L’empathie en tant que facteur de comportement prosocial : mécanismes neurocomportementaux hautement conservés d’une espèce à l’autre
L’empathie est un phénomène qui relie les individus et qui a beaucoup retenu l’attention des sciences et du grand public. On pense généralement que l'empathie façonne notre vie sociale en motivant des comportements prosociaux, en inhibant l'agression et en facilitant la coopération entre les membres d'un même groupe social. Le but de cet article est de fournir une perspective sur les mécanismes sous-jacents à l'empathie et sur la manière dont ces mécanismes favorisent la prosocialité envers d'autres congénères. Dans l'article il est mis en avant que l'empathie est une capacité commune aux humains et à de nombreux autres animaux, qui a principalement évolué pour prendre en charge une gamme de comportements prosociaux, allant des soins parentaux à d'autres forme de comportements d'entraides. Toutefois, les auteurs tiennent à noter que tous les comportements prosociaux ne sont pas motivés que par l'empathie, et qu'il peut y avoir d'autres sources aux comportements prosociaux.
Le terme «empathie» est utilisé dans la littérature pour désigner un ensemble de phénomènes hétérogènes. Il est considéré ici l’empathie comme un processus d’induction reflétant une capacité innée à percevoir et à être sensible aux états émotionnels des autres, qui peut être, mais ne l’est pas nécessairement, associée à une motivation pour prendre soin de leur bien-être. Cette définition minimale permet d’examiner à quel point l’empathie et ses conséquences potentielles (telles que l’aide ou le réconfort) sont présentes chez toutes les espèces, ainsi que les mécanismes neurobiologiques du comportement qui sous-tendent son fonctionnement chez de nombreuses espèces. La capacité de percevoir et de répondre avec soin à la souffrance et à la détresse des autres découle de circuits sous-corticaux évolutifs anciens (tronc cérébral, amygdale, hypothalamus et ganglions de la base) et de mécanismes neuro-hormonaux associés à la sensibilité affective, à l'attachement et aux soins parentaux. Les mères qui étaient douées pour détecter de tels signaux continuèrent à élever davantage de progénitures survivantes et on donc favorisé des comportements prosociaux (exemple retrouvé chez les mammifères et chez les oiseaux). Le comportement prosocial fait référence à toute action d'un organisme visant à atténuer les besoins d'un autre ou à améliorer son bien-être et est omniprésent dans tout le règne animal. L'empathie joue un rôle essentiel dans la promotion du comportement prosocial. Les auteurs proposent un modèle de processus dans lequel plusieurs étapes distinguent l'événement initial nécessitant une aide et l'aide réelle fournie. Selon eux, l'empathie est le principal mécanisme qui motive un comportement prosocial à l'égard d'individus dans le besoin. Être témoin de la détresse d'autrui (étape 1) peut entraîner une excitation affective combinée à une réponse de stress physiologique (étape 2). Le cas échéant, une impulsion prosociale est déclenchée (étape 3), laquelle, selon le contexte, peut conduire à un comportement prosocial. Tandis que l'empathie et le comportement prosocial envers les membres du groupe augmentent l'épanouissement et la survie du groupe, ces comportements peuvent être inadaptés lorsqu'ils se manifestent à l'égard de membres d'autres groupes sociaux, en particulier dans des situations où les ressources sont limitées. Ainsi, la réponse empathique a évolué pour devenir très sélective et est modulée par le contexte social. L'empathie est souvent considérée comme une capacité cognitive complexe spécifique à l'homme. Cependant, des recherches théoriques et empiriques démontrent que même les formes les plus avancées d’empathie chez l’homme reposent sur des processus neurocomportementaux plus rudimentaires qui ont été sélectionnés au cours de l’évolution pour faciliter la communication affective, l’attachement social et les soins parentaux.
Aucun des auteurs n’a d’intérêts concurrents.
L'empathie a évolué dans le contexte de la garde parentale pour la progéniture, ainsi que dans le cadre des liens de parenté, pour faciliter la vie en groupe. Cette capacité à faire preuve d'empathie, induit un comportement prosocial lorsque la sensibilité à la détresse d'autrui est associée à une volonté de parvenir à leur bien-être. La prise de conscience qu'il existe des formes fondamentales d'empathie chez les animaux non humains peut permettre de mieux comprendre les mécanismes neurobiologiques et génétiques sous-jacents. Cette revue met en avant que l’empathie chez l’homme reposent sur des processus plus rudimentaires qui ont été sélectionnés. Toutefois, les auteurs mettent en avant que tous les comportements prosociaux ne sont pas forcément motivés par l'empathie, et qu'ils peuvent avoir d'autres sources. Ainsi, cette revue nous permet d'entrevoir une partie de notre controverse, qui est que l'empathie n'est pas nécessairement le moteur de comportement d'entraide.
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Empathy reflects the natural ability to perceive and be sensitive to the emotional states of others, coupled with a motivation to care for their well-being. It has evolved in the context of parental care for offspring, as well as within kinship bonds, to help facilitate group living. In this paper, we integrate the perspectives of evolution, animal behaviour, developmental psychology, and social and clinical neuroscience to elucidate our understanding of the proximate mechanisms underlying empathy. We focus, in particular, on processing of signals of distress and need, and their relation to prosocial behaviour. The ability to empathize, both in animals and humans, mediates prosocial behaviour when sensitivity to others' distress is paired with a drive towards their welfare. Disruption or atypical development of the neural circuits that process distress cues and integrate them with decision value leads to callous disregard for others, as is the case in psychopathy. The realization that basic forms of empathy exist in non-human animals is crucial for gaining new insights into the underlying neurobiological and genetic mechanisms of empathy, enabling translation towards therapeutic and pharmacological interventions.