Titre de la review

Une perspective évolutive neurocomportementale sur les mécanismes sous-jacents à l'empathie

Résumé de la review

L'aptitude à la reproduction et la survie des mammifères dépendent essentiellement de la capacité des membres de la population à communiquer entre eux, à partager des informations sur leurs émotions et leurs intentions et à répondre de manière appropriée aux besoins de leur progéniture ou de leurs proches. Bien que les individus puissent développer une variété de compréhension des autres, l'empathie implique plus que de simples compréhensions ou des attentes. Lorsque les individus font preuve d'empathie, ils ressentent indirectement les émotions des autres, ce qui non seulement favorise la communication affective mais, en fonction du contexte, des relations sociales peuvent l'inciter à adopter un comportement social. Il existe de nombreuses preuves suggérant que l'empathie repose sur des fondements évolutifs, neuroendocriniens et neurophysiologiques profonds. Une source probable de réponses empathiques chez les mammifères provient de la pratique phylogénétique ancienne consistant à prendre soin de sa progéniture. Les soins parentaux ont donc procuré un avantage à certaines espèces qui en prenant soin de leur progéniture suffisamment longtemps pour qu’elles puissent se reproduire ont permis la transmission de leur propre patrimoine génétique et ainsi sélectionner ce comportement. En conséquence, la capacité de percevoir et de réagir avec soin aux expressions émotionnelles chez une progéniture, c'est-à-dire d'émettre et de comprendre des comportements empathiques rudimentaires, contribue à l'héritage génétique d'un individu. Ainsi, l'empathie peut être considérée comme une adaptation évoluée pour répondre avec soin aux besoins de la progéniture.
L'empathie n'est pas un phénomène tout ou rien, ni automatique ni réflexive, de nombreux facteurs sociaux et contextuels affectant son induction et son expression. Il découle de mécanismes sous-corticaux anciens évolutifs associés à la sensibilité affective, à l'attachement et aux soins parentaux de jeunes. Les comportements liés à l'empathie ont également favorisé des processus homéostatiques plus primitifs impliqués dans les systèmes de récompense et de douleur afin de faciliter divers processus d'attachement social. Un exemple frappant de la représentation évolutive de la fonction neurobiologique peut être vu dans la relation entre l'ocytocine, un neuropeptide, et le comportement social des mammifères.
Cette perspective évolutive est compatible avec les hiérarchies imbriquées cerveau-esprit, qui suppose que les émotions humaines peuvent se propager à travers des congénères similaires, à d’autres espèces de mammifères et que, parfois, ces émotions partagées peuvent faciliter la préoccupation empathique, ce qui favorise les comportements prosociaux et l’altruisme.
Les processus émotionnels primaires, où des sources d'empathie peuvent survenir, se coordonnent avec les mécanismes d'apprentissage et de mémorisation du processus secondaire (Savoir ce que les autres ressentent). Ces deux processus interagissent ensuite avec des processus mentaux supérieurs, qui peuvent exercer diverses influences descendantes sur la régulation des tendances empathiques (Le désir de réagir avec compassion à la détresse des autres). Une fois que la capacité empathique a évolué, elle s’est exprimée en dehors du contexte de la garde parentale. L'empathie peut s'étend au-delà de ses origines évolutives, allant au-delà de la forme physique inclusive des membres de la famille et des groupes sociaux.
Des mécanismes neurobiologiques similaires qui régulent le comportement parental, l'attachement et le traitement affectif chez tous les mammifères interagissent avec les systèmes corticaux plus récents façonnés par les contextes sociaux, culturels et éducatifs, afin de produire les formes flexibles et généralisées de soins nourriciers trouvées chez l'homme.

Rigueur de la review

La rédaction de cet article a été financée par des subventions accordées au Dr Jean Decety, professeur à l'université de Chicago. Il travaille dans les départements de neurophysiologie clinique et de neuroradiologie. Il est un spécialiste de neurosciences sociales et ses recherches se focalisent sur le développement et les mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent l’empathie, le jugement moral, la sensibilité à la justice, ainsi que d’autres domaines liés à la façon dont l'Homme pense et agis dans des situations sociales.

Ce que cette review apporte au débat

Cette revue apporte une vision évolutive de plus par le biais des soins parentaux de l'empathie, elle permet de mieux cerner les mécanismes de l'empathie et sa sélection au cours de l'évolution.
Cette revue permet détailler l'introduction de notre controverse et permet d'approfondir les mécanismes de l'empathie afin de bien comprendre ce concept, afin d'exploiter au mieux les études de cas dans la suite de notre synthèse.

Remarques sur la review

Points clés de la revue :

  • Une perspective neuro-évolutive consiste à envisager l'empathie dans un cadre qui reconnaît à la fois les continuités et la variation des comportements analogues à l'empathie sur le spectre phylogénétique.
  • L'empathie est cruciale pour vivre dans des groupes sociaux et prendre soin des autres.
  • Le comportement empathique d'aide a évolué en raison de sa contribution à la santé génétique.
  • L'empathie repose sur des mécanismes sous-corticaux anciens évolutifs (circuits du tronc cérébral, de l'amygdale et de l'hypothalamus) associés à la sensibilité affective, à l'attachement et au soin parental des jeunes.
  • Chez l'homme, l'empathie est aidée par d'autres capacités cognitives générales, telles que les fonctions exécutives, la théorie de l'esprit et le langage, façonnées par les contextes sociaux et culturels.
  • L'évolution résulte en une stratification neurologique progressive qui permet une représentation à plusieurs niveaux de la fonction.
Publiée il y a plus de 5 ans par M. Fernandez.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.
Review : A neurobehavioral evolutionary perspective on the mechanisms underlying empathy
  • 1 1
  • Auteurs
    Jean Decety, Greg J. Norman, Gary G. Berntson, John T. Cacioppo
  • Année de publication
    2012
  • Journal
    Progress in Neurobiology
  • Abstract (dans sa langue originale)

    In mammals, empathy is crucial for living in social groups and caring for others. In this paper, we consider the structural and functional organization of empathy. We propose that empathy subsumes a variety of neurobiological processes and partially dissociable information processing subsystems, each of which has a unique evolutionary history. Even the most advanced and flexible forms of empathy in humans are built on more basic forms and remain connected to core subcortical and neurohormonal mechanisms associated with affective communication, parental care and social attachment processes. Considering empathy within a framework that recognizes both the continuities and the changes within a phylogenetic perspective provides a richer understanding of empathy and related neurobehavioral processes.

  • Identifiant unique
    https://doi.org/10.1016/j.pneurobio.2012.05.001
  • Accéder à la référence
  • Apparait dans la controverse
    L'empathie est-elle le moteur nécessaire de l'existence de comportements d'entraide ?
  • Comment les contributeurs jugent la qualité scientifique de cette référence :

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