Ecosystem restoration with teeth : what role for predators?
Sur les bases que les prédateurs offrent à l’écosystème un pouvoir tampon contre les invasions biologiques, la transmission de maladies, et plus généralement, une meilleure résilience des écosystèmes, cette publication se propose de faire une revue de la littérature scientifique sur les rôles écologiques des prédateurs (ordre : carnivora) ainsi que leurs utilités potentielles dans la restauration des écosystèmes.
A travers l’analyse de travaux sur l’introduction, la ré-introduction ou la disparition de différents prédateurs dans certaines régions du monde, l’étude met en évidence quatre obstacles concernant l’utilisation de prédateurs dans la restauration des écosystèmes.
Le premier élément concerne la méconnaissance des interactions complexes et multiples que peuvent avoir les prédateurs sur leur écosystème. Cette compréhension permettrait de prédire l’évolution d’un écosystème en fonction de la présence ou non d’un prédateur donné.
Pour illustrer leur propos, les auteurs se basent sur des études illustrant la théorie « mesopredator release hypothesis » (MHR). Cette hypothèse suggère qu’en l’absence (ou déclin) de grands prédateurs, la population des prédateurs moyens va croitre, ce qui aura une influence non négligeable sur leurs proies. Selon ces travaux, ces impacts peuvent avoir des conséquences écologiques variables voire opposées en fonction de l’écosystème donné (notamment suivant des facteurs tels que la productivité et la diversité en espèces de l’écosystème). Ainsi, chaque écosystème est bien particulier, et les analyses effectuées sur un écosystème sont difficilement extrapolables à d’autres.
Le second facteur concerne la méconnaissance du comportement des prédateurs. En effet, selon les auteurs, pour mettre en place des mesures de conservation, il est plus important de considérer la fonction écologique d’un organisme que son identité (position taxonomique) ou son origine (natif ou introduit). Pour cela ils s’appuient notamment sur des études qui montrent que, dans un écosystème où les grands prédateurs ont disparu, lorsqu’une espèce invasive va utiliser cette niche écologique vide, elle peut jouer le rôle de tampon pour d’autres espèces invasives et seront donc bénéfiques pour la biodiversité.
Le troisième point qu’ils dégagent, est qu’il est important d’étudier le comportement et la structure sociale des espèces en plus de leur abondance pour une gestion et conservation correcte des écosystèmes. Par exemple, le contrôle létal de certain prédateur, s’ils vivent et chassent en meute, peut entrainer une désorganisation profonde des liens sociaux et avoir un effet imprédictible sur les écosystèmes. De plus, les effets des prédateurs sur leur proie ne sont pas linéaires, leur présence ou absence influe, non seulement sur l’abondance mais également le comportement de leur(s) proie(s), ce qui peut avoir un impact écologique considérable. Ainsi, prendre en compte comportement et abondance des prédateurs permettraient de mieux prédire l’évolution des écosystèmes.
Enfin, les écosystèmes ayant une faible diversité et très altérés par l’homme, ont une faible résilience et sont particulièrement sensibles aux perturbations, aussi, par manque de connaissances appropriées, les gestions de conservation échouent souvent à leur restauration. Les auteurs concluent donc que les études doivent explorer les facteurs précédemment cités pour clarifier le rôle fonctionnel et l’utilité des prédateurs dans ce contexte. En outre, les initiatives de restauration peuvent avoir des effets négatifs, notamment sur l’élevage, sur les espèces en danger d’extinction et pour les Hommes. En ce sens, les études futures concernant la restauration des écosystèmes avec les prédateurs, devraient, selon les auteurs, incorporer la biodiversité et les interactions qu’on les prédateurs avec celle-ci sur de longues périodes, ainsi que l’aspect économique et social en évaluant les gains et coûts impliqués pour maintenir ou restaurer les prédateurs.
La quantité de bibliographie disponible sur le sujet est certainement confondante avec la distribution géographiques et les expériences de ré-introductions réalisées (par exemple, l'Australie est connue pour rencontrer de nombreux problèmes dans le domaine) donc les auteurs ont certainement du faire des choix, mais la grande majorité des études qui composent la review ont été faites dans leurs pays respectifs, peut être que d'autres exemples de réintroduction soulignent des problèmes différents.
Cette review n’a pas pour but de répondre à la question de la possible réintroduction d'un prédateur mais plutôt de la restauration possible d'un écosystème suite à la ré-introduction d’un prédateur (ce qui est intimement lié, mais souvent étudié séparément dans les publications).
Il est utile de souligner qu’elle ne se base que sur les super-prédateurs de l’ordre des carnivores.
Cette publication suppose que la réponse à notre question ne peut être manichéenne « oui » ou « non », mais est dépendante de nombreux facteurs contexte-dépendants. En outre, la modélisation et la prédiction de l'évolution d'un écosystème suite à la réintroduction d'un prédateur, ne peut être possible que si les interactions multiples et complexes que peut avoir le prédateur dans cet environnement sont bien comprises.
Selon les auteurs, en s'appuyant sur des données concernant des prédateurs invasifs, il est plus important de se baser sur le rôle fonctionnel d'un prédateur que sur son origine pour étudier son rôle dans un écosystème.
Mais, cela peut soulever la question de savoir s'il est possible de réintroduire volontairement, des prédateurs ayant mêmes rôles biologiques mais une identité (taxonomique) différente des prédateurs natifs éteints ? Les études sur lesquelles les auteurs s'appuient sont réalisées sur le court terme, mais, est-ce qu'une espèce introduite,qui n'a pas co-évoluée avec cet environnement sera aussi apte à s'adapter à des changements environnementaux qui pourraient avoir lieu que l'espèce précédente ?
De plus, cette étude ne mentionne pas du tout la problématique de l'origine des animaux (parc zoologique par exemple).
Recent advances highlight the potential for predators to restore ecosystems and confer resilience against globally threatening processes, including climate change and biological invasions. However, releasing the ecological benefits of predators entails significant challenges. Here, we discuss the economic, environmental and social considerations affecting predator-driven ecological restoration programmes, and suggest approaches for reducing the undesirable impacts of predators. Because
the roles of predators are context dependent, we argue for increased emphasis on predator functionality in ecosystems
and less on the identities and origins of species and genotypes. We emphasise that insufficient attention is currently given to the importance of variation in the social structures and behaviours of predators in influencing the dynamics of trophic interactions. Lastly, we outline experiments specifically designed to clarify the ecological roles of predators and their potential utility in
ecosystem restoration.