Définition et évaluation de la douleur animale
Cette revue propose d'actualiser la définition et l'évaluation de la douleur chez les animaux, en s'appuyant sur différentes études. La première étude sur laquelle est basée cette revue est une revue de Bateson's (1991) traitant de la capacité de différentes espèces animales à percevoir la douleur à travers plusieurs critères prédéfinis tels que la présence de nocicepteurs avec des connexions vers une structure cérébrale capable de traiter l'information de la douleur. Ces éléments ont été critiqués dans l'article de Rose et al, 2014 car considérés comme dépassés.
Cette revue ci se base sur l'étude de la notion et la fonction de la douleur, en la distinguant de la nociception, avec un regard sur la structure de l'appareil neural chez différents taxa du règne animal, notamment chez des Invertébrés (Mollusques, Décapodes et Insectes).
Tout d'abord, cette revue insiste sur la différence la nociception et la perception de la douleur : la nociception est une perception sensorielle basique détectant une atteinte à l'intégrité physique de l'individu, alors que la perception de la douleur induit un comportement montrant une forme de souffrance et d'évitement du stimulus négatif chez l'individu. La difficulté à différencier ces deux points chez les animaux vient dans la difficulté de reconnaître ces comportements pouvant être très différents de ce qu'on connait chez l'humain, de la même façon que leur neuroanatomie et la multifonctionnalité des nocicepteurs. Certains chercheurs ont considéré qu'il n'y avait pas assez de preuves pour montrer que les animaux peuvent percevoir la douleur (e.g. Allen et al, 2005) alors que d'autres considèrent avec des études similaires que de nombreux taxa en sont capables à différents niveaux (e.g. Shriver, 2006).
D'un point de vue fonctionnel, les pressions évolutives sur les nocicepteurs ont pu être différentes en fonction du type de stimuli auxquels les taxa ont été exposés dans leur environnement, renforçant l'idée que la douleur peut être perçue à différents niveaux et formes d'expression. En effet, cette perception aurait une fonction adaptative de survie chez les animaux leur permettant d'éviter les dangers pouvant leur porter atteinte dans leurs habitats. Elle dépendrait aussi de la proportion de certaines fibres sensorielles reliées à la partie cérébrale correspondant au système nerveux central (SNC).
Différents critères ont été établis sous deux principes clés afin de déterminer la capacité potentielle de perception de la douleur chez différents taxa Vertébrés et Invertébrés. Chez les Mollusques, plus précisément les Céphalopodes avec leur système nerveux complexe, il a été démontré une augmentation de la sensibilité des nocicepteurs au niveau d'une blessure, ainsi qu'une augmentation de la réactivité à détecter la source d'un stimulus : néanmoins, ces réponses ne nécessiteraient peut être pas un traitement de l'information via le SNC. Des études complémentaires sont donc nécessaires. Chez les Décapodes, des comportements similaires à ce qu'on peut observer chez les Vertébrés sont notés en cas de blessure (e.g. frottements prolongés de l'endroit endommagé), ainsi que différences réponses physiologiques dues à un stress (e.g. hausse de la sérotonine), traduisant d'une forte probabilité de perception de la douleur chez ces organismes. Chez les Insectes, leur grande diversité fait qu'on observe, selon les espèces, des réponses traduisant une simple nociception tout comme des réponses comportementales et physiologique s'apparentant à une réelle perception de douleur, rendant la détermination plus complexe.
En définitive, l'ensemble des études et informations rassemblées dans cette revue montre que de nombreux animaux seraient capables de ressentir de la douleur en plus de la nociception. Néanmoins, des études complémentaires avec des outils d'évaluation plus précis sont nécessaires pour combler le manque de connaissances, notamment sur les aspects et fonctions neuroanatomiques et neurologiques de certains taxa.
Bien que cette revue est basée sur de nombreuses références bibliographiques, on note que les auteurs ont cités plusieurs articles qu'ils ont eux-mêmes rédigés (seuls ou avec d'autres collègues). Cette auto-citation peut être considérée comme un moyen d'appuyer plus facilement leurs idées et leur point de vue sur le sujet traité de façon non objective.
Cette revue souligne la difficulté de différenciation entre nociception et perception de la douleur chez les animaux, en montrant que ce n'est pas parce que les mécanismes comportementaux, physiologiques et neurologiques diffèrent de ce qu'on trouve chez les Vertébrés, notamment chez l'humain, que cela traduit obligatoirement l'absence de ressentis potentiels de douleur chez les Invertébrés. Il est donc possible que la douleur est plusieurs définitions selon le taxa observé. Il est également possible que certaines espèces imitent des comportements relatifs à de la douleur sans réellement la percevoir physiologiquement et neurologiquement.
The detection and assessment of pain in animals is crucial to improving their welfare in a variety of contexts in which humans are ethically or legally bound to do so. Thus clear standards to judge whether pain is likely to occur in any animal species is vital to inform whether to alleviate pain or to drive the refinement of procedures to reduce invasiveness, thereby minimizing pain. We define two key concepts that can be used to evaluate the potential for pain in both invertebrate and vertebrate taxa. First, responses to noxious, potentially painful events should affect neurobiology, physiology and behaviour in a different manner to innocuous stimuli and subsequent behaviour should be modified including avoidance learning and protective responses. Second, animals should show a change in motivational state after experiencing a painful event such that future behavioural decision making is altered and can be measured as a change in conditioned place preference, self-administration of analgesia, paying a cost to access analgesia or avoidance of painful stimuli and reduced performance in concurrent events. The extent to which vertebrate and selected invertebrate groups fulfil these criteria is discussed in light of the empirical evidence and where there are gaps in our knowledge we propose future studies are vital to improve our assessment of pain. This review highlights arguments regarding animal pain and defines criteria that demonstrate, beyond a reasonable doubt, whether animals of a given species experience pain.