L'impact des touristes sur le comportement, le stress et les dépenses énergétiques du lion Panthera leo
L’écotourisme est considéré comme un moyen substantiel d’offrir des bénéfices à la conservation de la biodiversité tout en procurant des bénéfices économiques aux localités. Cependant, ce n’est que récemment que l’impact de l’écotourisme sur la biodiversité a commencé à être étudié. Au même moment, les impacts du tourisme via des effets néfastes sur la physiologie, la morphologie ou les comportements (diminution de la taille, de la condition corporelle, la santé, de la survie, du taux de survie, apparition de nouvelles maladies, modification des comportements alimentaires et des mouvements face aux perturbations, augmentation du stress etc.) pouvant réduire la fitness individuelle et les populations sont apparues, suggérant que l’écotourisme était loin d’être sain pour la biodiversité. Ainsi, cet article s’intéresse au stress, aux réponses physiologiques et au coût énergétique d’une espèce sauvage africaine, le lion (Panthera leo L.) en réponse à la présence d’écotouristes.
Six lions réintroduits dans le Parc National Addo Elephant ont été équipés de collier radio et ont été suivi de façon journalière entre 2003 et 2005. Les lions ont été habitués au véhicule des rangers, et les observations se faisaient à minimum 15m de distance. En présence de touristes, le comportement des lions était suivi ainsi que le rythme respiratoire. Les différences de fréquence de chaque comportement ont été testées. La mesure du rythme respiratoire permet de mesurer indirectement l’expansion énergétique en comparant les différents comportements et la respiration associée. Un modèle statistique a ensuite permis de modéliser le nombre de respiration par minute en fonction de la présence d’écotouristes.
Le coût énergétique du comportement des lions augmente avec la présence de touristes, il se traduit par une augmentation de la fréquence de courts déplacements et de relevés. Les lions sont donc plus relaxés lorsque les touristes sont absents. La respiration des lions est plus rapide en présence des touristes, et le modèle statistique le confirme. Cela est donc un indicateur de stress qui correspond à l’impact des perturbations liées à l’écotourisme. Une bonne solution pour lier l’écotourisme et minimiser l’impact sur les lions, serait d’obliger les touristes à rester uniquement sur les routes existantes pour éviter les déplacements des lions vers des zones plus protégées au sein du parc, induisant un réel coût énergétique.
Les auteurs précisent que leurs résultats sont surement sous-estimés par rapport à d’autres réserves. En effet, le parc Addo a un faible taux de touristes et également un fort couvert forestier par rapport à d’autres sites d’écotourisme africains, ce qui permet un refuge plus important pour les lions.
Cet article nous montre une nouvelle fois l’impact négatif que peut avoir l’écotourisme sur la biodiversité. L’écotourisme va induire un stress chez les lions uniquement dû à la présence des touristes. Les auteurs proposent également des mesures de gestions des parcs plus importantes avec des restrictions de déplacements des touristes pour éviter la perturbation des populations sauvages.
Cette étude est à nuancer, car elle utilise peu d’individus et des biais d’accoutumance des lions peuvent être mis en jeu. Dès lors, on peut avoir donc une sous-estimation des impacts réels de l’écotourisme sur les populations sauvages, et ce particulièrement en termes de fitness et de dynamique de population.