Les invertébrés peuvent-ils souffrir? Quel est le degré de robustesse de l'argument par analogie?
Dans cette revue Sherwin traite de la fiabilité de la méthode d’analyse de la douleur par analogie avec l’Homme. En effet, l’état mental négatif associé à la douleur est une expérience dite « privée ». Ainsi, nous ne pouvons la mesurer chez d’autres organismes que ce soient des vertébrés ou des organismes invertébrés. De ce fait la capacité d’un organisme à souffrir est mesuré par analogie, de type comportemental, avec l’humain. Les preuves avancées sur l’incapacité des invertébrés à souffrir sont, selon Sherwin, faites sur la base de généralités disant que les invertébrés sont moins aptes à souffrir car ils ont une faible capacité d’apprentissage, peu de mémoire et n’ont pas de réponse comportementale à des stimuli douloureux. Ainsi, cette revue expose les preuves contredisant les généralités établies sur les invertébrés.
En effet, alors que la manque de mémoire est une généralisation sur les invertébrés qui pourraient en faire des être moins capables de souffrir, Sherwin met en évidence d’une part qu’il ne s’agit pas d’un bon argument car les personnes avec un trouble de la mémoire n’ont jamais été considérés comme incapable de souffrir. De plus, il appuie, avec ses différentes citations, que les invertébrés une mémoire à court et long terme et que, tout comme les humains, cette mémoire se dégrade avec l’âge ce qui sont des caractéristiques semblables à la mémoire de vertébrés.
Sherwin contredit également l’argument de la capacité limité d’apprentissage en indiquant que les invertébrés présentent une forme complexe d’apprentissage. En effet, ils seraient dotés d’un apprentissage social, c’est-à-dire qu’ils seraient capables d’apprendre en observant les autres individus. Les invertébrés seraient également capables d’apprendre par expériences (positive ou négatives) ce qui selon lui indiquerait qu’ils sont capables de faire des choix et seraient donc doté d’une certaine conscience.
L’auteur met également en évidence d’autres capacités qui pourraient être associées à une forme de conscience comme la tromperie (mimer des situations pour induire la proie en erreur) ou encore la capacité à faire un choix par rapport à une préférence ce qui suggère la présence de sentiments/de motivation. De plus, il souligne que l’environnement d’élevage à un impact sur les capacités des invertébrés et que ce caractère est pris en compte dans de nombreuses études sur le bien-être animal réalisées chez les vertébrés.
Pour finir, Sherwin s’intéresse aux arguments disant que les invertébrés n’ont pas de réponse comportementale à des stimuli douloureux comme des mécanismes de protection pour un membre blessé (boitement) ou arrêter de se nourrir. Pour contredire cet argument, il affirme que certains vertébrés optent également pour ce comportement, ne pas montrer sa douleur, car il pourrait s’agir d’un avantage évolutif pour la survie. De plus, il souligne que certaines études mettent en évidence un comportement de fuite ou de modification comportementale face à des stimuli associés à une situation pouvant être inconfortable ou de douloureuse et que trop de stimuli négatifs induisent une léthargie, une absence de fuite ce qui pourrait correspondre au comportement lascif ou dépressif chez les vertébrés
En conclusion, l’auteur affirme que le manque de preuve concernant la douleur chez les invertébrés n’est pas une preuve en soi, et qu’il peut s’agir d’un manque de technique pour l’étudier. De plus, pour lui, l’analyse par analogie à des comportements humain face à la douleur ne peut être utilisée chez toutes les espèces et dans toutes les situations car l’expérience mentale négative étant privée nous ne pouvons être sûr qu’elle s’exprime et se mesure de la même manière chez les autres organismes.
L'auteur de cette revue est toujours associé à des papiers en faveur de la douleur chez les invertébrés ce qui peut indiqué un biais dans l'analyse. En effet, seuls les papiers ayant des résultats en faveur de la douleur chez ces organismes sont cités.
Cette revue permet de critiquer les aspects techniques de l'étude de la douleur en observant que nous manquons de techniques et de comparaisons fiables en montrant que la méthode par analogie n'est pas envisageable comme seul moyen d'étude.
De plus, cette revue permet de faire un bilan sur les caractéristiques telles que la mémoire, l'apprentissage et le comportement chez les invertébrés, qui sont des caractéristiques très étudiés dans les domaines du bien-être animal.
Cette revue fait appel à de nombreux modèles d'étude différents. En effet chaque contre arguments est basé sur des études réalisées sur des invertébrés de tout type, insectes, mollusques, .. Il aurait pu être intéressant de faire le bilan par groupe pour mieux cerner les connaissances sur chacun.
It is apopular notion that, compared to vertebrates, invertebrates have a reduced capacity to experience suffering. This is usually based on arguments that invertebrates show only simple forms of learning, have little memory capacity, do not show behavioural responses to stimuli that would cause 'higher' vertebrates to exhibit responses indicative of pain, and have differences in their physiology that would preclude the capacity for suffering. But, how convincing is this 'evidence' of a reduced capacity to suffer? Suffering is a negative mental state - a private experience - and, as such, it cannot be measured directly. When assessing the capacity of an animal to experience suffering, we often compare the similarity of its responses with those of 'higher' animals, conceptualized in the principle of argument-byanalogy. By closely examining the responses of invertebrates, it can be seen that they often behave in a strikingly analogous manner to vertebrates. In this paper, I discuss published studies that show that invertebrates such as cockroaches, flies and slugs have short- and long-term memory; have age effects on memory; have complex spatial, associative and social learning; perform appropriately in preference tests and consumer demand studies; exhibit behavioural and physiological responses indicative of pain; and, apparently, experience learned helplessness. The similarity of these responses to those of vertebrates may indicate a level of consciousness or suffering that is not normally attributed to invertebrates. This indicates that we should either be more cautious when using argument-by-analogy, or remain open-minded to thepossibility that invertebrates are capable of suffering in a similar way to vertebrates.