L'écotourisme comme une menace pour les orchidées sauvages
La biodiversité est en train de décliner à travers le monde entier à cause des activités humaines. L’écotourisme est une des rares activités humaines dans les aires protégées et il est accompagné de nombreux impacts négatifs sur la biodiversité. Pour les plantes, ces impacts se traduisent par une diminution de la taille, la biomasse, du recouvrement végétal, la floraison et la reproduction. Peu d’études ont révélé les impacts directs ou indirects de l’écotourisme sur l’augmentation du risque d’extinction des espèces végétales. Cette review présente donc les principaux aspects de l’écotourisme qui pourraient contribuer à la perte d'un groupe végétal charismatique, les orchidées sauvages.
Les orchidées représentent le groupe le plus diversifié des Angiospermes, avec au total 10% des espèces de fleurs sur Terre. Facilement reconnaissable, diversifiés et possédant des interactions complexes avec d’autres espèces végétales ou animales, les orchidées possèdent ainsi des valeurs de conservation très élevées. L’endémisme est très important et les relations avec les pollinisateurs se réduisent souvent à un seul groupe d’espèce, ce qui sensibilise les orchidées face aux pressions de collecte, de destruction des habitats et de présence d’espèces invasives.
Les menaces directes pèsent principalement avec la collecte d’orchidées sauvages et la dégradation des habitats par la circulation des touristes (randonnée, vélo, cheval). La création de nouvelles routes et chemins contribue au risque de découvrir de nouveaux sites de collectes d’orchidées sauvages. La collecte illégale d’orchidées est une grande menace malgré les statuts de conservation importants de l’UICN. La destruction des habitats pour la construction, l’exploitation minière, l’agriculture et l’urbanisation est aussi une menace majeure pour les orchidées à travers le monde. Cela est particulièrement important dans les zones tropicales avec des fortes densités de forêts. Les routes sont par exemple une des menaces qui pèsent sur les espèces d’orchidées australiennes à cause de leur construction, leur entretien ou encore l’utilisation de pesticides pour le désherbage. Enfin, le piétinement des orchidées lié aux activités de loisir de pleine nature représente un dommage direct des activités d’écotourisme.
De façon plus indirecte, l’écotourisme participe également à l’augmentation des régimes de feu, des activités des animaux domestiques et d’élevage, la diminution des pollinisateurs, le changement des sols et d’hydrologie. Les touristes menacent indirectement les orchidées à cause de l’introduction de graines d’espèces invasives sur leurs vêtements, les équipements et véhicules, mais aussi pour la végétalisation des golfs. Ils introduisent également des pathogènes tels que des spores de champignons qui vont engendrer des maladies. À cause des déplacements des touristes en avion, voitures et autres véhicules, et des émissions liées à la construction d’infrastructures d’hébergement et de services pour les écotouristes, l’écotourisme participe également au réchauffement climatique qui menace les orchidées y compris dans les aires protégées.
Selon les auteurs, il est nécessaire d’inclure des mesures de gestions dans les aires afin de réduire les impacts directs et indirects de l’écotourisme. Ces mesures peuvent être :
Finalement, les impacts de l’écotourisme sur les orchidées sont à relier directement avec les impacts de l’écotourisme sur les plantes et les écosystèmes de façon générale.
Cette review se base sur des références légitimes issues d'études pertinentes qui regroupent un grand groupe d'espèces d'orchidées, et des extensions à d'autres types de végétaux. Les méthodologies employées ne sont pas forcément standardisées ce qui implique des efforts en termes de surveillance et d'échantillonnage pour la suite.
Cette review nous apporte donc une vision plus holistique des impacts de l'écotourisme sur les plantes terrestres. Nous avons encore une fois la preuve que l'écotourisme, sans mesure de gestion, est un poison pour la diversité végétale de notre planète. Cependant, la mise en place de sites d'écotourisme n'est pas la seule menace pour la biodiversité : ce sont également les comportements des écotouristes qui engendrent des dégradations et disparitions d'espèces. On peut donc soulever l'importance des comportements dans les aires protégées et se demander si ce n'est pas le lien homme-nature qui engendre tant d'impacts dans les sites écotouristiques. Si ce lien est fort, les impacts négatifs pourraient être réduits en amenant à des bons comportements et à des mesures de gestions plus efficaces de la biodiversité pouvant la conserver d'une meilleure façon.