Des espèces de pollinisateurs non-natives pour compenser la perte d'espèces endémiques
La pollinisation par les animaux est nécessaire pour une très grande majorité des plantes à fleurs. De nombreuses études ont montré que la pollinisation diminue parallèlement à la diversité spécifique. L'attraction des pollinisateurs peut se faire via la promesse d'une récompense (du nectar par exemple) et de nouveaux pollinisateurs peuvent profiter de ces récompenses en pollinisant les fleurs, compensant la perte de leur pollinisateur d'origine.
L'objectif de cette étude est d'identifier si la perte de pollinisateurs endémiques implique le déclin de la pollinisation de plantes endémiques ou bien si de nouvelles espèces (non-natives) compensent la perte des pollinisateurs natifs.
Trois plantes endémiques néozélandaises ont été étudiées car elles sont visitées par différentes espèces et produisent beaucoup de nectar pour attirer des vertébrés.
Différents sites, intacts et envahis par des espèces non-natives, ont été étudiés afin de quantifier l'impact de différents pollinisateurs sur la reproduction de ces plantes natives. Pour cela, les auteurs ont mis en place un système pour discriminer les différents pollinisateurs qui peuvent visiter les fleurs (cages et sacs).
L'auto-fécondation est généralement faible pour les espèces étudiées, mais les plantes se reproduisent quand même. Les sites envahis ont presque perdu tous leurs vertébrés endémiques pollinisateurs. Cependant, des vertébrés non-natifs (passereau et rat noir) participent à la pollinisation de ces plantes, compensant la perte des espèces endémiques. Le fait que ces plantes aient des fleurs assez généralisées permet de maintenir une pollinisation à un taux suffisant pour la reproduction, contrairement à d'autres espèces qui sont adaptées à un seul pollinisateur.
Cet article n'étudie que trois espèces de plantes. C'est déjà une grande avancée pour la recherche mais les conclusions sont assez limitées et ne peuvent être extrapolées. De plus, il est difficile de qualifier avec certitude qui visite telle fleur, et donc les résultats peuvent être biaisés.
Cet article apporte une preuve que des espèces non-natives sont capables de remplacer fonctionnellement des espèces natives. Il montre également que des espèces non-natives considérées comme invasives à l'origine (le rat noir, à l'origine du déclin de nombreux pollinisateurs endémiques ; et le passereau, voleur de nectar) peuvent aujourd'hui participer activement au maintien d'un écosystème, voire à sa restauration. Même si elles sont en partie responsables de cette déstabilisation, ces espèces doivent aujourd'hui être prises en compte dans les processus à mettre en place en vue de préserver la biodiversité végétale de la Nouvelle-Zélande.
Reported declines of pollinator populations around the world have led to increasing concerns about the consequences for pollination as a critical ecosystem function and service. Pollination could be maintained through compensation if remaining pollinators increase their contribution or if novel species are recruited as pollinators, but empirical evidence of this compensation is so far lacking. Using a natural experiment in New Zealand where endemic vertebrate pollinators still occur on one offshore island reserve despite their local extinction on the adjacent North Island, we investigated whether compensation could maintain pollination in the face of pollinator extinctions. We show that two recently arrived species in New Zealand, the invasive ship rat (Rattus rattus) and the recent colonist silvereye (Zosterops lateralis; a passerine bird), at least partly maintain pollination for three forest plant species in northern New Zealand, and without this compensation, these plants would be significantly more pollen-limited. This study provides empirical evidence that widespread non-native species can play an important role in maintaining ecosystem functions, a role that needs to be assessed when planning invasive species control or eradication programmes.