La restauration écologique comme nouveau paradigme d’aménagement ?
La gestion des cours d’eau amène à des incompréhensions d'ouvrages (digues, canaux, quais, certains fonctionnels d’autres hérités). Tous ces aménagements ont entrainé des déséquilibres dans le fonctionnement des hydrosystèmes actuels. Cette gestion très intrusive est remise en cause surtout avec le changement climatique et les normes de la DCE. La renaturation semble être une solution.
Les milieux fluvio-estuariens sur la Garonne et la Gironde connaissent de nouvelles mesures de gestion (dépoldérisation, reconquêtes des espaces de liberté du fleuve). L’étude de la « zone verte » de la Garonne, à forts enjeux socioéconomiques (usages urbains, agricoles, populicoles), est au cœur des réflexions pour sa renaturation. L’estuaire de la Gironde est le dernier lieu d’Europe de l’ouest où 11 espèces de poissons migrateurs sont présentes. Une analyse comparative et multidisciplinaire (géohistoire, géographie, écologie, sociologie, géochimie) permet d’aborder les différents intérêts de la démarche.
Cet article résume les différentes étapes de la gestion du cours d’eau au cours du temps avec une accélération des processus d’aménagements vers 1950 :
Fixer le tracé pour favoriser l’accès des bateaux puis l’agriculture intensive (rattachement des îles entre elles et à la terre ferme, fermeture des bras secondaires, des rescindements, des enrochements).
Assécher les zones humides pour conquérir des terres (poldérisation dès XVIe siècle).
Protéger en édifiant des digues pour contenir les inondations (d’abord gestion des inondations par les particuliers puis par les syndicats).
Réguler les débits et creuser le lit pour améliorer le chenal de navigation (en resserrant la largeur du lit pour concentrer le courant en un seul chenal, fermeture des bras secondaires).
Les effets du réchauffement climatique (surcotes marines, modification du régime des crues, inondations) accentuent les dysfonctionnements liés au paradigme d’aménagement interventionniste. Ces derniers ont eu pour conséquences la modification de l’écoulement (rapidité des crues), l’incision du lit mineur (érosion des berges, ouvrages menacés…), la disparition ou la régression de la ripisylve, l’assèchement des marais, la migration du bouchon vaseux. La restauration écologique apparait comme un nouveau paradigme de gestion. Sauvegarder, rouvrir d’anciens bras ou mettre un espace de liberté (espace de divagation) permettraient de maintenir des défenses contre les inondations, les tempêtes et les surcotes. Les paysages maritimes et fluviaux, retrouveraient des fonctions écologiques. Mais l’évaluation du risque géochimique a identifié une potentielle rétroaction négative en rouvrant les bras anciens. La remobilisation des sédiments (anciennement pollués) entrainerait une pollution polymétallique.
La revue, Cahiers de Géographie du Québec, publie des articles consacrés à la recherche théorique et appliquée en géographie humaine. Les articles soumis doivent inclure certains points (une problématique, un ancrage à la littérature...).
Il ne semble avoir aucun conflit d'intérêts. C'est un article scientifique rédigé par 10 auteurs de différentes disciplines.
La restauration écologique est ici décrite, comme un ensemble d'actions humaines ayant pour but de reconstituer des écosystèmes dégradés voire, détruits par l'être humain lui-même. Cette approche, développée dans les années 1970, fait l'objet de nombreux colloques scientifiques. La pluridisciplinarité (géochimie et sociologie) de cette étude met en avant un certain nombre d’ambigüités, de paradoxes et de difficultés qui sont en contradiction avec les promesses de la restauration écologique. L’exemple de la dépoldérisation illustre cela (l’eau devrait reprendre ses droits, mais il y a un risque de contamination géochimique important par remanient de sédiments).
Les différents acteurs (coalition d’agricultures, SAGE) sont en désaccord sur la gestion des cours d’eau, en particulier sur la création de zones d’expansions des crues. Certains considèrent que c’est un renoncement au progrès et un aveu d’impuissance. Pourtant la restauration écologique émerge comme solution à la prévention des crues.
Cet article est, de mon point de vue, complet avec une bonne remise dans le contexte historique pour une meilleure compréhension des controverses actuelles.
<jats:p>Bien que les politiques aménagistes aient permis d’améliorer la maîtrise globale des fleuves, elles ont également généré de nombreuses perturbations et altérations. Aujourd’hui, la restauration des cours d’eau fait l’objet de nouvelles expérimentations. Dans le sud-ouest de la France, sur le fleuve Garonne et dans l’estuaire de la Gironde, elles se traduisent notamment par des remises en eau des marais, liées au passage de tempêtes (dynamique de dépoldérisation). Plus en amont, dans la moyenne Garonne toulousaine, les réflexions en cours concernent la réouverture de bras morts ou la création de zones d’expansion de crues. Nous proposons d’examiner l’émergence de ce nouveau paradigme, dans une perspective pluridisciplinaire, par une évaluation géohistorique, géochimique, écologique et sociologique./jats:p