La mortalité due à la chasse s’ajoute-t-elle ou compense-t-elle la mortalité naturelle ? Les effets d’une expérience de chasse sur la survie et les causes de mortalité des lagopèdes.
Cet article tente de comprendre la relation entre mortalité naturelle et mortalité due à la chasse : ces deux mortalités sont-elles additives ou se compensent-elles ? Une hypothèse de compensation est envisageable si l’on considère que la mortalité due à la chasse permettrait de réduire la densité en individus, d’en réduire la compétition et donc de diminuer la mortalité naturelle.
Pour comprendre la relation entre ces deux types de mortalités, les auteurs ont réalisé un suivi d’une population de lagopèdes (Lagopus lagopus) en Norvège par colliers-radios et par comptage le long de transects . Ils ont divisé l’aire totale en 5 zones qu’ils ont étudiées entre 1996 et 1999. Dans chacune d’entre elle était chaque année imposé un des trois traitements suivants :
Après avoir vérifié les différents effets des sexes ou de l’âge, les auteurs ont regroupé tous les individus pour estimer leur survie en fonction du quota de chasse autorisé. C’est ainsi l’hypothèse de compensation partielle de mortalité qui a été retenue. Elle prédit que la compensation augmente pour des taux de mortalité due à la chasse plus faible mais que s’ils sont trop élevés, la mortalité due à la chasse devient additive. Ainsi, la survie annuelle globale des lagopèdes diminue lorsque l’intensité de la chasse augmente. Néanmoins, la mortalité naturelle diminue dans un premier temps lorsque l’intensité de la chasse augmente de 0 à 15% puis se stabilise lorsque celle-ci augmente à 30%. Il y a donc de la compensation pour des faibles intensités de chasse et de l’additivité pour des grandes intensités. Les auteurs considèrent que 15% pourrait être un bon seuil à ne pas dépasser dans les plans de chasse pour les lagopèdes.
L’article est bien rédigé, clair et concis. Cette étude semble rigoureuse.
L’article montre que la mortalité due à la chasse n’est pas nécessairement un coup porté à la biodiversité mais pourrait, sous certaines conditions, être compensée en réduisant la densité et donc la mortalité naturelle de l‘espèce chassée. Néanmoins, cela n’est pas le cas dans toutes les populations exploitées et ne fonctionne pas, dans le cas des lagopèdes, avec des intensités de chasse trop élevées. L’article suggère même la possibilité d’une surcompensation, permettant d’augmenter la survie globale d’une population chassée par rapport à la même population non chassée. Néanmoins, les exemples réels sont quasi-inexistants.
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