Titre de l'article

Divergence évolutive rapide à large échelle de la morphologie et de la performance associée avec exploitation d'une ressource alimentaire différente

Introduction à l'article

L'évolution et les mécanismes de spéciation des organismes ont longtemps été considérés comme des processus graduels et longs. De récentes études tendent à montrer que l'évolution adaptative rapide est commune et peut même être considérée comme la règle plutôt que l'exception. Seulement, peu de choses sont connues sur l'implication de tels changements morphologiques et de performance de l'organisme sur la structure des populations et l'écologie comportementale. Malgré le fait que les réponses microévolutives aux changements environnementaux soient bien documentées , il reste à comprendre comment de tels changements à petite échelle peuvent engendrer l'émergence de nouvelles structures à une échelle macroévolutive.

Expériences de l'article

En 1971, cinq pairs d'adultes de l'espèce de lézard Podarcis sicula ont été retirés de la petite île de Pod Kopiste (0.09 km²) et introduits sur la petite île environnante de Pod Mrcacu (0.03 km²), au sud de la mer Adriatique en Croatie. L'île de Pod Mrcacu était originellement habité par l'espèce de lézard P. mellicinensis. Des visites répétées à partir de 2004 ont montré que cette précédente espèce avait disparu.
Des analyses génétiques sur ADN mitochondrial ont été réalisé sur les populations des deux îles. Des mesures morphologiques ont été réalisées sur un total de 258 adultes entre les deux populations. Des mesures biomécaniques ont aussi été réalisées au niveau de la mâchoire. La mesure de la force de morsure a été mesurée sur 100 individus. Le contenu stomacale de 330 individus a été analysé.

Résultats de l'article

L'analyse génétique montre que les deux populations sont génétiquement indistinctes, la population de Pop Mrcacu appartenant bien à l'espèce P. sicula.
L'analyse morphométrique montre que les lézards de Pod Mrcacu possédent une tête significativement plus grande, plus large et plus longue. Ces différences morphométriques se traduisent par des différences significatives dans la force de morsure entre les deux populations.
Il est aussi montré que la population de Pod Mrcacu consomme significativement plus de matière végétale comparée à la population ancestrale. Ce changement d'alimentation résulte d'une évolution brutale de la morphologie de l'intestin avec l'apparition de valves sécales, structures déterminantes dans l'herbivorie et permettant d'accueillir des micro-organismes commensaux (nématodes). Moins de 1% des espèces connues de squamates possèdent de telles structures traduisant la nature inusuelle de ces structures au sein de cette population

Rigueur de l'article

Même s'il est question dans l'article d'une divergence évolutive d'une population, l'échelle géographique est peut-être a manipuler avec précaution. L'île où la divergence évolutive opère possède une superficie de 0.03 km². Il se peut que le processus mis en évidence ici soit symptomatique du contexte insulaire particulier, et donc anecdotique.

Ce que cet article apporte au débat

Cette étude montre qu'en seulement 36 ans l'introduction d'une espèce dans un nouvel environnement peut engendrer d'importantes différenciations morphologiques et de performances avec un taux de divergence phénotypique relativement élevé.
Cette étude montre comment de rapides changements phénotypiques peuvent affecter la structure de la population (augmentation de la densité) et la structure sociale (abandon du comportement de défense du territoire) en lien avec le changement de ressource exploitée.
Même s'il n'est pas encore question de spéciation, ces travaux montrent bien que par un processus allopatrique il est possible d'observer une divergence évolutive forte et rapide (36 ans) entre deux population affectant l'histoire de vie et l'écologie comportementale de l'animal. Ces résultats va dans le sens de façon frappante des équilibres ponctués.

Remarques sur l'article

Les lézards ont été introduits sur l'île de Pod Mrceca en 1971 par l'équipe du professeur Eviatar Nevo. Le projet n'a pu être suivi par l'équipe à cause de conflits yougoslaves ayant entrainé une interdiction de poursuivre l'étude.

Publiée il y a plus de 8 ans par Séb.
Dernière modification il y a plus de 8 ans.
Article : Rapid large-scale evolutionary divergence in morphology and performance associated with exploitation of a different dietary resource
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  • Auteurs
    Anthony Herrel, Katleen Huyghe, Bieke Vanhooydonck, Thierry Backeljau, Karin Breugelmans, Irena Grbac, Raoul Van Damme, and Duncan J. Irschick
  • Année de publication
    2008
  • Journal
    PNAS
  • Identifiant unique
    10.1073/pnas.0711998105
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  • Apparait dans la controverse
    L'évolution des organismes se fait elle graduellement ou par saut ?
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  • L'évolution des organismes se fait elle graduellement ou par saut ? Gradualisme ou Equilibres ponctués
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