruisme des travailleurs pourraient se produire si les altruistes potentiels sont contraints, c’est-à-dire si l’altruisme est appliqué et non volontaire. Un autre exemple d'altruisme se produit dans les sociétés d'insectes lorsque les larves femelles se développent en tant que travailleuses au lieu de reines. Les larves femelles sont fortement incitées à se transformer en reines car chaque femelle est davantage liée à sa propre progéniture qu’ à la progéniture de sa sœur. Pourtant, peu de larves femelles se développent en reines. La théorie montre que ce faible niveau de production de reines ne peut être fondé uniquement sur un altruisme volontaire. En fait, des modèles montrent que si les larves d'abeilles domestiques étaient libres de choisir leur propre destin de caste, environ la moitié devraient se développer en tant que reines. La contrainte est clairement importante dans la promotion de l'altruisme dans les sociétés d'insectes. La théorie de la condition physique inclusive montre que la contrainte permet d'augmenter la reproduction totale de la colonie. La coercition et la coopération forcée ne se limitent pas aux sociétés d'insectes, mais existent également chez les vertébrés. La contrainte, chez les vertébrés, est utilisée pour promouvoir la coopération plutôt que l'altruisme. Une autre différence est que, alors que la coercition dans les sociétés d'insectes a généralement des avantages indirects en matière de fitness inclusif, dans les vertébrés sociaux et les mutualismes, elle procure généralement des avantages directs. La coercition l'est une des cause d'altruisme dans les sociétés d'insectes. Sans coercition, les sociétés continueraient de fonctionner, car le niveau de parenté de la famille suffirait à amener la plupart des individus à agir altruistiquement mais seraient moins efficace. La contrainte a principalement pour effet de modifier les coûts et les avantages d'un comportement égoïste ou altruiste et fait donc partie intégrante de la théorie de la condition physique inclusive.

Rigueur de la review

Cette revue a été cité 163 fois, écrite par Francis Ratnieks, professeur dans le laboratoire d'apiculture et d'insectes sociaux, de l'université de Sheffield. Ainsi que par Tom Wenselee, professeur dans le laboratoire d'entomologie de l'université de Leuven.

Ce que cette review apporte au débat

Cette revue permet de mettre en évidence des comportements altruistes qui ne sont pas motivé par l'empathie. En effet, l'empathie n'est pas un sentiment qui a été montrés chez les insectes, ni la présence de neurones moteurs (qui serait nécessaire pour ressentir de l'empathie). Toutefois, de nombreux comportements allant de la coopération à de l'extrême altruisme sont observés chez de nombreuses espèces et sont souvent à la base de ces sociétés. Il est mis en avant, dans cette revue, que la contrainte serait le réel moteur de ces comportements au sein d'une colonie. Cette revue, apporte donc un argument dans notre controverse comme quoi l'empathie n'est pas forcément le moteur de comportement d'entraide.

Remarques sur la review

Cette revue comporte un glossaire qui permet de bien savoir comment les auteurs définissent les termes qui utilisent, ce qui me semble important au vu des nombreuses définitions d'empathie, d'altruisme utilisé dans la littérature scientifique.

Publiée il y a plus de 5 ans par M. Fernandez.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.
Review : Altruism in insect societies and beyond : voluntary or enforced ?
  • 1 1
  • Auteurs
    Francis L. W. Ratnieks & Tom Wenseleers
  • Année de publication
    2008
  • Journal
    Ecology & Evolution
  • Abstract (dans sa langue originale)

    The altruism of insect workers has puzzled researchers for decades. Inclusive fitness theory suggests that high relatedness has been key in promoting such altruism. Recent theory, however, indicates that the intermediate levels of relatedness found within insect societies are too low to directly cause the extreme altruism observed in many species. Instead, recent results show that workers are frequently coerced into acting altruistically. Hence, the altruism seen in many modern-day insect societies is not voluntary but enforced. Here, we also consider the role of coercion in promoting altruism and cooperation in other social systems, such as vertebrate and human societies, and interspecific mutualisms.

  • Identifiant unique
    https://doi.org/10.1016/j.tree.2007.09.013
  • Accéder à la référence
  • Apparait dans la controverse
    L'empathie est-elle le moteur nécessaire de l'existence de comportements d'entraide ?
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